mardi 15 décembre 2015

Le Temple des Abysses


Comptine


Mes enfants jolis
Les entendez-vous ?
Nos dieux boivent et rient
Ils se rient de nous

Le roi est cruel
La récolte est maigre
La peste est mortelle
Le vin tourne à l’aigre

Mais ne craignez rien
Il reste la nuit
Pour tuer leurs chiens
Pour leur sang aussi

lundi 23 novembre 2015

Sleepwalker

(or the english translation of my poem "somnambule")

As the dead from his grave,
I rise from my bed.
I walk without a sound
Along the shadow path

In my eyes wide open,
Live many colors
Unseen here below,
Making my fears alive

You don't get it, do you?
I have to shut that door,
Move those walls,
Chase the rats away.

You don't see them, do you?
Those hungry monsters.
You don't know that, do you?
I need to speak to them.

I know what they write
On the surface of your bones,
Behind your figures,
In your candid souls.

Only I can decipher
The alphabet of dread.
Only I stay awake,
To hold the watchtower.

It is no less than rape
I struggle to escape,
The weight of the spider
Who's crushing me under.

Down that bottomless night
Live wasps of giant height,
Clinging to the ceiling,
Waiting, waiting, waiting

So I speak alone.
Sometimes I yell,
Tearing out of my throat
The many stings they put.

You are way too many
Here at my soulside
Sticking to the eyes
I once claimed mine.


jeudi 5 novembre 2015

Mon phénix nocturne


Mon amour joli,
C’est le feu que portent 

Tes cheveux roussis
Qui te rend si forte. 

Dans ce brasier 
Disparaît l’horreur,
En auto-da-fé
Des mille douleurs 

Plantées dans ta chair, 
Comme autant d’épées, 
Et la voix des airs,
À nouveau éclairée
Par ces flammes vives, 

S’offre à ton vol libre,
Ta peur part en cendres, 

Plus tôt que le mal
Aux yeux de Cassandre, 

Déjà prête au bal
Des statues d’argile 

Rouge sang qu’habitent 
La Mort malhabile
Et ses acolytes.
Spectres affamés
Que tu fis mentir
Et sus déjouer
D’un seul de tes sourires. 

mercredi 21 octobre 2015

Somnambule

Tel un mort de sa tombe,
Je me lève de mon lit.
Je marche sans un bruit
Le long des sentiers d'ombre,

Dans mes yeux grand ouverts
Vivent d'autres couleurs,
Qu'on ne voit pas sur Terre,
Donnant vie à mes peurs,

Vous ne comprenez pas
Mais je dois refermer
Cette porte, bouger
Les murs, chasser les rats.

Vous ne les voyez pas,
Ces monstres affamés,
Vous ne le savez pas,
Mais je dois leur parler.

Je sais ce qu'ils écrivent
Sur l'os de vos squelettes,
L'envers de vos silhouettes,
Vos âmes si naïves.

Moi seul sais déchiffrer
L'alphabet de l'effroi.
Moi seul reste éveillé
Pour tenir le beffroi.

C'est au viol que je dois
Échapper! Résister
Au corps de l'araignée
M'écrasant sous son poids.

Dans cette nuit sans fond
Les guêpes sont géantes, 
Accrochées au plafond
Pour tromper leur attente.

Alors je parle seul.
Parfois, même, je crie.
J'arrache de ma gueule
Les dards qu'on y a mis.

Vous êtes trop nombreux
Au chevet de mon âme,
Agglutinés aux yeux
Qui jadis étaient miens.

mardi 29 septembre 2015

2015 (année faste pour le fascisme européen)

Tu portes masque sur masque et combien de peaux
Cousues par tes mensonges jusque sur tes os?
À travers, j'entends encore battre ton cœur,
Marchant comme un soldat au tambour de ta peur

On a offert les clefs de la ville aux vampires...
Escrocs! Comment osez-vous parler d'avenir?
Vous autres qui faites passer pour gens nouveaux
Ces morts-vivants blafards, sortis de leurs tombeaux?

Vous excellez à briser ce qui est fragile
Sur l'autel fumant de vos dieux imbéciles.
Qui dois-je tuer pour avoir le droit de vivre?
Moi-même sans doute. Moi seul et tous mes livres.

Comme des chasseurs vêtus de peaux écorchées,
Vous prenez l'odeur de vos proies pour nous tromper.
Quant à ceux qui vous connaissent et s'en alarment,
Comment parleraient-ils au-dessus du vacarme?

Vos odieux mensonges sont comme une vérole.
Elle s'attache à chacune de nos paroles.
Elle appauvrit les mots, les vide de leur sens
Et se torche aux lambeaux de notre intelligence.

J'aurai vu de mon vivant s'inverser le temps,
Se lover sur lui-même comme un serpent.
Tel un chat alangui, il se lèche le cul...
Mais c'est nous qui goûtons sa merde toute crue. 

mercredi 16 septembre 2015

Kyrie Eleison

Ce masque de folie
Posé sur ton visage
Tel une étroite cage
Où se meurt ton esprit

Veux-tu me le prêter ?
Le temps d’un voyage
Je boirai ton mirage
Et l’air de tes pensées

J’irai voir ces dieux
Qui tissent ton destin
Sers-moi le blanc venin
Qui obscurcit tes yeux

Je sais pour l’avoir vu
Qu’en Enfer où tu vis
Une âme à l’agonie
Est toujours bienvenue

Je vivrai ton horreur
Le goût de ta démence
Sa livide apparence
Et n’en aurai plus peur

lundi 22 juin 2015

Lettre à Marie-Christine

Chère Marie-Christine,

Je souhaiterais aborder avec toi ce que tu considères comme une décision purement personnelle, ne concernant personne d'autre que toi : le fait que tu aies décidé de porter le voile islamique. Je ne te ferai pas le procès d'intention qu'on t'a souvent fait. Je ne t'attribuerai pas le désir d'obliger les autres femmes à t'imiter. Je te te parlerai point non plus de l'Iran ou de l'Arabie Saoudite, car ni toi ni moi ne vivons dans ces pays où les femmes ne peuvent choisir librement d'être voilées ou non. Je ne me ferai pas non plus à ton égard l'apôtre d'un islam sans voile, censé être plus en accord avec les valeurs de la société française, puisque de manière générale, les pratiques religieuses n'ont guère de sens pour l'athée convaincu que je suis. Il est vrai que je n'ai trouvé aucune mention du voile en lisant le Coran, mais qui suis-je pour prétendre t'imposer mon interprétation de ce bouquin, qui n'est pour moi qu'un bouquin parmi les autres de surcroît? Je voudrais te parler de ton voile dans la mesure où je me sens concerné en tant qu'homme, au sens individu masculin, doté d'un chromosome Y et d'un bagage culturel que je n'ai pas plus choisi que tu n'as choisi ton double X et le fardeau de tout ce qui est jugé comme "féminin". D'aucuns t'ont je crois dit qu'ils étaient choqués par cette pratique qu'ils jugent misogyne. Je souhaiterais plutôt évoquer ici son caractère misandre.

En effet, tu as notamment défendu ton choix en affirmant : "Je souhaite me soustraire à l'obligation de m'exhiber". Il est vrai que nombre d'entre nous avions encore en mémoire tes tenues passées, essentiellement à base de jupes forts courtes, de talons d'une hauteur tout-à-fait déraisonnable pour la bonne tenue mécanique de tes chevilles etc... sans nous douter que ces toilettes ne procédaient point chez toi d'un choix librement assumé mais d'une soumission à une pression sociale forçant les femmes à faire usage de leurs appas pour être socialement reconnues. Fustigeant notre coupable aveuglement, tu refuses à présent d'être un objet sexuel, et le voile devient l'instrument de ton émancipation. Protégée par cette barrière magique abolissant tout désir sexuel, tu sais que tu seras désormais considérée en tant qu'être humain, et non pour ton sexe-à-piles.

Il y a dans cette démarche deux idées implicites, que je trouve fort insultantes pour nous autres, les garçons, qui sommes tout de même tes semblables.

Tout d'abord, tu sembles dénigrer nos facultés d'imagination. Moi qui suis un obsédé séqueçuel patenté, moi qui suis soumis aux affres d'un rut permanent, quelques mètres carrés de tissu suffiraient donc à éteindre la flamme dévorante de ma virilité? Marie-Christine, permets-moi d'en douter. Si ce voile pimente mes inavouables rêveries nocturnes à ton endroit (et ton envers), il ne les abolit point. Je te prie de croire que ni l'éloignement ni le tissu  ni le béton ne brident mon imagination, bien au contraire!

Mais si cette première injure à mon intellect me chagrine, elle reste bénigne si on la compare à la seconde.

En quoi le fait d'être un obsédé séqueçuel m'empêche de te considérer comme un être humain? Marie-Christine, apprends que je ne suis nullement zoophile et que seuls les êtres humains (adultes au demeurant) ont le don d'éveiller (ou non) mon désir. Dans mon cas, le choix est encore plus restrictif, puisque jusqu'à présent seuls des êtres humains de sexe féminin ont eu ce douteux privilège. Qui serais-je, si je ne considérais point ces femmes comme des êtres humains? L'un de ces sinistres fétichistes qui s'accouplent avec des objets?
Ne serais-je que le jouet de  pulsions sexuelles zoophilo-fétichistes, m'obligeant à priver de sa dignité humaine toute femme qui aurait eu l'heur de me plaire? Tu fais donc une lourde erreur, en croyant que le désir sexuel abolit nécessairement le respect humain. De même que durant ton époque consacrée aux tenues peu couvrantes, tu faisais erreur en croyant que le désir sexuel entraînait le respect humain.

En conclusion, je dirais que désir sexuel et respect humain me paraissent parfaitement décorrélés, sauf peut-être pour une minorité de pervers qui perdent instantanément tout respect pour l'objet de leurs désirs. D'autres iront même jusqu'à mépriser toute femme ayant répondu favorablement à leurs avances. Mais je n'ai pas ce masochisme retors. Car si une femme devenait une putain après avoir couché avec moi, cela ferait de moi une bien étrange et abominable machine. Marie-Christine, tu es trop intelligente pour céder aux sirènes de la facilité et de la généralisation abusive. Ta haine des hommes doit prendre fin! De même que tu refuses d'être ravalée au rang d'objet sexuel, je refuse d'être réduit à ce genre de perversion. 


Respectueusement, ton comparse en humanité

mardi 9 juin 2015

Douze suprenantes maximes du XXIème siècle

-Ces gens-là sont des barbares, il est donc normal de les traiter avec barbarie.

-Il faut repérer et ficher dès à présent tous ceux qui refusent d'exprimer leur soutien à la liberté d'expression.

-C'est une erreur de proposer la démocratie à l'ensemble du peuple, il faut la restreindre à ceux qui la méritent.


-Si tu réclames l'égalité des chances, c'est que tu cherches à défendre tes privilèges.

-On juge de la valeur d'une cause en jugeant des moyens utilisés par quelques-uns de ceux qui prétendent la défendre.

-Je suis plus riche que toi, mais songe qu'il y a plus pauvre que toi et accepte cet état de fait.  

-Il est capital de protéger les forts contre les faibles.

-La réflexion politique est sale et meurtrière, seul compte le désir de faire le bien autour de soi en toute innocence et humilité.

-Mieux vaut travailler à son image qu'à son ouvrage.

-L'injustice est garante de paix et de stabilité. Ceux qui prétendent la combattre sont des utopistes dont les idées sont irréalisables (mais il faut les écraser quand même, au cas où elles le seraient).

-L'antiracisme ne consiste pas à refuser les conflits tribaux, il consiste à défendre sa tribu.

-Si tu te plains de ne pas être représenté par les grands mouvements, je te dirai de fonder ton propre mouvement. Si jamais tu le fais, je te dirai que rien de sérieux ne peut se faire hors des grands mouvements.

-Respecter mes convictions religieuses implique d'admettre le caractère sacré des symboles et textes de ma foi, et peu importe si ces derniers insultent ton  athéisme plus fortement que tu ne pourras jamais insulter mon dogme et mes saints personnages.


Nombre des arguments et idées que j'entends quotidiennement se résument finalement assez bien à ces grands principes, avec quelques nuances d'enrobage.

mardi 26 mai 2015

Marada Alvendis

Un autre personnage de mon roman, la fille de Gyrin Alvendis, que j'ai également représenté. 

mardi 12 mai 2015

Axan Contrecœur

Un autre personnage du roman que je suis en train d'écrire. Il n'est en fait pas écorché : c'est juste que sa peau est devenue transparente. D'où la présence de cheveux malgré tout.

lundi 11 mai 2015

Pastoureaux-Fols

Un essai de perspective, de décor... et d'illustration pour mon roman en cours.

jeudi 23 avril 2015

Un truc fait maison


Un cadeau d'anniversaire pour deux amis qui fêtent leurs quarante ans ensemble, et qui ont - d'après la rumeur - "déjà tout". Du coup, plutôt que d'arpenter la place du village à la recherche de quelque babiole originale, je leur offrirai ce truc fait maison qu'ils n'ont pas en principe... j'espère... ou alors il faudra m'expliquer.

mercredi 22 avril 2015

BrÊves de mon épouse 3

Comme je l'ai déjà expliqué, ma chère et tendre épouse a l'habitude de parler pendant son sommeil, voire de tenir des conversations entières. Il est dès lors très simple d'abuser de cette particularité en engageant une discussion surréaliste avec elle, ce qui a donné récemment :

-Nikos, arrête de vouloir dessiner sur tous les animaux blancs! Ça c'est un chat blanc, n'essaie pas d'en faire un tigre! Si tu manques de papier je t'en offrirai.

-C'est très gentil à toi.

-Non, mais c'est vrai quoi... Arrête de faire des rayures sur ce pégase pour en faire un zèbre ailé. D'abord ça ne ressemble à rien, un zèbre ailé. Tu es vraiment un délinquant de la rayure!

-Bon, d'accord, j'arrête.

-Je ne sais pas pourquoi tu veux faire des rayures sur tout, je sais que ça reproduit les barreaux de la prison qu'est ce pauvre monde dans lequel nous vivons, mais quand même! Et puis ça évoque aussi les cordes d'une guitare...
Mais ce n'est pas une raison! Arrête de vouloir zébrer les ailes du hibou, c'est comme si les barreaux de la prison détendaient sur lui!

-Détendaient? Tu veux dire déteignait?

-Non, détendaient, de détendre, comme les cordes de la guitare qui se détendent.



mardi 17 mars 2015

Вий


C'est une interprétation assez libre du démon Vii, issu d'une très belle et très étrange nouvelle de Gogol. Vii est le Prince du Cauchemar ou le Roi des Gnomes et deux démons doivent en permanence garder ses paupières soulevées, là j'ai préféré les faire naître de ses yeux.

vendredi 13 février 2015

Freywyl et Tillka

C'est un portrait tout simple de deux personnages du roman que je suis en train d'écrire... Je m'essaie à quelque chose de nouveau, sans dragons ni serpents ni araignées.

vendredi 9 janvier 2015

Je suis Charlie à cause de Voltaire

Je n'ai jamais apprécié Charlie Hebdo.

Trop ordurier, trop simpliste, et surtout ces derniers temps de plus en plus acquis à l'idéologie dominante du marché tout-puissant.

Mais puisque Voltaire a dit quelque chose comme : "Je ne suis pas d'accord avec votre point de vue mais je me battrai pour que vous ayez le droit de l'exprimer", je suis Charlie.

Contre le fascisme,

celui d'Iznogoud qui veut être Calife à la place du Calife à la tête de son État Islamique et de tous les islamismes divers et variés qui détruisent en premier lieu la civilisation des pays musulmans,

celui de Marine Le Pen qui cherchera sans doute à faire de ce drame son incendie du Reichstag pour justifier son discours imbécile,

celui de Nétanyaou et de l'occupation militaire de la Palestine,

celui de l'Aube Dorée en Grèce qui tue et violente impunément les populations allogènes,

celui des dictatures pétrolières comme le Qatar et l'Arabie Saoudite que l'Occident soutient et arme, réchauffant ainsi une vipère en son sein,

celui de... la liste en serait trop longue...

en hommage aux morts comme à Voltaire,

 je suis donc Charlie.