dimanche 6 juillet 2025

Une mort certaine : résumé de la partie du 27/06/25 (Terre Seconde)

    Ce qui suit est une évocation du déroulé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terre-seconde.org) du 27 juin dernier, dans le cadre de la campagne "Face au crépuscule des Dieux". Cela s'adresse essentiellement aux joueurs de la table. 


  En trois cents ans d'existence, Ælfweard n'avait jamais foulé la terre sombre de la Châtaigneraie. En pénétrant dans ce lieu maudit, si important pour les lignées sélénites nées sur Terre, il ne put s'abstraire d'un profond sentiment de malaise.


  C'était ici qu'avait commencé la lutte fratricide que la langue sacrée désignait comme la Slahta, soit littéralement le bain de sang, mais que la langue commune appelait pudiquement Guerre d'Albenheim. 

  Sous les épaisses frondaisons de cette forêt abandonnée aux démons était née la formidable discorde qui avait divisé le peuple tombé sur Terre en lignées rivales, voire ennemies, redoublant ainsi la souffrance du premier bannissement par un second, où les descendants des Sélénites déchus s'étaient dispersés à la surface de cette planète bruyante, voire jusque dans ses tréfonds les plus inaccessibles.

  C'était ici même qu'il devait retrouver une amie de longue date, une parfaite inconnue lui inspirant une vague méfiance et une ennemie mortelle.

  Étrange conclave où se parleraient à travers quatre mortels des Dieux accoutumés à s'ignorer ou se haïr. Mais être prêtre impliquait parfois d'agir imprudemment, de sortir des sentiers battus en suivant les énigmatiques révélations de la foi. Sa simple présence était un acte spirituel, dont toute la portée lui échappait encore.

  Il en ressentit d'autant plus l'importance en voyant se dresser devant lui, au centre d'une vaste clairière, seul endroit dégagé de la Châtaigneraie, l'autel de pierre blanche où la déesse morte Lyl tranchait elle-même la langue des menteurs, lorsqu'on y tenait vehme. À présent brisé en plusieurs morceaux et recouvert de végétation, il en imposait encore, peut-être par les irrégularités qui le recouvraient et qui avaient jadis été des runes soigneusement gravées, narrant les volontés de l'austère et impartiale déesse de la justice.

  Car même les Dieux peuvent mourir. Lyl était morte depuis longtemps et de ses cendres était née Lilyom, l'abominable et cruelle contrefaçon démoniaque que vénéraient les Mraka.

  De fait, si Ælfweard était venu en ce lieu damné à tout jamais,  c'était au sujet d'une autre divinité trépassée.

  -Ælfweard Wandlere du Clan Sceadu, Hiérophante du Roi Daïn, dit une voix familière employant la langue commune, sois le bienvenu!

  -Que les Dieux du Jour et de la Nuit te protègent, ô Raÿwel, Sœur de la Pleine Lune, répondit Ælfweard à la silhouette vêtue de blanc qui venait à sa rencontre.

  C'était par respect pour son amie qu'il avait omis le nom de sa famille et de son clan. Les prêtresses de Nör Vollmond enseignaient qu'il fallait surmonter les appartenances familiales et claniques pour rendre au peuple sélénite son unité, ou à défaut un semblant de coexistence pacifique. Si elles se désignaient elles-mêmes comme Filles de la Pleine Lune, Raÿwel incarnant comme lui la plus haute autorité sacerdotale de son culte, elle avait droit au titre de Sœur.

  En revanche, comment s'adresser aux deux autres femmes qui apparurent à ses côtés? Deux Vaurmalben, à en juger par leur peau livide, presque bleutée, et leurs longs cheveux en cascade, blancs comme la neige. Malgré la pénombre qui régnait dans la Châtaigneraie, l'une des deux avaient les yeux mi-clos, plissés comme si la luminosité fragile du lieu étaient encore trop vive pour elle : cela devait être la Mraka, fraîchement arrivée des profondeurs tortueuses du Monde Chtonien, telle un démon sorti des ténèbres, aveuglé par l'éclat du jour.

  -Je suis Snegling Ferranalh iz Nazada, dit-elle à son tour, sans rien ajouter.

  À voir le diadème arachnéen placé sur son front au-dessus de ses yeux couleur d'émeraude - un trait rare chez les siens - il était inutile en effet d'en dire plus. Ælfweard avait l'étrange privilège de voir côte à côte une prêtresse de Nör Vollmond et une sectataire de Lilyom, l'abomination chtonienne vénérée par les Vaurmalben qui se désignaient eux-mêmes comme Mraka, soit appartenant aux ténèbres dans le parler des démons. Les deux ennemies semblaient tolérer fort bien la présence l'une de l'autre. Quelle époque! songea le prêtre.  

  Ferranalh ou, en vieux-sélénite, éloignés : ce nom témoignait d'un lignage très ancien, datant sans doute du bannissement des Vaurmalben. Iz Nazada signifiait qu'elle venait de Sto-Lïet-Nazad, la toute première des cités souterraines fondées par les Mraka et de loin la plus puissante de celles-ci.

  Les prêtresses de Lilyom n'avaient nulle hiérarchie officielle entre elles, car elles prétendaient priviléger une sorte d'anarchie perpétuelle où les plus fanatiques domineraient sans cesses. Mais une matricienne d'un tel rang avait nécessairement une position dominante au sein de sa caste. À sa manière, elle était bien une contrepartie de Raÿwel et lui.  

  Il se tourna vers la quatrième personne, qui s'inclina respectueusement : une frêle jeune fille qui, en dépit de son apparence chtonienne, n'avait rien de commun avec Snegling. Bien que Vaurmalbe elle aussi, elle n'avait nulle gêne à garder ses yeux grand ouverts en surface, était aussi réservée que Snegling était arrogante, aussi discrètement vêtue que Snegling était luxueusement accoutrée, aussi souriante que Snegling était hautaine.

  -Varghona est la plus jeune prêtresse de Nör Neumond, expliqua doucement Raÿwel. Il a paru à nos consœurs de la Nouvelle Lune qu'elle serait plus la plus indiquée pour discuter de ce qui nous occupe.

  -C'est à elle que sont apparus les Sternwanderer, précisa Snegling, d'un ton faussement indifférent.

  La Mraka devait considérablement  prendre sur elle pour feindre ne fût-ce que cette indifférence hostile à l'égard de sa congénère. La branche démoniaque des Vaurmalben et la branche de la Nouvelle Lune se vouaient une haine tenace, car les premiers considéraient les seconds comme des traîtres et les seconds avaient fui le Monde Chtonien pour les nuits sans Lune.

  Seul point commun des quatre participants à ce conclave : tous considéraient ce lieu comme essentiel et sacré, même si chacun avait sa propre histoire à narrer. Ælfweard savait que même Raÿwel et lui ne tomberaient pas d'accord sur les événements qui avaient conduit au Slahta, en dépit de l'amitié qui les liait. Deux Hochalben et deux Vaurmalben pour discuter d'une seule chose :  

  -J'imagine que les Sternwanderer ont confirmé les visions apparues à la surface des eaux lunaires ou dans le chatoiement des rayons de Lune, commença enfin le prêtre.

  -Le Dieu du Temps et des Étoiles est mort, confirma Varghona, en baissant la tête.

  Même Snegling l'imita, tant cette nouvelle était inconcevable à une oreille sélénite. Delling, le tout premier dieu de leurs lointains ancêtres, celui-là même qui les abreuva à l'eau de la source Mimir pour leur faire don de jeunesse éternelle, avait été réduit à néant. Ses serviteurs immortels, les Sternwanderer, façonnés pour la magie antique à partir des plus fidèles des Diseurs-de-Lune, erraient désormais sans but.

  -Eux qui protégeaient l'ultime éclat du Dieu, expliqua Raÿwel, ils n'existent plus que pour narrer sa fin.

  -L'ultime éclat... répéta Ælfweard, dans un murmure. Étrange euphémisme, pour ce qui n'était que l'ultime parcelle d'un daÿmonion très ancien.

  Daÿmonion : le simple mot les fit tresaillir, car il inspirait la peur chez la plupart des lettrés ayant étudié la magie, sous quelque forme que ce fût. Un Daÿmonion était ce qui faisait de n'importe quel mortel un démiurge capable de vouer l'univers à sa perte... ou une divinité.

  Telle était la magie antique, avant la Sanction d'Épersonaï : incontrôlable, infinie et chaotique comme le brasier dans lequel étaient nés la Matière et le Temps. Par trois fois, elle avait conduit l'univers à sa perte. Rares et universellement haïs étaient ses ultimes praticiens.

  -C'est vrai, reprit Raÿwel. Après avoir perdu la foi de son peuple, le Dieu fut réduit à son essence première, celle qui ne dépendait nullement de notre fidélité, ce qu'il avait été aux premiers rayons du Cinquième Soleil  : un démiurge.

  -De ce reliquat il ne restait presque rien, précisa Varghona. D'après les Sternwanderer, ils ne gardaient plus qu'un lambeau du Daÿmonion.

  -Presque rien? ricana Snegling. Ce presque rien a réduit à néant en une fraction de seconde ceux qui ont profané le Manihus!

  -Plus précisément leurs contreparties futures, invoquées par le Skukar, insista poliment Varghona. Le Skukar est ce miroir par lequel on peut faire venir un double venu de notre propre avenir. Les profanateurs sont encore vivants.

  -Jusqu'à ce temps futur où ils seront appelés, objecta Ælfweard. Savent-ils seulement quand?

  -Peut-être, murmura Varghona. Même les Sternwanderer n'ont rien pu me dire à ce sujet. Eux n'ont jamais utilisé le Skukar, évidemment. Ils périront... mais à savoir quand?

  -J'aimerais dire que seul Delling le sait, mais... ajouta Snegling, toujours d'un ton amer et sarcastique. Enfin, d'une certaine manière n'est-ce pas mieux ainsi? Ce vestige de la magie antique est enfin réduit à néant.

  Les trois autres Sélénites ne purent qu'acquiescer. Mais il était également indéniable que...

  -Cela n'en reste pas moins une profanation de l'un de nos Dieux, rappela Raÿwel, d'une voix douce. Un crime qui ne peut rester impuni.

  Qu'elle, la plus pacifique, la plus amène d'entre eux le dît si clairement imposa immédiatement le silence aux trois autres. Quelques jours plus tôt, aucun d'entre eux ne savait où se trouvait le Manihus ni même qu'il existât, en tant que tombeau du Dieu. À présent, tout était différent. Dans cette lourde expectative où l'on n'entendait que la rumeur sourde des spectres et démons furtifs qui hantaient  la Châtaigneraie, la voix sereine ou impitoyable de Raÿwel reprit :

  -Un crime commis de main sélénite.

  -Quoi? s'écria le prêtre. Impossible! Qui oserait -

  -Un Sonnenalbe.

  Ælfweard marqua un temps d'arrêt, avant de reprendre, toujours incrédule :

  -Ils ont renoncé à nos Dieux, soit, mais de là à...

 -Un Sonnenalbe de la pire espèce, précisa Varghona, un sectataire des Innommables.

  -Un Aptem, confirma Snegling.

 -Décidément, le Pays Clos de Khôme n'engendre que l'horreur... soupira Ælfweard en se laissant tomber sur un tronc d'arbre couché, convaincu malgré lui.

 -Là où le ciel est enchaîné au sol, seules la haine et la folie peuvent s'épanouir, acquiesça Raÿwel.

 -Les Sternwanderer frapperont-ils? demanda Snegling à Varghona, se forçant à la regarder.

 -Je l'ignore, répondit la tout jeune prêtresse. Il se trouve que deux Mondalben font partie des profanateurs. Eux ont perdu le don de Delling et ont plus que quiconque sans doute le désir de
se venger de l'Aptem.

 -Quelle ironie! s'écria Ælfweard, ne sachant s'il devait vraiment s'étonner que deux Mondalben aient participé à telle infamie. Ils ont perdu le don en même temps que le Dieu. Mais crois-tu leur
colère assez forte?

 -Pour l'un d'entre eux en tous cas. Il croyait être le Zaltrag, l'élu qui réincarnerait le Daÿmonion et redeviendrait le Dieu Sombre du Temps... et peut-être l'était-il, nous ne le saurons jamais.  

 -Là se trouve justement le noeud de sa colère, dit Snegling.

 -Alors, que décidons-nous? demanda finalement Raÿwel. 

mercredi 18 juin 2025

Un poids sur la poitrine





 

Mais quel est ton secret?

 

Comment un si petit bonhomme

Peut-il faire un si grand sourire?

J'attends que tu puisses le dire,

Mon géant haut comme trois pommes.

Épitaphe

 

Mes songes ressassent le pire

La Mort n'a plus rien à me dire

Même les fantômes se taisent

Et seul ton sourire m'apaise.


Ô dieu du mal et de la guerre,

Seul maître de notre univers,

J'ai compris ce que tu veux taire :

Nous sommes déjà en Enfer.

Séduction

 

À ton cœur traître

Qui sera cher

Si pour te plaire

Je dois paraître?


Devenir autre?

Être l'élu?

Aimeras-tu

Moi ou bien l'autre?

mardi 17 juin 2025

Manihus : résumé de la partie du 16/05/25 (Terre Seconde)

   Ce qui suit est une brève évocation du déroulé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du vendredi 16 mai dernier, dans le cadre de la campagne "Face au crépuscule des Dieux". Cela s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.




Ô Voyageur des étoiles! (Sternwanderer)

D'où que tu reviennes,

sache que tu entres

dans l'ultime maison du Dieu,

où sont préservées les traces

de son essence divine,

absolue et insoumise

à la foi de notre peuple.

Nous, 

les derniers des Diseurs-de-Lune (Mondsprecher)

avons érigé cette forteresse

contre l'oubli et l'ingratitude,

car notre peuple a perdu

son Dieu et son Temps

en tombant sur cette planète venteuse.

Quelle que fût ta mission, voyageur,

sache qu'elle n'a plus de sens en ce Temps.

Mais dans le labyrinthe des Temps Mauvais (Falga)

créés pour abuser le profane,

seul un vrai Diseur-de-Lune

trouvera le Temps Fabriqué (Wila)

de rejoindre en pas comptés

le lieu sombre où le Temps n'est plus, (Tunkal)

que la lumière même ne peut quitter,

où seul l'élu engendré en secret (Zaltrag)

pourra réincarner le Dieu.

mercredi 28 mai 2025

Génocide

 Gorges déployées d'enfants morts

Aux mains rouges de masques retors

Zéro des temps sanglants du mépris

Assoiffés près d'une mer de cris

lundi 26 mai 2025

4.48 Psychosis (13,14 et 16 juin)



Dans le cadre d'une carte blanche 
de la troupe de théâtre "la Porte Entr'ouverte",
Sandy et moi proposons une adaptation 
de la pièce de théâtre 
"4.48 Psychosis" de Sarah Kane
où la danse s'associe au texte pour en exprimer
toute la force, grâce à puissance évocatrice du flamenco :



 

lundi 12 mai 2025

La porte du périhélie : résumé de la partie du 25/04/25 (Terre Seconde)

  Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du vendredi 25 avril dernier, dans le cadre de la campagne "Face au crépuscule des Dieux". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.


    Étendue dans son lit, ses yeux argentés grand ouverts, Eldrid ne parvenait pas à trouver le sommeil. L'image de l'étrange cercle de pierres ne quittait pas son esprit. Selon la Runenmeisterin Hedwig, c'était la porte du Manihus, qu'Azenzêr appelait "le tombeau du dieu Delling" avec un rictus gourmand d'antithéiste. Mais elle ne s'ouvrait que trois jours par an, autour du périhélie, le moment où la Terre et le Soleil étaient le plus proches...


               Dans l'espace d'un baiser 

               Presque possible 

               Entre Terre et Soleil

               Manihus existe à tout jamais

               Par l'intermittence sacrée

               Où le Dieu réapparaît...

    

    disait la prière inscrite sur la Falgasten du jeune mage. Ainsi le Manihus n'existait en réalité que ces trois jours-là. Voilà pourquoi la plupart de ceux qui l'avaient cherché en sondant la roche par le biais de quelque sortilège avaient le plus souvent échoué et hâtivement conclu à son inexistence. Le Temps du dieu et celui des Terriens ne se rencontraient que brièvement. Delling, le dieu oublié, le dieu mort des Mondalben, revenait-il à la vie lors de ces heures furtives?

    Ils le sauraient bientôt, puisqu'ils y retourneraient une fois prises toutes les dispositions afférentes à l'élection du Jarl Hamadryos. 

    -Tankred, demanda-t-elle à son frère, censé dormir de l'autre côté de la chambre. Crois-tu que le Jarl a eu raison d'accepter la couronne? 

    -Ghnon, grogna le nécromant, se retournant ostensiblement vers le mur pour lui tourner le dos. Faut être cinglé pour vouloir être roi. 

    -Il ne le souhaitait pourtant pas. 

    -Raison de plus. 

    Eldrid sourit pour elle-même : Tankred ne dirait évidemment rien d'autre, puisqu'il abhorrait l'idée même de réclamer le trône de leur père, en Arseterre. Hamadryos avait accepté à son corps défendant mais sa décision semblait avoir ravi bien des gens, à commencer par les gens de Valrouge eux-mêmes et les autres habitants du Kristalldrachenland. 

    Azenzêr était chargé de s'occuper des Collecteurs d'impôts et de recruter des instituteurs... noble idée que de chercher à instruire son peuple! Le Runenmeister Søren était chargé des Tribunaux Royaux. Le Druide Flynn serait l'ambassadeur auprès des Celtes et la Runenmeister Hedwig responsable des archives et du trésor avec les Nibelungen de Glasraam. La guerre reprendrait contre l'usurpatrice au printemps prochain.

    L'usurpatrice... Hildegarde Gerlach ici, mais Occlo Maltravers en Arseterre. Le jeune devin du Jarl avait été formel : elle préfèrerait relâcher Fenrir de ses propres mains plutôt que de perdre cette guerre. En avait-elle vraiment les moyens? 

    -Tankred, reprit-elle.

    -Quoi?! s'emporta son frère, agacé. 

    -Si nos origines t'indiffèrent, pourquoi t'intéresses-tu comme moi au Manihus, l'ultime temple du dieu qui nous rendit immortels? 

    Pour toute réponse, Tankred psalmodia le texte complet gravé sur la Falgasten: 


              Dans l'espace d'un baiser 

               Presque possible 

               Entre Terre et Soleil

               Manihus existe à tout jamais

               Par l'intermittence sacrée

               Où le Dieu réapparaît 

               Sous le regard attentif 

               Des voyageurs du vide 

               Et des visages à venir

               Comme des âmes trépassées

               Étincelle dont naquit 

               Tlaltonatiuh 

               le Soleil de terre


 

    



mercredi 7 mai 2025

Ras-le-bol

 


En mon esprit peu serein

Mais encore trop candide,

Tu distilles ton venin 

En gouttelettes acides

Parées de mauvaise foi.

T'en rends-tu seulement compte?

Pourquoi n'y a-t-il que moi

Qui ressente de la honte?



vendredi 18 avril 2025

Trop grand pour être scanné...

Mon dernier dessin étant trop grand pour pouvoir le scanner, nous l'avons pris en photo une fois encadré en tâchant d'éviter les reflets... l'une est plus claire mais moins contrastée...






Illustration pour le jeu de rôle Terre Seconde 


mardi 1 avril 2025

Mage infernal


 

Une nouvelle illustration pour 

le jeu de rôle Terre Seconde :

Priam Cerberi, mage infernal. 

www.terreseconde.fr 

vendredi 28 février 2025

Falgasten : résumé de la partie du 23/02/25 (Terre Seconde)

 Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 23 février dernier, dans le cadre de la campagne "Face au crépuscule des Dieux". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.


Depuis qu'il avait quitté son village natal en Arlidh pour venir à Valrouge, Edern ne se laissait pas d'observer les mille étrangetés quotidiennes de ce petit village. Valrouge avait beau n'être qu'une forteresse perdue dans les montagnes aux confins du Norrenwelt, avec quelques fermes et champs à l'entour, il s'y déroulait quotidiennement des événements qu'il fallait bien appeler fabuleux, dignes des chants des bardes glorifiant les héros du passé.

-Edern! s'écria Erell en arrivant vers lui d'un pas rapide sur le chemin de ronde. Qu'est-ce que tu fais sur les remparts?

La cheffe des mercenaires celtes employés par le Jarl, originaire d'Arlidh comme lui, avait tendance à considérer Edern comme un enfant perdu du pays. Mais Edern ne regrettait pas son pays natal, où il n'était guère plus que l'idiot du village. Ici, il était considéré par Hamadryos comme un être élu, presque sacré, de par son don de prescience, auquel le Jarl faisait régulièrement appel.

-Regarde, dit-il pour toute réponse, en montrant la direction du sud.

Malgré elle, Erell ne put s'empêcher de scruter l'horizon nocturne. À leurs pieds s'étendait la vallée, le village, les champs, la forêt... plus loin, souligné par la lumière de la Lune, le contour dentelé de la Soufrière, cette ligne de roches escarpées regorgeant de soufre, que les gens du coi disaient être le cadavre d'un dragon du feu, le ruban sinueux de la Hase, la rivière formant la frontière méridionale du Kristalldrachenland et du Royaume, et enfin les forêts épaisses des Terres Sauvages, qu'elle avait tendance à imaginer grouillant de Gobs.

-Regarde plus loin, insista Edern, comme s'il lisait sa perplexité sur son visage, jusqu'à Männwig.

-Männwig?! Tu plaisantes? C'est la ville de la Jarlna Annalilla Thorgest, non? Au Niederardei? Comment veux-tu que je voie jusque-là?

-Ils sont là-bas en ce moment, poursuivit Edern, ignorant superbement la remarque d'Erell.

-Qui çà?

-Le Roi, le Gardien de l'arc-en-ciel, l'écolière d'Elvidnir, le fils du Soleil et le Druide-Prince.

Erell était accoutumée au charabia du jeune devin, qui évoquait les contes abscons des bardes de son pays. Accompagnés par une harpe et portés par un chant mélodieux, ces mots eussent éveillé en elle une indéniable nostalgie, mais au beau milieu de son quart de garde en pleine nuit et sur les lèvres d'un benêt, cela ne suscitait qu'un fort sentiment d'impatience.

-Le Roi? répliqua pourtant la mercenaire. Le Norrenwelt n'a plus de Roi... ou alors parles-tu d'Örn, le fils du défunt Roi Karl?

-Non, je parle du Jarl Hamadryos.

-Qu'est-ce que tu racontes?

-Demain, l'Althing proclamera par cinq voix contre quatre la déchéance de la dynastie des Gerlach et désignera comme nouveau Roi du Norrenwelt Hamadryos Pythonien, Jarl du Kristalldrachenland. Outre lui-même, voteront en sa faveur les Jarls Ingemar, Annalilla Thorgest, Dynhaÿl Düsterflug et Eÿggil.

-Eÿggil? s'étonna Erell. Le fils du Jarl Sigurd du Harz? Tu divagues, décidément : il est mort comme son père!

-Un étrange prêtre chrétien du nom de Colme l'a ramené à la vie. Dorénavant, il se montre avec une croix d'or autour du coup et proclame à qui veut bien l'entendre sa dévotion nouvelle pour le Dieu Crucifié.  

Erell songea que si elle devait une seconde chance au Dieu Crucifié, elle se montrerait sans doute tout aussi reconnaissante à son égard. Mais si ce Dieu ressuscitait tous les païens pour les convertir... quelle pagaille en perspective! Elle hésita un instant à rabrouer le jeune idiot, d'abord parce qu'il était le protégé du Jarl sélénite, mais aussi parce qu'il disait parfois vrai, le bougre. Mais quelque chose la tracassait  toujours :

-Nous verrons bien demain si tu as raison, mais en tous cas le Roi... enfin le Jarl ne peut y être déjà! Il s'y rendra demain et dort en ce moment dans sa cellule ici-même.

-C'est vrai, admit gravement Edern. Leurs êtres d'aujourd'hui sont ici mais leurs êtres de demain matin seront transportés une demi-journée en arrière jusqu'à maintenant.

-Allons bon... gémit Erell, passant une main sur ses yeux.

-Ils croiront que le Soleil se couche à l'est mais ils ne verront qu'une aurore inversée, à cause d'Okayan Svarogitch Gordel, un magiocrate de Mouchkine, la cité aux quatre cigognes -

-Hein?

-Quelque part en Orgia.

-Ah, d'accord. Mais seuls les sorciers peuvent voyager dans le temps Edern. Comment un simple mage en serait-il capable?    

-Lui non! Mais il a un Falgasten sur lui.

-Un quoi?

-Une pierre du mauvais temps.

-Un truc pour faire pleuvoir?

Mais Edern agita les mains en signe de dénégation, avant de reprendre, sur le ton d'un conteur s'adressant à une enfant :

-Jadis les prêtres du dieu mort Delling, l'ancien dieu du Temps des Mondalben, les premiers Sélénites, celui qui leur offrit le don de l'immortalité en les laissant boire l'eau de la source Mimir, parcouraient souvent les innombrables et tortueux méandres du Temps. Mais même leur esprit rompu à tous les paradoxes se perdait parfois dans ces pérégrinations insensées. Alors ils se trouvaient piégés dans le Falga : un temps circulaire engendrés par eux dont ils ne savaient plus s'extraire. Pour en sortir ou plus simplement pour échapper à toute divergence intempestive, ils créèrent ces objets sacrés, utilisables par la seule volonté, pour revenir en des points spécifiques du temps et de l'espace, auprès d'une personne de leur choix. Le Falgasten porte l'image de la personne en question et...

-Laisse-moi deviner, le Falgasten de cet Okayan était à l'effigie du Jarl?

-Tout juste. Okayan cherchait comme lui le Manihus, le temple lunaire enfoui de l'archipel Cadutto... et tombeau de Delling.

-Bon, tu recommences à divaguer, bonhomme. Allez viens, je te raccompagne.

mardi 25 février 2025

Théâtre à nouveau (8 et 15 mars)

 À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, la compagnie La Porte Entr’Ouverte continue sa tournée en Essonne et vous invite à deux représentations de Et nos larmes, déraisonnables le samedi 08 mars 2025 à 18h30 à la médiathèque Marie Curie de Saint-Michel-sur-Orge et le samedi 15 mars 2025 à 20h30 à l’Escale de La Ville-du-Bois.

Après avoir questionné les spectateurs dans les salles de Longpont-sur-Orge, Morsang-sur-Orge, La Norville, Cerny et Villiers-sur-Orge, venez (re)découvrir deux textes d’Axel Vinot Préfontaine : 120 (nombre variable) et Autopsie de la cendre. Ces textes s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes.

Vous pouvez réserver pour Saint-Michel-sur-Orge à l’adresse suivante (représentation gratuite) :

https://mediatheques.coeuressonne.fr/agenda/agenda-et-programme/3207-spectacle-et-nos-larmes-deraisonnables#date-5514 

Pour La Ville-du-Bois, réservation en retour de mail ou par SMS au 06.20.85.05.98. Nous ouvrirons les portes 20 minutes avant le début du spectacle pour permettre une bonne installation de chacun. Le billet d’entrée est libre, c’est donc vous qui choisissez le montant qui vous paraît le plus juste.

Informations pratiques :

https://www.laporteentrouverte.com/

 Médiathèque Marie Curie, Place Marcel Carné, SAINT-MICHEL-SUR-ORGE (8 mars) : représentation gratuite

 l’Escale, salle H.G Adam, 14 Chemin des Berges à LA VILLE DU BOIS (15 mars)

Durée de la représentation : 1h10








jeudi 13 février 2025

Vaurmalbe

 

 "En voyant le ciel recouvert du sang du Soleil égorgé par Fenrir, 

Dynhaÿl comprit qu'elle devrait retourner dans le monde souterrain, 

qu'elle avait pourtant fui des années auparavant..."

Illustration pour le jeu de rôle

Terre Seconde

www.terreseconde.fr

mardi 4 février 2025

vendredi 31 janvier 2025

Fragments jeunesse vivante (encore une invitation au théâtre)

 La troupe de la Porte Entr'ouverte propose la pièce originale Fragments Jeunesse Vivante (Il nous faudra crier que c’est nous tous) les 07 & 08 février 2025 à 20h30, 09 février 2025 à 15h30 dans la salle des Échassons de Longpont-sur-Orge. Nous ouvrirons les portes 20 minutes avant le début du spectacle pour permettre une bonne installation de chacun. Un verre de l’amitié clôturera chaque représentation.

Le billet d’entrée est libre, c’est vous qui choisissez le montant qui vous semble le plus juste, selon vos moyens. N’hésitez pas à réserver par avance afin de vous accueillir de la meilleure des façons.

Informations pratiques :

Salle des Échassons (accessible aux personnes handicapées) : rue André Chermette, 91310 LONGPONT-SUR-ORGE ; parking à proximité immédiate.

> Durée de la représentation : 1h00 suivie d’un verre de l’amitié offert par la compagnie.

> Déconseillé aux moins de 12 ans.

> Entrée libre (règlements en espèces  ou chèques uniquement)

> Un problème, une question ? 06.20.85.05.98




vendredi 17 janvier 2025

Zâna Neagra : résumé des parties des 10/12/24, 07/01/25 et 14/01/25 (Terre Seconde)

         Le texte qui suit est un court résumé des parties du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) des 10 décembre, 7 et 14 janvier derniers, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table. 


-On me dit folle, mais je vois, murmura La jeune fille dans l'obscurité de sa roulotte. On me dit folle, mais je sais.

-Oui, Saturne, répondit Minhéa, qui lui caressait les cheveux. Dis-moi ce que tu vois. Raconte-moi ce que tu sais.

-Ils ont versé le sang d'un innocent... à nouveau...

-À nouveau? Veux-tu dire qu'ils seraient coutumiers du fait?

-Sur l'écume de l'Océan Pélagique ils ont tué. Damnés. Damnés par le Roi Ixiom à qui ils offrirent le sang pur... Damnée la Capitaine, damné l'Enfant-démon, damné le Mage.

-Et la Sorcière?

Saturne hocha la tête négativement, tout en versant deux larmes silencieuses. Minhéa haussa les sourcils : ainsi la petite Neïa ne comptait plus au nombre des damnés. Avait-elle avait franchi ce pas vers Dracul par ce nouveau sang innocent? Non, puisque l'Enfant-démon était responsable de ce meurtre.

-Elle est marquée, comme toi, n'est-ce pas? reprit-elle, en approchant ses lèvres de l'oreille de Saturne.

Comme la jeune fille ne répondait pas, elle poursuivit :

-Pas tout à fait comme toi, alors?  Robotaș et non Ajutor?

Pour toute réponse, la jeune fille frémit de toute sa peau en entendant les trois syllabes du sinistre mot Robotaș et de tout ce qu'il impliquait. 


Marquée, la petite Sorcière avait de plus embrassé les ténèbres de son propre chef et renoncé volontairement à son propre salut. Son âme était désormais au-delà même de la damnation. 


Pour Minhéa cependant, cette nouvelle lui arracha un demi-sourire de satisfaction, elle qui excellait pourtant à masquer ses véritables émotions.

Ajutor et Robotaș, pour la double nature du Dragon Mort, à la fois Maître et Prisonnier. Si Stepan Scarabaë pouvait voir ce sourire! Après des années passées dans ce maudit pays, au service d'un Voievod un peu trop malin pour être aisément floué, méfiant comme le pire des truands et mauvais comme la teigne, elle tenait l'une des clefs qui lui permettrait de trouver l'un des Geôliers!

-Trois restent damnés, reprit Saturne, en comptant sur ses doigts. Trois qui iront jusqu'à Predeal pour recouvrer leur âme.

-Predeal... Ils en sont encore bien loin, répliqua Minhéa en se redressant. Avec Zâna Neagra à leurs trousses maintenant, je doute qu'ils aillent même jusqu'à Aghast.

-Aide-les, Baise-la-Mort.

Minhéa se retourna d'un coup, comme frappée par la foudre : c'était la première fois que Saturne s'adressait à elle en employant son surnom de jeunesse. 


Elle ne l'avait jamais mentionné, pourtant... Dracul savait-il? Les yeux jaunes de Saturne, ouverts sur les paumes de ses mains en même temps que sur son visage, luisaient doucement à la lumière de la Lune qui filtrait par les interstices entre les volets de la roulotte.

-Sans toi, ils sont perdus, Baise-la-Mort, insista Saturne. Zâna Neagra les a vus dans les yeux du petit garçon, de Chorgol, de Para et des autres habitants du village qu'ils ont tués. Zâna Neagra les retrouvera, tu le sais.

-Peut-être, admit Minhéa.

-Tu as peur, Baise-la-Mort?

Minhéa ne répondit pas. A l'extérieur, la rumeur du village affolé et furieux s'apaisait peu à peu. Trop de sang avait coulé cette nuit. La Garde de Fer, dont Zâna Neagra n'était qu'une émanation, ne les lâcherait sans doute pas. Malgré leurs pouvoirs, ils ne pourraient pas éviter indéfiniment la confrontation. Mais il y avait Morgon.

Morgon Tréa Iz Morïa, que les dieux chtoniens remettaient sur son chemin. Avait-elle vraiment bu l'eau du Léthé pour être ainsi amnésique ou n'était-ce qu'un grossier subterfuge, si grossier qu'il pourrait bien réussir? Les Vaurmalben avaient bien ce genre de pensée retorse. Dans son fanatisme aveugle, la Galen avait toutes les raisons de vouloir sa mort. Mais se souvenait-elle seulement de ces raisons? Ses yeux écarlates n'avaient exprimé qu'une parfaite surprise, lorsqu'elle lui avait demandé si elle l'avait oubliée. Et pourtant... tout cela pouvait n'être qu'une mascarade de plus. Une sinistre farce dans laquelle elle jouait sa vie.

-Tu as peur, Baise-la-Mort, reprit Saturne, comme l'énoncé d'un fait évident.

-Il va falloir me montrer prudente, acquiesça finalement Minhéa. J'ai promis à la Capitaine de les retrouver sur la route du levant et sans mon aide, ils n'arriveront sans doute pas à Predeal. Je me demande seulement ce qu'ils espèrent y accomplir?

-Tels sont les damnés du roi-vampire, conclut Saturne d'un ton définitif. Ils espèrent trouver leur salut là où reposent les anciens Rois. Là où le Dragon Mort attend ses enfants.

mardi 7 janvier 2025

Euménides


 

Trois lignées d'Elfes Chtoniens,

chacune associée à l'une des Érinyes : 

 Mégère, Tisiphone et Alekto

(de gauche à droite).

Illustration pour le jeu de rôle Terre Seconde

www.terreseconde.fr