samedi 31 août 2013

Ειδήσεις από την Κρήτη II (Nouvelles de Crète II)

J'implore par avance votre magnanimite face a l'absence
d'accentuation de cette modeste missive mais les claviers grecs
se soucient peu de l'orthographe francoise.

Quelques nouvelles donc de cette petite escapade dans l'isle
de mon ancestre M. Alexandre Xiradakis, a qui je dois mes prenoms
hellenisants, et ou je retouvai quelques-uns des gousts et odeurs de mon enfance : jasmin, eucalyptus, thym, yaourts, souvlaki,moussaka, choriatiki, cafe turc (pardon, grec!) et raki...bon, peut-estre pas les deux derniers.

Arpenter les montagnes et les plages cretoises en sandales de touriste faisant
de moi un heritier de mes illustres predecesseurs : Venitiens et Turcs,
 je pris soin en quelques castels de sable d'ajouter
moi aussi une modeste contribution a l'architecture locale, aux pieds
des forteresses et fontaines de la Serenissime et des minarets de la Sublime Porte, fort soucieuse apparemment du salut de ses Janissaires.

Se deplacer le long des routes en lacets de la montagne est
une promenade magnifique, mais point exempte de dangers.
Pour vous donner une idee du caractere montagneux du lieu
il suffit d'une anecdote quelque peu suprenante. Pendant la
Seconde Guerre Mondiale la resistance cretoise fut tres
intense (les gens chantent encore des chansons de cette
epoque aux festins populaires comme il nous fut donne
de l'entendre), et de nombreux soldats britanniques
furent loges et nourris par les resistants, et caches
dans une certaine mesure... puisqu'alors que les armees
allemandes et italiennes occupaient les ports du nord de
l'isle pour assurer le ravitaillement de l'Afrikakorps
(les costes lybiennes etant a 300km au sud), les
britanniques prenaient des cafes en plein jour en
uniforme dans les villages du sud, tres difficiles
d'acces (certains n'ont encore a ce jour aucune route).

Mais foin de ce relief facetieux, le plus etonnant est aujourd'hui
la Nea Ethniki Odos, ou "nouvelle route nationale"
reliant les villes du nord : La Canee, Rethymno, Heraklion...
qui est aussi l'autoroute cretoise!

M. Theobbald van Derdendur, commissaire aux autoroutes europeennes,
a sans doute eu cette discussion avec les responsables cretois :

-Mais dites-moi sur votre autoroute il faudrait ajouter
une bande d'arrest d'urgence! Et plus vite que ca!
Convertissez-moi immediatement la seconde voie en
bande d'arrest d'urgence!
-C'est que... Il ne restera plus qu'une seule voie et a cause
du relief...
-Veux pas le savoir, c'est une reglementation europeenne!
Pas d'autoroute sans bande d'arrest d'urgence!

La circulation en Crete etant ce qu'elle est, les vehicules lents roulent
donc sur la fameuse bande, qui souvent se reduit a une demi-voie,
sur laquelle on doit se caler tant bien que mal entre les bolides
et le ravin qui, faute du soutien psychologique de la rambarde,
nous fait une cour assidue. Precisons qu'un vehicule lent est
ici un vehicule qui n'excede de pas plus de 10km/h la vitesse limite.

Reconnaissons que la bande d'arrest d'urgence est parfois une bande d'arrest,
sinon d'urgence, une sorte d'aire de repose improvise. Mon incomprehension
trouve peut-estre sa source dans le fait que la notion d'urgence est ici
assez contradictoire. Un automobiliste presse n'hesitera pas a coller
son pare-chocs au vostre a 100 km/h afin d'exiger de vous que vous
vous rabattiez dans le... ben le ravin en fait, mais au moindre coup de klaxon
de votre part afin de lui signifier votre desir de vivre en depit des
nombreuses tentations contraires, il prendra nonobstant le temps de
vous depasser, puis de s'arrester pour vous laisser le temps
d'admirer un geste obscene, sans doute invitation a regler l'affaire
en gentilhommes autour d'une partie de scrabble... avant de vous
reprendre en chasse... Merveilleuse illustration des effets devastateurs
de la conduite sur l'intellect humain, car si la conduite execrable du
francilien s'accorde parfaitement avec son temperament perpetuellement
agressif et deprime, et sa propension a aboyer des insultes a tout
bout de champ, ce genre de comportement simiesque a de quoi
etonner de la part d'une population remarquablement aimable et
detendue du slip. Le Cretois est courtois, sauf quand il conduit
apparemment.

Mai je m'apercois que mon temperament rasleur si francilien
a pris le dessus sur mon humanisme retrouve (car la Grece
en general transforme le connard misanthrope que je suis en
philosophe du bonheur et de la fraternite), et qu'il ne me reste
plus qu'une minute de connexion...

Diantre que dire? Vous parler des villages abandonnes abritant
sous des grenadiers et des vignes redevenus sauvages des eglises
byzantines du Xeme siecle? Des couchers de Soleil sur les ruines
de la plus grande cite antique hellene de Crete, reduite a un village
isole avec plus de chevres que d'habitants? Des chiens qui attaquent
bravement la carrosserie de notre voiture pour defendre de nos regards
concupiscents leurs quelques moutons? Des grottes avec vue sur la
mer parce qu'on peut estre ermite et avoir le sens du luxe? Du mariage
de nos amis Niki et Vassili dans une eglise troglodyte, raison
premiere de notre voyage... ?

Inutile sans doute, puisque les gens heureux n'ont pas d'histoire.

lundi 19 août 2013

Le prix des belles choses

Ce dessin est une illustration pour le poème "Le prix des belles choses" de Sandy Cazé (http://encredelune.over-blog.org/)