mercredi 9 novembre 2016

En l'honneur de Cthulhu, après onze ans de ronrons et loyaux services...


Mes jolies petites pattes noires,
Je ne pourrai plus jamais vous voir 

Ni vous sentir peser sur mon dos 
Ou mes jambes croisées en berceau.

Quel étrange silence, qui reste
Après qui ne parlait que par gestes. 

Est-ce que ma main prendra de l’âge 
Sans la caresse de ton pelage ?

Le chat s’en va tout seul, sans un mot, 
Toi qui gardais sous tes yeux mi-clos 
Un secret qui rendait le sourire,
Que tu n’as jamais voulu me dire.


Silhouette qui manque à nos murs, 
Passager clandestin en fourrure, 
Qui si souvent soulageas ma peine... 
Je te devais d’achever la tienne.

Même à l’issue de l’ultime alerte, 
Tes paupières sont restées ouvertes. 
Mon chat encore qui se prélasse... 
Mais tu regardais la Mort en face. 



dimanche 6 novembre 2016

Ouzon


Il suffit d’une vie pour céder.
Je le sais : mon âpre solitude 
M’était une sinistre habitude. 
J’avais déjà à toi renoncé.

Il suffit d’une année pour guérir.
Je le sais : je t’ai vue relevée
D’entre les presque-morts, sur tes pieds, 

D’un blanc matin où j’ai cru au pire.

Il suffit d’une nuit pour aimer. 
Je le sais : elle était ravissante 
Cette demoiselle sautillante
Qui a pris ma taille pour danser.


Il suffit d’une heure pour haïr.
Je le sais : ma colère en lambeaux 

Distingue pour moi le vrai du faux. 
Y renoncer serait m’avilir.

Il suffit d’un instant pour mourir. 
Je le sais : je n’ai pas oublié
Ta main juste au-dessus du muret 

Que jamais je ne pourrai saisir.

Mais cinq années ne suffisent pas 
Pour seulement me lasser de toi.