lundi 14 octobre 2024

Sur la langue du Dragon : résumé de la partie du 24/09/24 (Terre Seconde)

 


      Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 24 septembre dernier, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table. 


Darius de Stelelor contemplait sans comprendre les cartes étalées devant lui. Lorsque Minhéa la Vile lui avait donné cet exemplaire des Noji, ces lames de tarot provenant des tréfonds du Monde Chtonien, elle lui avait longuement expliqué comment analyser les prédictions qu'elles donneraient. Il savait que c'était un objet créé par un peuple deux fois damné, au pouvoir immense mais capricieux et retors...

Mais même en tenant compte de cela, quel sens donner à ce galimatias silencieux, porté par des cartes muettes, dispersées sur la table de bois à laquelle il était assis, leurs figures grimaçant étrangement à la lumière de l'âtre? Le bois craquait comme si un démon y battait ses enfants... et il avait beau être seul, il ne pouvait se départir de la sensation d'être observé par ces cartes comme lui-même les observait.

-Reprenons, dit-il pour lui-même. Les pécores du village m'ont tous parlé des voyageurs arrivés ce matin. Ce sont certainement ces fous qui espèrent échapper à la Maladie du Roi Ixiom que Mère cherche à tous prix. S'ils ont marché toute la nuit en quittant Mare Frigă, ils se sont forcément arrêtés ici. Mais où?

Pour toute réponse, le tarot lui proposait la Dame des Chiffres,
la Dame des Silences et l'Infâme des Larmes. 










Ils étaient donc dans un lieu où se trouvaient la réponse à leurs questions sous forme écrite et couraient en ce moment vers la réalisation de leur souhait qui était également pour eux un piège.

-Si je comprends bien, ils ont dû trouver refuge dans la Maison aux Tilleuls et y trouver l'avertissement qui pourra peut-être les sauver du piège qui les attend à la Cathédrale St-Vladimir marmonna Darius en regarda la Lune par la fenêtre, qui se découpait entre les tours de la forteresse où il s'était arrêté. Si toutefois ils arrivent à Predeal un jour...

Sa mère Ovidia semblait le redouter, puisqu'elle lui avait ordonné de les intercepter à tout prix! En tous cas, la Maison aux Tilleuls, ancienne demeure des Prostia et origine de la Maladie du Roi Ixiom, était pour la Garde de Fer un lieu sacré et inviolable. 

C'était peut-être ce qui les avait incités à y trouver refuge. Peut-être sans le savoir ou tout simplement vaguement guidés par le Voievod, ils étaient arrivés dans l'unique endroit où étaient écrites les deux règles qui avaient permis au peintre Liviu, créateur du Retable de St-Vladimir, de guérir de la Maladie du Roi Ixiom sans finir dévoré par le Dragon.

"Dracul este Iadul şi Iadul este Dracul" comme disait le peuple. Le Dragon est l'Enfer et l'Enfer est le Dragon. La gueule du Dragon... ou du Diable, comme disaient les chrétiens, n'est autre que cet Enfer souterrain qui parfois apparaît aux Daces, depuis la malédiction du pays.

-Avez-vous maintenant compris que Iadul est l'essence du Dragon et que votre maladie est un cycle par lequel il se nourrit d'âmes mortes, à la fois prisonnier et tout-puissant? dit-il à haute voix, comme s'il s'adressait aux aventuriers damnés.

Il s'était demandé ce qu'ils faisaient dans cette demeure en ce moment... et la réponse était particulièrement étrange : le Vampire, la Sorcière et la Curée.





 

 

L'un d'entre eux s'était transformé en dévorant un peu de l'essence d'un autre... un gobelin, apparement? Il pensa aux Darask, ces répugnants petits gobelins  verdâtres. Était-il devenu vert à son tour, le malheureux? La Maison aux Tilleuls recelait bien des maléfices nés des âmes tourmentées des spectres qui y sont prisonniers.

Il y avait plus important, sans doute :
l'Écuyer des Chaînes, le Roi des Silences et l'Infâme des Silences.





L'un d'entre eux ou plutôt l'une d'entre eux - une sorcière élémentaliste apparemment? - avait revêtu des habits qui volés dans la demeure. Ceux de Luminiţa Prostia sans doute? Elle avait ouvert Iadul et s'était noyée dans la salive du Dragon... Il imagina une eau noire et glacée engourdissant la petite sorcière, sans doute hydromancienne. 

 Mais s'il fallait en croire les cartes, cette jeune femme a fait avec jubilation ce pas supplémentaire vers sa propre damnation. Plus proche encore que les autres damnés du Dragon, elle peut désormais faire appel à sa sorcellerie, grâce aux âmes prisonnières d'autres sorciers hydromanciens comme elle.  


-Croit-elle pouvoir se rapprocher du Dragon sans être dévorée? se demanda Darius en tirant trois dernière cartes.

 


La Maternelle des Épées, l'Archiviste et la Voyageuse de Sang : cela annonçait un bouleversement radical, quelque chose qui allait s'opposer à cette eau ténébreuse dans laquelle la petite sorcière semblait se noyer avec bonheur... le feu! 

Allaient-ils donc incendier la Maison aux Tilleuls? Ce faisant ils renonceraient à une aide... une complicité locale sans doute, de la part d'un villageois horrifié par leur acte?


C'était inouï et pourtant il ne put s'empêcher d'aller à la fenêtre pour vérifier. Cette lueur rouge aux pieds des Muntii Singurii, était-ce...?

-Domnia voastră! s'écria l'un des Chevaliers-Vampires qui l'avaient accompagné à Chipul Mamei en entrant en trombe dans la salle. La... La Maison aux Tilleuls!

-Eh bien quoi, la Maison aux Tilleuls? s'impatienta brusquement l'aristocrate, chez qui ce nom ne pouvait que résonner particulièrement fort en cet instant.

-Elle... Elle brûle! dit finalement le Vampire, qui pourtant ne pouvait pas être essouflé, comme saisi par une réminiscence des terreurs qui jadis donnaient la chamade à son coeur de mortel.

Darius de Stelelor reporta son attention sur les lames déposées devant lui sans répondre. Ainsi le feu s'était bien réalisé?

-En selle! ordonna le revenant en se levant. Je veux la Maison cernée! Ceux qui ont bouté le feu ne doivent pas pouvoir en ressortir!

En partant, il repensa à l'Archiviste, seule carte restée incomprise. Elle représentait un démon chtonien vénéré par le peupel qui avait créé le tarot : l'Ombrageuse Enfant. Quel rapport ici? Quel lien obscur avec le Dragon?

jeudi 12 septembre 2024

Pas une seule larme, pas un seul cri : résumé des parties des 3 et 10/09/24 (Terre Seconde)


      Le texte qui suit est un court résumé des parties du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) des 3 et 10 de ce mois, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.

Extrait du journal de Minhéa la Vile du 27 mai de l'an 634 de la Chute


    Les voilà enfin sur la terre du Pays Maudit... mais jamais je n'eusse imaginé qu'un Seigneur des Abysses se montrerait un jour dans ma boule de cristal! Voir apparaître Rezets s'adressant aux compagnons de son rejeton fut à la fois terrible et presque anodin, tant son apparence native - celle d'une petite paysanne délurée - semble éloignée de sa vraie nature, toute entière de maléfices et d'infamie.

    Ainsi c'est lui... ou plutôt ça qui engendra Sisyphe et lui conféra cette affinité avec le peuple muride. À cela s'ajouta une révélation peut-être plus étrange encore : Mélichéra, sa mère morte à sa naissance et déchiquetée par les rats, n'était pas humaine mais sélénite, qui plus est de sang divin

    Hybride de divinité sélénite et de démon? Voilà qui défie toute probabilité! Ajouter foi aux propos d'un Seigneur des Abysses peut sembler inepte, mais une chose est certaine : Rezets a demandé aux compagnons de Sisyphe de protéger son rejeton, en dépit de toutes les tentations contraires.  

    Bon an, mal an, les voilà arrivés à Chipul Mamei, avec la Garde de Fer sur les talons, menée par le cruel Darius de Stelelor, ce chasseur d'âmes, ce veneur des infamies. 

    Ils ont vu le visage de la mère sculpté par la pluie et le vent sur la roche sacrée de la fontaine, le calice d'or incrusté de pierres précieuses qui rend magique l'eau qu'on y boit, les deux croix sur lesquelles sèchent deux peaux humaines écorchées... "Sa Seigneurie Darius de Stelelor hait les voleurs plus que tout", comme leur a expliqué Bogdan, un berger du coin. En effet, le vampire - de son vivant fils du Voievod Dinu de Stelelor - a ordonné qu'on supplicie le marchand avec le voleur qui lui avait subtilisé sa bourse, afin de châtier de sa cupidité  l'infortuné commerçant, à qui Darius lui avait rendu plus d'or qu'il ne lui avait été dérobé et qui avait omis de le signaler. Quoi qu'il en soit, Bogdan les a accuilli dans sa modeste ferme, qui jouxte la fameuse Maison des Tilleuls, petit manoir abandonné où vivait jadis la famille de Sorin Prostia, l'orfèvre et surtout "seul lieu que la Garde de Fer n'ose visiter".

    Les Munții Singuri s'élevent au sud du village comme une forteresse inexpugnable et c'est là que les montagnards narguent l'autorité du Roi Raluc en pratiquant toujours l'ancienne foi. C'est là que les sept aventuriers espèrent trouver de l'aide, car Roxanna de Stelelor, la fille rebelle du Voievod, y aurait trouvé refuge. J'ignore si c'est vrai... nous verrons bien!

    Danaë semble avoir séduit Costinel, l'un des deux fils de Bogdan. Malgré les réticences de Costin, son frère jumeau, il s'est fait fort de les guider dans les Munții Singuri à la rencontre des insoumis qui y vivent. L'arrivée de la Garde de Fer qui fouillait méthodiquement les maisons les a forcés à remettre cette idylle à plus tard : Costin les a incités à fuir dans les jardins de la Maison aux Tilleuls tout en leur donnant rendez-vous à l'aube suivante, afin de les conduire dans les montagnes. 

    À minuit est apparue Luminița Prostia, ou plutôt son fantôme, avec la clef d'argent autour du cou... ses yeux et ses lèvres cousues par son père.


     Ses propos ont dû paraître fort énigmatiques à mes intrépides voyageurs, mais j'ai tant appris grâce à eux! 
 
    C'est donc en cette demeure que mourut Liviu, le fameux peintre d'icônes rendu misérable par la cécité. S'ils savaient que parmi les ossements que Morgon et Neïa ont touchés il y avait ceux du peintre du fameux retable de la Reine Étérina!
 
    À ma connaissance, Liviu est l'un des tous premiers à avoir contracté la maladie du Roi Ixiom et fut peut-être le seul à avoir vaincu la malédiction à sa manière... pour prix de ses yeux et sa langue, toutefois. 
 
    Cruel destin, pour un si grand artiste, ayant côtoyé le Roi Ixiom et la Reine Étérina de leur vivant, de fnir sur les routes comme un vulgaire cheminot, avant d'être assassiné par Sorin et l'épouse de celui-ci, lesquels convoitaient la dague et la clef d'argent qu'il portait... 
 
    Ce meurtre ne leur a manifestement pas porté chance. S'il faut en croire les manifestations ectoplasmiques de leur demeure, Sorin est devenu fou après le suicide de son épouse. C'est lui qui cousit les lèvres et les paupières de sa malheureuse fille, afin de lui faire respecter deux mystérieux commandements : Pas une larme, pas un cri. 
 
    Savait-il, l'imbécile, que ces deux règles ne leur seraient d'aucun usage, car elles s'adressaient aux victimes de la maladie du Roi Ixiom, tels que Liviu? Sans doute le spectre de Liviu hante-t-il encore la Maison aux Tilleuls. Cette soudaine démence tortionnaire de Sorin Prostia ne fut sans aucun doute qu'une vengeance posthume du peintre. 

    Étrangement, l'un des trois Prostia défunts a laissé une trace de cet avertissement en le gravant sous une forme menaçante sur la pierre de l'âtre sous laquelle le corps de Liviu et ses trésors avaient été enterrés :  


Pas une seule larme
Pas un seul cri
Ou le Dragon te dévorera
Ou l'Enfer t'emportera
 
    Je me demande si mes sept aventuriers sans scrupules saisiront toute la portée de cette étrange objurgation?

   


mardi 3 septembre 2024

伊藤潤二先生に捧ぐ


 

Hommage à Junji Ito, mon mangaka préféré. 

C'est aussi une illustration

pour le jeu de rôle Terre Seconde

www.terreseconde.fr 

jeudi 22 août 2024

Huit à l'entrée, sept à la sortie : résumé de la partie du 19/08/24 (Terre Seconde)


      Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 19 août dernier, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table. 


    Livides et puants encore des remugles glanés malgré eux dans leur pérégrination souterraine, les compagnons avaient les yeux baissés. Assis au bord du fossé où se déversaient les eaux sales de Mare Frigă, ils reprenaient leur souffle et luttaient contre une irrépressible envie de vomir.

    L'aurore éclairait à peine le chemin devant eux. Ramona avait été claire : poursuivre vers l'est, face au Soleil qui se levait paresseusement.

    -Chez moi, on dit que le Soleil est l’œil de Dieu, murmura Neïa, son visage baigné de larmes qui creusaient des sillons clairs sur sa peau noircie par la crasse des égouts.

    -Si seulement c'était vrai, nous pourrions espérer qu'Il n'ait rien vu de ce qui s'est passé, rétorqua Danaë d'une voix sombre.

    Neïa se mit à sangloter, blâmant sa propre faiblesse : contrairement à Médard, elle avait accepté l'aide du démon pour sauver sa vie... sa pauvre vie, déjà menacée par cette malédiction que le Voievod Dinu avait appelé boala regelui Ixiom ou "la maladie du Roi Ixiom". Danaë la Capitaine, si droite et si courageuse d'ordinaire, avait elle aussi accepté cette hideuse compromission avec les forces des ténèbres. Seul l'écornifleur, le truand, le tricheur avait sauvé son âme en opposant au démon un refus catégorique, condamnant ainsi son existence terrestre.

    -Neïa, arrête de te battre la coulpe, intervint Tertius, posant une main maladroite sur l'épaule de la jeune sorcière. Ce n'était pas un démon ordinaire, tu sais. Xollol nous a dit que c'était un... un...

    -Un Knïaz, dit le mage. Un Seigneur des Abysses, si vous préférez.

    -Voilà! Chez les démons c'est une sorte de prince, vois-tu... Nous ne pouvions pas lutter.

    -D'ailleurs, n'ayez crainte, reprit Xollol. Aucun pacte n'a été noué. Accepter l'aide d'un démon ne lie pas en soi vos âmes à lui, même si c'est un Knïaz. J'imagine que nous n'en avons pas fini avec ça, mais nos âmes ne sont pas damnées pour autant.

    -Pas par ça, en tous cas, dit Kim dans un souffle.

    -Et puis, pense à l'Ange que nous avons vu emporter l'âme du voleur! dit Arulo.  Si un roublard tel que lui peut être sauvé, alors vous aussi, non?

    Cette idée parut calmer Danaë et Neïa, les deux seuls âmes chrétiennes du groupe, à présent que Médard n'était plus. Xollol n'osa pas ajouter qu'en réalité, cette vision d'un ange n'était qu'un ultime artifice de l'illusionniste. Aucun être céleste n'était venu prendre l'âme du voleur par la main pour la conduire au paradis des justes. Son corps déchiqueté par la créature tentaculaire qui avait bien failli emporter Tertius était la dernière véritable image que laissait derrière lui ce pauvre Médard.

    -Et l'autre qui ronfle toujours! reprit la Capitaine, en donnant un coup de pied au corps de Sisyphe, étendu dans l'herbe.

    -Je n'arrive pas à croire que tu l'aies si profondément endormi, dit Neïa à Xollol en séchant ses larmes.

    -Il est plus supportable comme ça, en tous cas, ajouta Kim en nettoyant la lame de sa hache fétiche.

    -On voit que ce n'est pas toi qui a dû le porter! grogna Danaë en s'étirant.

    -Plutôt crever! répliqua Kim. Les Gryzn voulaient le dévorer, je leur aurai bien volontiers laissé le morceau!

    -Et raté la tête qu'il va faire? demanda Arulo.

    Kim interrogea le gobelin du regard. Sisyphe, quant à lui, commençait à reprendre peu à peu conscience.

    -Je veux dire... murmura Arulo, quand il saura qui nous avons rencontré, pendant qu'il dormait.

    Kim eut un sourire en y songeant, mais proposa :

    -Mais est-ce une bonne idée de lui en parler?

    -En partie, au moins, dit Tertius.

    -Rien ne nous oblige à lui révéler ce que nous savons maintenant sur sa mère et ses origines, ajouta Arulo.

    -S'il savait
que lui et moi avons maintenant quelque chose en commun! ricana Kim.

    -Savoir lui fera peut-être encore plus de mal, dit Xollol, d'une voix gourmande.




mardi 20 août 2024

Quatrième de couverture


 

Première de couverture


 C'est la couverture du petit livre 

que nous destinons à notre fils adoptif, 

racontant l'histoire d'un hibou et d'un renard

qui adoptent un écureuil :

"Quelle famille!"

jeudi 1 août 2024

Cina Finală : résumé de la partie du 30/07/24 (Terre Seconde)

 

      Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 30 juillet dernier, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table. 


    La noce était enfin terminée. Dehors, les Strigoï de la Garde de Fer achevaient les agapes à leur manière... L'aube allait bientôt se lever mais Ovidia de Stelelor ne voulut pas tout de suite retrouver la torpeur qui imitait si bien le sommeil, moins les songes.

    La veille, son époux le Voievod Dinu de Stelelor avait accompli le rite des épousailles pour unir la fille de Domnul Puscas à son promis, avant de s'éclipser, sans doute pour aller implorer le pardon du dieu crucifié, comme si son âme à tout jamais damnée était encore à portée du salut divin.

    Lors de l'Ultime Souper, Ovidia avait bu comme lui au calice tendu par Sa Majesté, mais elle l'avait fait sans y être contrainte. Elle était entrée bravement dans la nouvelle ère et la chapelle du château n'était plus pour elle qu'un lieu quelconque, encombré des symboles absurdes de l'ancienne foi.

    Mais pour Dinu, c'était une sorte de boudoir triste, consacré à l'auto-flagellation où il pleurait devant les icônes, versant d'inutiles larmes de sang devant l'image ce celui qu'il considérait encore comme le Sauveur. Elle avait souvent menacé mettre le feu à cette chapelle, sans jamais oser le faire.

    Il était là, évidemment, torse nu et couvert de son propre sang, à genoux et les bras en croix devant une icône de la Vierge. Il se releva en reconnaissant son pas. Elle brandit sous ses eux les deux dagues en argent que les bouffons de la veille lui avaient remises :

    -Regarde! Ce sont les dagues d'Igord.

    Mais Dinu ne montra aucun étonnement, et pour cause :

    -Je sais, ils m'en ont montré deux autres hier soir, quand tu perdais ton temps dans ces noces turpides, parodie macabre d'un sacrement.

    Ovidia ne lui ferait pas le plaisir d'avoir l'air décontenancée, aussi reprit-elle aussitôt :

    -Ils m'ont servi un conte absurde au sujet de je ne sais quel complot... Mais ces dagues sont bien celles d'Igord de Câmpie!

    Parmi les Voievods du Pays Maudit, Igord de Câmpie était connu pour son amour des poisons et ses dons d'alchimiste. Ses dagues en argent liées au Dracul faisaient sa fierté et étaient connues de tous... et n'imaginait pas cette meute de branquignoles capable de les lui dérober!

    -Je sais, poursuivit Dinu. Ils ont dit avoir reçu ces dagues dans leur sommeil, en même temps que la
Maladie du Roi Ixiom.

    -Ils en sont porteurs?

    -Quatre d'entre eux, en tous cas. Assez proches de muter, d'ailleurs. J'ai entamé la peau de l'un d'entre eux d'une simple estafilade et l'oeil rouge du parasite est aussitôt apparu sous la peau. Leur salut serait dans le retable de la Basilique Saint-Vladimir.

    Ovidia et Dinu échangèrent un regard exprimant pour une fois la même émotion : ce retable indestructible, qui réapparaissait toujours dans la Basilique en ruines, lieu où jadis les Rois de la Dacia Felix se faisaient couronner, avant la malédiction, malgré tous les efforts des uns et des autres pour le détruire ou le déplacer, était pour tous les Voievods et même pour le Roi une terrifiante énigme. Imbu de la magie du dieu crucifié, il semblait être l'indestructible souvenir de l'ancienne foi et pourtant,  il était aussi indissolublement lié au Dracul.

     -Je les envoie demain sous bonne garde à Aghast, reprit Ovidia. Ils m'ont demandé d'eux-mêmes une escorte, les imbéciles! Je ne me suis guère fait prier.
 
     -Oh non, répliqua Dinu. Ils sont partis cette nuit, par les égoûts. Ils doivent être loin, maintenant.
 
     Voilà pourquoi il n'avait montré aucune surprise! Ovidia maîtrisa l'envie qui lui venait de coller le visage de son époux contre les icônes qu'il chérissait tant mais dont le contact le consumait. Dinu la considérait avec cette triste indifférence, ce qui était son humeur quasi-permanente depuis plus d'un siècle maintenant.
 
     -Tu les as mis en garde contre moi, j'imagine? Et c'est la petite Ramona qui leur a indiqué comment sortir de Mare Frigă  par les égoûts?
 
     -Elle leur a même donné une lanterne, acquiesça Dinu, pourtant sans la moindre nuance de défi dans la voix.

    -J'imagine aussi que tu leur as aussi parlé du Dracul et de son lien à ces dagues? soupira Ovidia.

    -Bien entendu, répondit Dinu. Je leur ai parlé du Dracul ou de l'Hôte ou de l'Ancêtre... peu importe le nom qu'on lui donne, du dragon mystérieux que Raluc est parti chercher dans l'archipel des Vermili et dont nous fûmes condamnés à boire le sang. Je leur ai même dit qu'il était alors guidé par la noble intention de protéger son royaume sans avoir à faire couler le sang des vivants. Je leur ai même révélé le nom de l'Hôte : Suryavarman.

    Ovidia ne put masquer un rictus en entendant ce nom qui en parler-dragon signifiait "protégé du Soleil", mais poursuivit d'un ton anodin :

    -Bah, cela devait leur être familier, non? Ils sont vermiliens d'après leurs dires. Ils connaissent forcément l'Île impériale infestée de revenants et la nécropole de Douaït, l'ancienne cité de la dynastie des Draco qui régna sur leur pays. Ils devaient seulement ignorer que l'Hôte n'est plus dans la nécropole et que son pouvoir a été transporté jusqu'ici par Sa Majesté...

    -Dieu seul sait comment, conclut Dinu avec un sourire narquois.

     Ovidia ne répondit rien mais sur ce point son époux avait raison : nul ne savait comment le jeune Prince Raluc Scarabaë, alors fringuant jeune homme au seuil de la vie, avait... rapporté - faute d'un meilleur terme - avec lui des Vermili l'Hôte et son pouvoir, pour initier son règne, long maintenant de plus d'un siècle.
 Mais nul ne pouvait contester la présence de l'Hôte dans la terre du Pays Maudit.
 
     Partout et parfois même au-delà des frontières du Pays Maudit s'ouvraient ces passages souterrains vers ce monde intermédiaire entre le monde des morts et des vivants. Le peuple l'appelait Iadul, c'est-à-dire  "l'Enfer". On murmurait que descendre ces escaliers qui apparaissaient n'importe quand et n'importe où, souvent sous les maisons du Pays Maudit mais parfois en pleine forêt, c'était en fait marcher sur le corps de l'Hôte. "Iadul este Dracul şi Dracul este Iadul" disait-on: "l'Enfer est le Dragon et le Dragon est l'Enfer".
 
     Ovidia tourna les talons, décidée à envoyer la Garde de Fer aux trousses de ces mauvais drôles que son époux semblait vouloir aider. Il fallait faire vite, avant qu'ils atteignent les Munţii Capuşeni, où les bergers réfractaires à l'autorité seigneuriale et surtout cette maudite Roxana, sa propre fille, avait trouvé refuge, car elle se doutait que Dinu lui avait envoyé ses nouveaux protégés. Eh bien elle enverrait leur fils, Darius, à leur poursuite, puisque lui au moins tenait d'elle plutôt que de son couard de mari!
 
    Laissé à sa solitude mélancolique, Dinu songea à ce que ces visiteurs inattendus lui avaient demandé : comment libérer le Pays Maudit? Comment détruire Suryavarman, le dragon mort? Il les avait appelés "enfants du dragon mort", car ceux d'entre eux qui portaient la maladie du Roi Ixiom se transformeraient bientôt et transmettraient à leur tour la malédiction, faisant ample moisson d'âmes pour le dragon mort.

    Détruire le dragon mort : folle espérance! S'ils parvenaient à échapper à la maladie, ce serait déjà un exploit unique en son genre. 

    Détruire le dragon  mort... détruire Suryavarman... ou au contraire lui rendre sa raison d'être initiale. Dinu était en effet persuadé que ce nom "protégé du Soleil" faisait écho à Amon-Râ, le dieu solaire des Rame n'Khoume. Suryavarman devait être tout autre chose à l'origine : un rêve devenu cauchemar, un espoir devenu maléfice.  

    Mais après tout ils étaient vermiliens et les Rame n'Khoume avaient fondé une cité libre sur l'archipel des Vermili : An-Akhbou. S'il ressortaient vivants du Pays Maudit, peut-être trouveraient-ils là-bas, auprès des prêtres d'Amon-Râ, réponse à cette question.

mardi 30 juillet 2024

Une drôle de famille


 

C'est la dernière page du livre 

que nous destinons à notre fils adoptif, 

qu'il pourra lire dans quelques années... 

mercredi 24 juillet 2024

Résumé des parties des 16 et 23/07/24 (Terre Seconde)

 

      Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) des 16 et 23 juillet derniers, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.  


    Derniers instants d'Apostasia, dans les forêts du Défilé de la Hache, près de Cetate Toporolui, Pays Maudit


    C'est fini. Malgré les potions dont m'abreuve la vieille Ruxandra, qui semble décidée à cueillir tous les simples qui poussent autour de sa masure pour me les faire avaler en tisane, ma peau se fend et craquèle comme une terre assoiffée et à chaque fissure apparaît l'oeil rouge de mon parasite. Je mourrai du moins sur ma terre natale.

    « Deșteaptă-te din somnul cel de moarte! » me répète sans cesse Ruxandra, qui me secoue pour m'empêcher de sombrer tout à fait. Je crois que les herbes dont elle m'abreuve accentuent fortement mes dons de devineresse, car je vois Arulo et ses compagnons plus précisément que jamais dans ma boule de cristal.


    Ils ont réussi là où j'ai échoué : ils sont parvenus, par un audacieux et improbable mélange de sortilèges, de mensonges et de serments sur les Saintes Écritures, à entrer dans le Couvent des Catharaï, obtenir la confiance de ma si chère amie, Soeur Valentia, profaner le sarcophage d'Eterina Çferați, épouse du Roi Ixiom Sacarabaë, morte au Couvent sous le nom de Soeur Angelica, tuer la belle Clarimonde (libérant ainsi Neïa et Arulo de l'envoûtement pensant sur eux) et voler discrètement la Confession de la Reine...

    Heureusement que la détestable vampire avait égorgé sous forme lupine l'infortunée Soeur Lacedemonia, les faisant apparaître miraculeusement comme des sauveurs coupables seulement de maladresse... sans quoi Mère Bénédicte les eût livrés à la justice des Frères. Dieu semble de leur côté.

    Ainsi l'attache du Roi Ixiom est le retable d'or qui se trouve encore dans la Basilique St-Vladimir à Predeal, sur les terres de Stepan Scarabaë, frère de l'actuel Roi Raluc et fils comme lui du vieil Ixiom. Avant la malédiction, c'était dans cette basilique que nos Rois se faisaient sacrer et leurs cadavres dorment dans la crypte... C'est là que la malheureuse Eterina a pleuré son époux Ixiom. C'est là que tout a commencé.

    Le retable d'or avait une copie miniature dans le sarcophage d'Eterina : c'est ainsi que les damnés du roi-vampire ont compris que l'original serai la clé de leur salut. La copie du retable était consacrée par la magie divine, comme l'original, et avait cinq panneaux, décrivant chacun une scène différente.

    Premier panneau : une reine éplorée au chevet de son époux mort. Second panneau : les deux époux enlacés, mais lui étant toujours aussi pâle que sur son lit de mort. Troisième panneau : un jeune homme face à un étrange dragon décharné et squelettique, portant une épée, le dragon étant enchaîné au sol, que Kim a reconnu comme étant le jeune homme qu'elle a croisé en Iadul, lors de ses tentatives de retrouver l'âme de Clarimonde dans le monde des Morts. Quatrième panneau : le couronnement de ce jeune homme qui tient un calice rempli d'un liquide noir devant une assemblée de hauts personnages.

    Jusqu'ici tout était à peu près limpide : la première scène est la mort d'Ixiom, la seconde sa réanimation par Étérina, la troisième le jeune Raluc parti chercher l'Ancêtre, sur l'Archipel des Vermili, que les Draco appelaient alors l'Hôte, après la chute des Draco eux-mêmes, la quatrième son couronnement et l'allégeance des Voievods à leur roi mort-vivant, ainsi que la consommation du sang maudit de l'Hôte qui a fait d'eux des vampires... la naissance de Iadul en somme.

    Le cinquième panneau les a rendu livides : Neïa, Sisyphe, Danaë, Xollol y étaient représentés, ainsi qu'un cinquième personnage qu'ils ont reconnus : une certaine Chloé, damnée comme eux. Leurs images étaient armées chacune de la dague et de la clef, les yeux bandés, face à la gueule ouverte de l'Hôte, représenté comme un dragon squelettique.
 
    Toutes ses scènes sont reliées entre elles par une autre image du dragon : un long serpent qui semble présent en chaque scène mais de manière secrète. Sur son corps apparaît ce message : « Ce n'est pas toi qui versas ce sang, ce n'est pas toi qui voulus ce meurtre. J'ai livré ton sommeil aux rêves d'un dragon mort et ton âme était maudite avant même ton premier souffle. »
      

    Plus étrange encore pour moi est que je me souviens de ces cinq panneaux! Je les ai vus en songe, ainsi que les ruines de la  Basilique St-Vladimir, où il se trouve. Mais sur le cinquième panneau, je me souviens précisément m'y être vue moi-même, représentée aussi les yeux bandés, avec la clef et la dague d'argent... Quel sinistre avertissement y a-t-il dans ce retable?
 
     En tous cas Arulo et ses compagnons sont loin, à présent. Ils ont repris la mer et jeté l'ancre au large Mare Frigă, dans ce port  inactif depuis la malédiction, où plus aucun navire n'accoste, sur les terres du Voievod Dinu de Stelelor, celui  dont Eterina Çferați dit dans sa Confession : « Pardonne-moi, Dinu de Stelelor. Pardonne-moi, toi qui étais si proche de mon bien-aimé. Toi l'ami fidèle, le vassal loyal, toi qui fus le seul à refuser de boire. Pardonne-moi de les avoir laissés
t'y contraindre. Je pensais qu'en partageant le sort de mon époux, de ton ancien compagnon, tu adoucirais sa peine. »

    Les sinistres chevaliers-vampire de la Garde de Fer les ont assitôt cueillis et les ont conduits auprès de la Voievoda : Olivia de Stelelor. Kim a pu surprendre quelques mots échangés entre les vampires dans la langue des morts, selon lesquels le Voievod lui-même serait indisponible car « occupé à implorer le pardon du Dieu Crucifié »... alors qu'un revenant est irrémédiablement damné et son âme à tout jamais souillée, au-delà même du pardon divin. 


 




 

 

 

 

 

 

 

Ils ont traversé la ville où des banquets publics sont dressés pour les noces de la fille d'un important bourgeois local... seront-ils  encore vivants ce soir, pour y assister?

mercredi 17 juillet 2024

Yaraïa


 

Démon-reflet d'une prêtresse de Lilyom

Illustration pour le jeu de rôle Terre Seconde

www.terreseconde.fr 

vendredi 12 juillet 2024

Résumé de la partie du 09/07/24 (Terre Seconde)

     Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 9 juillet dernier, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.  


    Ouma Khlïep était un démon calme et réfléchi. Il aimait parcourir les rayonnages infinis du Kraï Knig, où les grimoires de vie s'étendaient dans toutes les dimensions perceptibles au peuple des Abysses. De simples mortels n'y verraient sans doute qu'une petite bibliothèque sombre et poussiéreuse... s'ils savaient combien de vies sont ici consignées dans les moindre détails!

    Il fallait bien la tête froide et posée d'un démon-bibliothécaire pour veiller au classement de ces ouvrages capricieux et entêtés. Sous le prétexte fallacieux qu'ils s'écrivaient eux-mêmes en permanence, consignant chaque événement de la vie qui leur avait été attribuée, ces fichus grimoires se croyaient autorisés à toutes les extravagances, se déplaçant sans ordre, bouleversant quotidiennement le patient et minutieux archivage qu'il tentait de maintenir... Ah oui! Il en fallait, de la froideur dépassionnée, pour gérer tout ça. 

    Et pourtant... il ne parvenait pas à s'empêcher de poursuivre la lecture d'une existence en particulier. Il l'ouvrait régulièrement, compulsivement, tant la destinée de cette Servante du Scorpion entre toutes était étrange!

    -Encore plongé dans ton grimoire favori, Ouma Khlïep? ricana un autre démon-bibliothécaire, en le voyant occupé à dévorer ses pages.

    -Epargne-moi tes sarcasmes, Ouma Khlïep! répondit Ouma Khlïep (car tous les démons-bibliothécaires avaient le même nom).

    -C'est celle qui a pris forme humaine, c'est cela? insista Ouma Khlïep. Qui se fait appeler... Kim? Quel nom grostesque!

    -C'est un anagramme, imbécile, grogna Ouma Khlïep. Va plutôt ranger les volumes de l'aile 132, ils se sont enfuis dans l'aile 897. 

    -Allons, allons, Ouma, ne te fâche pas. Raconte-moi plutôt où en sont elle et ses improbables compagnons? Sont ils parvenus à capturer la belle vampire Clarimonde, qui avait fui en forme lupine avec les dagues en argent? 

   -Ils ont suivi sa trace jusqu'à la forteresse de Ste-Catherine, au pied du Mur des Preux, narra Ouma Khlïep malgré lui. 

    -Les voilà donc aux portes du Pays Maudit! s'enthousiasma Ouma Khlïep. Les choses sérieuses vont commencer! D'ailleurs, n'est-ce pas là aussi que se trouve le Couvent des Catharaï, où a fini sa vie l'ancienne Reine Eterina Çferați, épouse du Roi-Vampire Ixiom Scarabaë... 

    -Et mère de l'actuel Roi-Vampire du Pays Maudit, Raluc Scarabaë, oui! acquiesça Ouma Khlïep. Ils espèrent mettre la main sur la confession de la malheureuse et en déduire quelle est l'attache d'Ixiom, afin de se libérer de la malédiction. 

    -Se libérer ou bien le libérer? 

    -Peu importe, le résultat sera le même. En tous cas, pour l'instant ils ne se sont pas présentés au Couvent et n'ont pas retrouvé Clarimonde. Ils dorment dans l'auberge miteuse qui accueille les vagants qui tentent leur chance dans le Pays Maudit. Le Koyom est en train de dérouiller l'un d'entre eux... 

    -Tertius? Lui qui semblait si pacifique!

    Ouma Khlïep haussa les épaules: 

    -La proximité du Pays Maudit joue sur leur tempérament... 

    -Et notre héroïne... Kim, puisque c'est ainsi qu'ils l'appellent, a-t-elle à nouveau arpenté Iadul? 

   -Elle y a même rencontré le souvenir du jeune Raluc à la recherche de l'Hôte, dans les ruines de l'antique capitale impériale des Draco. 

   -Avant la malédiction, donc? Avant l'Ultime Souper des Voievods et leur transformation en vampires? 

    -Le jeune prince était encore vivant alors, mais son père Ixiom avait déjà été relevé par sa veuve éplorée. 

    -Hum... Si une veuve fait de son époux un mort-vivant, est-elle encore techniquement une veuve? 

    -Evidemment, puisqu'il est toujours mort, techniquement.

    -En tous cas, la petite Kim doit avoir appris à faire confiance à ses compagnons, si elle prend le risque de tomber en catatonie en leur présence, afin d'envoyer son double plutonien dans le Monde des Morts. 

    -Justement... Il semblerait que Sisyphe en ait profité pour la barbouiller de suie avec Neïa. 

    -Sacré bon sang fils de Rezets! Il n'en fera jamais d'autre, celui-là! Neïa ça va mais quand Kim prendra conscience que pour cela il l'a forcément un peu... 

    -Touchée, oui. Il va y avoir du sang. 

    -Lui qui cherche à rencontrer la Mort... s'il savait!

    -Oui, il est bien plus proche d'Elle qu'il ne le croit, en un sens. 

mardi 9 juillet 2024

Premier sommeil


 

Avant-dernière illustration pour le livre 

pour enfant que nous sommes en train d'écrire

pour notre fils adoptif.

vendredi 5 juillet 2024

Amehis

 


Amehis, né d'un djinn et d'un démon... 

apparence double à l'image de son âme tourmentée .

Illustration pour un personnage-joueur 

du jdr amateur Terre Seconde (www.terreseconde.fr).

mercredi 3 juillet 2024

Résumé de la partie du 18/06/24 (Terre Seconde)

    Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 18/06/24, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.  

 

    Rêveries d'Apostasia, ancienne Sœur au Couvent des Gardiennes des Cinquante Paroles de Sainte Catherine d'Alexandrie


    Si seulement j'avais pu lire la fin de la confession de l'ancienne Reine! Étérina Çferatsi, simple bergère devenue l'épouse du vieux roi Ixiom, censée être le point de départ de la malédiction de mon pays... car les malédictions viendraient toujours de nous autres, les femmes. 

    Pourtant,c'est bien son fils, notre roi maudit Raluc, qui a dressé l'ultime souper des Voievods et ramené l'Hôte d'un pays lointain pour qu'il asservisse notre terre natale à ses maléfices. L'Hôte, l'Ancêtre, Dracul, Iadul... quel que soit le nom qu'on lui donne, c'est lui et non cette malheureuse reine déchue qui porte la responsabilité de la cage infernale qu'est devenu notre royaume.

    Il faut que je retourne au Couvent des Catharaï et lise la fin de la Confession! Je sais à présent que ce texte contient le secret de l'attache du Roi Ixiom. Quelles que soient les menaces de la Mère Supérieure, je n'ai plus beaucoup de temps car le parasite qui croît en moi aura bientôt raison de ma vie, et non plus seulement de ma raison. 

     Mon ancienne amie m'y aidera-t-elle? Elle et ses compagnons se rapprochent, en tous cas. 

    À la Commanderie des Trois Lions, ils ont réussi à extirper vaille que vaille la contamination revenante. Une messe a même été dite en leur présence pour le repos des âmes des Frères perdus dans la bataille. Dieu leur a pardonné leurs péchés et leurs âmes ont été absoutes... Je ne m'y attendais pas. 

    Des vampires infiltrés dans la Commanderie, seule la belle  Clarimonde leur a échappé, sous la forme d'un loup noir qui court dans la forêt en direction du Mur des Preux. Ils tentent en ce moment même de la rattraper... alors que deux d'entre eux sont toujours sous son charme, victimes de l'envoûtement qu'elle a placés sur leurs esprits fragiles. 

vendredi 21 juin 2024

Le crabe n'est pas seul

 Il dévore sans trêve
La chair de ma compagne
S'invite dans nos rêves
Et verrouille le bagne

Mais ne s'en tient pas là
Il croît dans vos cervelles
Où on ne l'attend pas
Il vomit il harcèle

Vous noie d'idées morbides
Envenimant la France
À l'aise dans le vide
Laissé par l'ignorance

Tout au fond de vos yeux
Comme une larve de haine
Vous muant peu à peu
En larbins du RN

Si vous voulez du sang
De la corde et des chaînes
Ayez un peu de cran
Et tranchez-vous les veines

Car mon dos n'est pas fait
Pour vos coups de poignard
Mon pays n'est pas fait
Pour vos bêlements criards

vendredi 14 juin 2024

Rencontre


 

Il était temps de m'y remettre : 

un nouveau dessin pour le livre 

que nous préparons pour notre fils.  

mercredi 12 juin 2024

Résumé de la partie du 11/06/24 (Terre Seconde)

   Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 11/06/24, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.  

 

Lettre d'Ovidiu Somnul, Capitaine de la Garde de Fer, Margrave de Cetate Toporului et Gardien du Défilé de la Hache à Son Altesse le Voievod Igord de Câmpie

 

  Votre Seigneurie,

  C'est bien malgré lui que votre humble serviteur prend la plume pour vous annoncer que notre mission de dissolution de la Commanderie des Trois Lions, non loin du village de Ste-Gudule en Egirçan, a connu un rebondissement inquiétant. 

  Mon second Orfeu a été détruit, ainsi que plusieurs de nos récentes conversions, dont celle qui était parvenue à remplacer feu le Commandeur. 

  Un groupe de huit drôles s'étant introduit dans la Commanderie est responsable de ces destructions successives et il semble que quatre d'entre eux portent les dagues et clefs d'argent du Dragon Mort, dont ils firent un usage particulièrement efficace contre nos infortunés acolytes. 

  Parmi les Chevaliers de la Garde de Fer envoyés là-bas par mes soins, seule Clarimonde leur a échappé pour l'instant, en envoûtant trois d'entre eux. 

  Plus inquiétante encore est la présence dans leurs rangs d'une Servante du Scorpion. Faut-il y voir un malveillant intérêt des Dieux Funèbres pour notre pays et peut-être même le présage d'un danger menaçant Sa Majesté notre Roi Raluc Scarabaë?   

  Ce n'est hélas pas tout, car il y a pire encore : Iadul s'est ouvert à eux et leurs clefs d'argent leur ont permis d'en ouvrir les grilles. J'ignore pourquoi, mais ce message est apparu à leur intention :

 

SUR CE SEUIL TU ABANDONNES TON CORPS
SUR CE SEUIL TU METS TON ÂME EN PÉRIL
SUR CE SEUIL TU ENTRES DANS LE CORPS DE L'HÔTE
LÀ OÙ LA MORT N'EST PLUS UNE ÉTRANGÈRE
 

 

  Ils ne se sont heureusement pas attardés et n'ont pas emprunté les voies hautes permettant d'accéder au pays secret, mais je crois cette menace sérieuse et vous supplie de nous faire parvenir des renforts, sous la forme par exemple de quelques-uns des Nevinovaţi qui servent Votre Altesse, afin de pourvoir à toute fâcheuse éventualité.

 

                        Pour le Roi et pour l'Hôte, 

                                        votre fidèle serviteur

                                                        Ovidiu Somnul

 

 

mardi 4 juin 2024

jeudi 30 mai 2024

Résumé de la partie du 29/05/24 (Terre Seconde)

  Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 29/05/24, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.  

 

Le dernier cauchemar de Frère Lothaire

Ô Seigneur tout-puissant, Créateur du Verbe et Dieu des Armées, tel serait donc le Purgatoire que tu as imaginé pour mon âme pécheresse? Me punis-tu pour avoir toléré que des femelles franchissent le seuil de mes cuisines, lieu de mon humble et pourtant essentiel apostolat? 

N'as-tu point placé pour notre édification, à nous qui duos habemus et bene pendentes, dans le mot même de fe-mina : "foi-moindre" l'avertissement qu'Adam eût été bien inspiré de remarquer, si toutefois il eût parlé latin? À moins qu'il s'agisse de l'un des cercles de l'Enfer? Frère Domitien aurait-il raison d'affirmer que le Purgatoire n'existe tout simplement pas?

Du fond de la marmite où Ravina m'a plongé après m'avoir vidé de mon sang comme un porc et laissé à revenir en un lent et immonde ragoût, dans le fumet infect de mes propres abats, je l'ai entendue monter dans la cellule profanée par deux des greluches qui m'abusèrent, en me laissant croire qu'elles étaient animées de pieuses intentions : Neïa la brune et Kim la rousse.

Il semble que du fond de mon chaudron où cuit mon propre cadavre je puisse suivre la trace de mon propre sang à travers ceux qui en ont bu... étrange maléfice!  

Ainsi je sais que Ravina a plongé ses crocs dans le poignet de la rousse - car la petite vermine affamée était aussi un vampire! - avant de recracher le sang qu'elle avait avalé. Voilà qui est inattendu... et aurait sans doute suscité l'étonnement des autres, s'ils avaient pu être présents. Même la petite Neïa  ne s'est rendu compte de rien, au moment où Ravina a enfoncé ses crocs dans son cou, préférant manifestement cette proie.

Le plus étrange, Seigneur, sont les paroles qu'elle a prononcées à cet instant à l'intention de la grande Kim : "Satephne Wahe!". Depuis mon propre décès je me découvre capable de comprendre la langue des morts et ne Vous ferai pas l'insulte de Vous traduire ces mots, mais avouez que leur sens a de quoi surprendre. Est-ce de la résolution d'une telle énigme que dépend le salut de mon âme? Et si la petite Neïa n'a pas entendu ces paroles, elle a bien vu Kim faire usage de magie pour réduire Ravina en poussière... je ne sais rien de ce qui a suivi immédiatement, mais en ont-elles parlé?

Le morbide appétit du Gobelin pour la chair humaine m'a permis d'en apprendre plus : montés au second étage du dormitorium, ils ont trouvé Frère Romuald et Frère Jules, tendrement enlacés comme chaque nuit - puissiez-vous avoir pitié de leurs âmes tourmentées, ô Seigneur! - mais surtout plongés dans un profond sommeil, une torpeur si parfaite qu'aucun vivant dans le monastère ne semble être capable de se réveiller malgré le vacarme, même lorsque la Capitaine Danaë et Tertius se sont retrouvés enfermés dans une cellule apparemment vide, mais où une brume verdâtre s'est muée en un vampire bien présent.

Satan est de sortie cette nuit et ses pièges sont innombrables, jusqu'à cet escalier miraculeusement apparu sous celui qui conduit au rez-de-chaussée, comme si le bâtiment disposait d'un sous-sol. Je suis pourtant payé - ou plutôt je l'étais, enfin, d'une certaine manière... -  pour savoir que ce n'est pas le cas!

jeudi 23 mai 2024

Résumé de la partie du 22/05/24 (Terre Seconde)

 Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 22/05/24, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.  

 

    Pensées d'Æthelbeorn Moonword dit "Sagittaire", depuis son intangible prison...

    Je sais que j'ai tué Amaury d'Estrées, Maître de la Commanderie des Trois Lions. Je le jure devant les Dieux du Jour et de la Nuit. Pourtant, c'est lui qui est venu parler à la bande du Capitaine Danaë, avec plusieurs de ses chevaliers en armes, en chair et en os comme si je ne l'avais pas tué, crevé ses yeux, tranché ses mains et suspendu son cadavre à l'intérieur du corps calciné d'Euphorbe. Est-ce qu'il s'est relevé d'entre les morts comme leur dieu crucifié? Ou par l'entremise d'un tout autre pouvoir? En ce cas, comment peut-il dissimuler sa vraie nature aux autres Frères? Car s'il y a quelque chose que déteste par-dessus tout l'Ordre du Sépulcre Inachevé, c'est la contamination revenante!

    De façon tout aussi étrange, le Commandeur a offert l'hospitalité à cette bande de traîne-rapières sans foi ni loi entrés par effraction, ajoutant crédit à leurs explications pitoyables... y compris aux trois femmes parmi eux! Les femmes ne sont pas censées passer ne serait-ce qu'une heure à l'intérieur de la Commanderie et lui les a remis aux bons soins de Frère Domitien, le Sénéchal, lequel a même enjoint à Frère Lothaire, le Cuisinier, de les nourrir!

    Pour ajouter à l'étrangeté de la situation, il y avait cette gosse famélique dans les cuisines : Ravina. Une petite roussotte martyrisée par Frère Lothaire. Je connais cette Commanderie depuis le jour maudit de sa fondation et jamais, au grand jamais, aucune gamine n'y a travaillé! Frère Lothaire semble le savoir si j'en juge par sa cruauté envers ce qu'il considère sans doute comme une souillure ou du moins une intruse.  

    Décidément, quelque chose ne tourne pas rond ici. Frère Lothaire semble de cet avis, puisqu'il a expliqué que tout a changé à partir du jour où a été retrouvé mort un certain Frère Rodolphe, le Morticide, c'est-à-dire celui qui saurait distinguer d'un seul coup d'oeil la présence d'un revenant parmi les Frères, même fabriqué à l'imitation parfaite de la vie.

    Si j'ai bien compris, c'est arrivé le lendemain de la nuit où j'ai aidé le Joueur de Luth à s'introduire dans le monastère par les faluns et quelques jours avant l'expédition où j'ai tué Amaury d'Estrées, lui et ses deux acolytes. D'ailleurs, Frère Lothaire a dit que le Commandeur en était revenu seul...

    J'ignore pourquoi, mais la bande à Danaë a abondé dans le sens des suspicions de Frère Lothaire et même proposé son aide pour débusquer la présence de sorciers et de vampires au sein de la Commanderie, ou "strigoica" dans le langage des Daces qui vivent de l'autre côté du Mur des Preux sous le joug de la dynastie mort-vivante des Scarabaë. Ils ont dormi tout le jour dans les cellules qui leur ont été attribuées et Frère Lothaire s'est engagé à les réveiller à minuit, convaincu que les douze coups du beffroi forceraient les créatures des ténèbres à se révéler.

Ils ont ronflé jusqu'à minuit en effet, un peu plus tard même et il a dû se passer quelque chose dans la cellule partagée par Neïa et Kim, car tous ont été brusquement réveillés par les hurlements de celle-ci...