mardi 18 décembre 2012

Croquis d'une sorcière et de son serpent

C'est l'un de mes plus vieux dessins... Mais qu'importe après tout. Ce blog touche à sa fin, car je ne dessine plus guère ces derniers temps. Alors d'une certaine manière la boucle s'en trouve bouclée.

lundi 5 novembre 2012

Mots accordés

(co-écrit avec Sandy Cazé)

 Sa douceur qui n'appartient qu'à elle
 Ainsi qu'au pas silencieux du loup
 Je la retrouve dans l'or du miel
 Et c'est pour ça qu'elle a les cheveux roux

 La force qui irradie de lui
 Qui émane de ses grands yeux bleus
 Doucement fascine mon cœur ravi
 L'enveloppant de son feu chaleureux

 J'aime la toucher, la sentir en vie
 L'entendre et fuir dans ses yeux immenses
 Ou la goûter sur ma langue ravie
 Tous mes sens affolés dans tous les sens

J'aime son visage grave et pensif
Qui s'illumine soudain sur un rire
Telle une fleur éclose au soleil vif
Comme l'eau sombre s'ouvre au navire

Sa plume se vêt de noir pour écrire
Mais sait se parer de mille couleurs
Dans un grimoire ouvert sur l'avenir
Pour enluminer nos plus belles heures

 Il apprend aimer à l’imparfait
 Trembler casser et rêver en latin
 Me fait découvrir un monde parfait
 Ou tout se forme de une et de un

Tu m'as permis d'oser et d'être
Ton regard si vrai m'a fait renaître


Tu me manques autant que tu m'attires
Jolie gardienne de mon sourire

lundi 29 octobre 2012

mardi 16 octobre 2012

Ce matin

Malgré ma peur d'être
Je dois digérer
Ce jour tel qu'il est
Avec son goût traître

Tout me semble vain
Et surtout hideux
Mais tes jolis yeux
Sourient ce matin

Ton regard se pose
Sur ma peau mes lèvres
Calmant ma fièvre
Et je me repose

Mon destin amer
Toujours aux aguets
Prêt à m'écraser
J'attends ta colère

Mais rien ne bouge
Et j'ai déjeuné
D'un baiser volé
Le temps d'un feu rouge

mercredi 12 septembre 2012

Facebook? J'en suis indigne.

Je voudrais te remercier de m'avoir éclairé sur Facebook.

Plus qu'éclairé tu m'as dessillé les yeux car je refusais ce magnifique outil par pur obscurantisme, sans bien savoir pourquoi. Grâce à toi je sais maintenant pourquoi je n'aurai jamais de page Facebook.

Nous nous rencontrons moins d'une fois par an et je ne pense pas que nous soyons véritablement amis, aussi suis-je encore tout ému à la pensée que tu a bien pris un quart d'heure entier de ton temps pour me convaincre de m'inscrire sur Facebook. Tu m'expliquas en effet que cette véritable agora numérique te permettait de rester en contact avec des gens qui ne valent pas la peine que l'on fasse usage de ce fastidieux et préhistorique outil qu'est le courier électronique... des gens comme moi par exemple.

Alors la vérité m'est apparue dans sa splendide et chaste nudité : pour les gens comme toi, ces hommes et ces femmes du monde plongés au cœur vibrant du tourbillon de l'existence, qui savez embrasser d'un seul coup d'œil le virevoltant chaos de la vie, qui pouvez accomplir  vingt tâches simultanément, comme de boire un cocktail tout en utilisant votre smartphone et en participant à une conversation indifféremment sur l'avenir de la zone euro ou la récente performance sportive d'inconnus en maillot colorés, qui telles des araignées infatigables parcourez en tous sens la toile toujours croissante d'un réseau social incommensurable, vous dont la vie sociale est si riche, si complexe, si ramifiée, si trépidante, vous qui avez banni de votre vocabulaire l'ennui, l'inaction et la disponibilité, sans cesse sollicités par la civilisation à laquelle vous ne cessez de contribuer si brillamment, il est évident qu'il est essentiel pour vous d'entretenir tous ces liens intangibles que vous forgeâtes, fût-ce de manière symbolique, et surtout de la manière la plus efficace possible, en y consacrant un minimum de temps et d'efforts. De temps surtout, car le vôtre est si précieux!

Mais pour moi? De quel usage me serait Facebook, à moi chauve-souris misanthrope aveuglée par mon étroitesse d'esprit? Moi qui ne suis qu'une anomalie sur le glorieux chemin de l'humanité, une aberration asociale, une malformation même pas assez exceptionnelle pour en devenir intéressante... Ce serait gaspiller en vain la générosité de tous ces bénévoles qui œuvrent avec acharnement au maintien de cet extraordinaire outil, pour l'édification des grands esprits par eux-mêmes!

Ce serait ajouter une criminelle inconscience à la médiocrité de mon existence. Ainsi considère que c'est un engagement modeste mais ferme vis-à-vis de la société : jamais je ne lui imposerai l'inutilité de ma présence sur Facebook.


jeudi 9 août 2012

La mort apprivoisée

Ce dessin est inspiré de ma nouvelle "La Mort apprivoisée", publiée chez Fleuve Noir et disponible à cette adresse : 
http://www.terre-seconde.org/HTML/tl.html

mardi 7 août 2012

Vivre ou le jeu dangereux du regard

Tout a changé dirait-on : j'ai quelqu'une à perdre
Et rien n'a changé pourtant, sauf mon regard
Oserais-je regarder en bas par hasard?
À présent que j'ai enfin quelque chose à perdre


J'ai vécu pas à pas malgré eux, malgré tout
Malgré l'eau, malgré la foudre et malgré les ronces
Guidé par l'écho de mes questions sans réponse
Malgré ma peur, je suis encore debout


Je suis de ceux qui ne s'attendent qu'au pire
Par habitude et peut-être par orgueil
S'il le fallait je dînerais sur un cercueil
Et parfois la laideur du monde me fait rire


Je n'ai pas la patience du veau qui meugle
Après la bienfaisance de l'herbe mûre
Et je préfère cent fois meurtrir la nature
Plutôt que subir sa violence aveugle


Je saigne ma pensée en mots et en images
Le plus souvent dans la pénombre et le silence
J'ai appris à digérer votre indifférence
C'est ce qui me permet de parler sans ambages


Je sais que l'âme n'est pas faite d'eaux lustrales
Et je tends mes mains vers les horreurs sous la vase
Car je sais qu'il faut leur donner corps et emphase
Comme ces gens qui bâtirent les cathédrales


Quand la fête m'ennuie je ferme ma porte
Seul passager de mes nuits bleues d'insomnie
Je reste aussi seul juge de ma courte vie
De ce que j'aime et surtout de ce qui m'importe


Seul maître du sang qui circule dans mes veines
Libre de le faire un jour noircir au Soleil
Voire d'y laisser butiner quelques abeilles
Parmi celles qui se sont lassées du pollen


Seul aussi face aux angoisses qui me dévorent
Et rétif aux outils poisseux du réconfort
L'avenir dira si j'avais raison ou tort
Mais aujourd'hui je veux vivre et vivre encor

vendredi 6 juillet 2012

Hаoбopoт (Naoborot)

"Naoborot" signifie "au contraire" et c'est pourquoi ce monstre a une anatomie inversée. L'idée est de créer un sentiment de malaise en allant à l'encontre des habitudes de vue.

mercredi 4 juillet 2012

Louve-Garou


En finir avec les créateurs

L'accomplissement de soi passe par la passion créatrice, ou l'assouvissement de l'instinct créatif. La création n'est pas forcément artistique ou littéraire, elle peut être scientifique, sociale, politique, religieuse etc... Le poète est étymologiquement celui qui fait, celui qui agit, sans limitation du domaine dans lequel il agit. 


L'être humain doit apprendre l'indépendance mentale, c'est-à-dire à aménager un domaine de son existence qui soit indépendant du bon vouloir de son environnement. Tel Candide, chaque être humain doit cultiver son jardin intérieur et son interaction subtile avec le monde extérieur.


Van Gogh n'a jamais eu besoin de vendre ses toiles pour peindre, car l'instinct créateur s'exprimait en lui par la peinture et non par le succès. D'autres se nourriront au contraire de ce succès, et en cela l'accomplissement de leur instinct créateur deviendra dépendant de leur environnement, ce que j'appelle une déviation de l'instinct créateur.


Élever des enfants ou enseigner est un exemple d'accomplissement d'une passion créatrice, il devient une déviation dès l'instant ou il dérive en une volonté de contrôler l'évolution de l'enfant et sa destinée au-delà de ce que l'éducation parentale ou scolaire peut et doit apporter. 


Une passion créatrice non déviante doit donc survivre à la défection de l'environnement, à sa dislocation éventuelle. Elle permet alors à la personne de construire le sens de son existence. 


Car la vie n'a d'autre sens que celui que chacun s'invente. 


Que ce soit notre nature ou notre histoire, selon qu'on soit essentialiste ou existentialiste, ou un peu des deux lorsqu'on est prudent, nous portons en nous cet instinct créateur et notre  manière unique et personnelle de l'épanouir. Chaplin a dit que la vie est un désir et non un fait. La vie est en effet un désir, une volonté tendue vers cet accomplissement d'un instinct créateur unique à chacun.


C'est boire à une eau intarissable que de rechercher en soi ce monde caché, cette jungle infinie dans lequel nous entraîne la poursuite de l'instinct créateur. Sans cette dimension magique, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. 


La volonté de puissance, si chère à Nietzsche, n'est en elle-même qu'une déviation de l'instinct créateur. Elle exprime un désir d'agir sur l'environnement; c'est une déviation dans la mesure où la volonté de puissance conduit rarement en elle-même à une activité créatrice. Le pouvoir n'est qu'un moyen, et non une fin en soi. Rechercher le pouvoir pour accomplir une vision politique peut être une manière d'assouvir son instinct créateur. Rechercher le pouvoir pour lui-même ne peut conduire à aucun assouvissement: c'est une façon d'accumuler les moyens d'agir sans jamais oser l'utiliser, de peur de le perdre. Cette attitude est similaire à celle de l'avare qui accumule de l'or sans jamais l'utiliser.


Il est indispensable pour pouvoir se consacrer pleinement à son désir créateur d'en finir avec le mythe des créateurs en tant que caste particulière d'élus au sein de l'humanité. Il est fréquent que les certaines personnes soient étiquetées "créatifs" ou "artistes" soient dès lors  considérées comme exceptionnelles par leur entourage "non-créatif". La divinité du créateur est peut-être liée à notre culture religieuse, mais elle est en tous cas potentiellement inhibitrice chez ceux dont les pulsions créatrices sont encore trop timides.


Si les civilisations eurasiennes ont longtemps méprisé l'artiste, notre civilisation occidentale dominante elle en a fait une icône servant ses deux valeurs fondamentales : la consommation et le spectacle. Cette déification de l'artiste à travers le vedettariat se retrouve au niveau individuel par une tendance accrue à placer toute personne dotée d'une prétention artistique d'une aura particulière, jusqu'à Goldman qui remercie les filles faciles qui se donnent "pour quelques accords de guitare".


Finissons-en avec les créateurs et ceux qui les utilisent, et affirmons la nécessité pour chacun de trouver son filon (ou ses filons) créateur et de s'y engouffrer pleinement, sans la conscience préétablie de n'être pas de cette nouvelle Race des Seigneurs que seraient les "créatifs".

jeudi 21 juin 2012

vendredi 8 juin 2012

En finir avec l'honneur

L'honneur est une forme  de code moral, en général issu d'une culture particulière, et qui repose sur des valeurs individuelles précises. Ces valeurs sont justement purement individuelles, elles insistent sur le comportement de l'individu plutôt que sur les conséquences sociales de ses actions.


Tuer un homme peut par exemple dans la culture occidentale être honorable dans le cadre d'un duel à armes égales, mais sera déshonorant si l'un des deux fait usage de poison. En pratique le résultat sera le même : la victime sera morte, la raison de sa mort sera celle du duel dans les deux cas, mais l'usage du poison est considéré comme une déviance car c'est en fait la valeur guerrière pure de chaque belligérant qui doit être évaluée. Dans une société guerrière, l'aptitude au combat est la valeur morale essentielle, donc on donne raison à qui en fera montre au plus haut niveau. Si la société valorisait plutôt la furtivité et la dissimulation, l'usage du poison serait considéré comme honorable.


De même le respect de la parole donnée est souvent associé à l'honneur, même si ce respect de la parole donnée conduit à des actions particulièrement immorales ou stupides. Dans les sociétés archaïques sans droit écrit, le respect de la parole donnée devient naturellement un élément de stabilité indispensable et donc une valeur morale nécessaire. Dans un pays de droit écrit le respect de la parole donnée devient obsolète.


L'honneur exalte donc certaines qualités individuelles : le courage, la loyauté, la piété, l'intransigeance, le respect de la famille, l'indépendance... sans prendre en compte les conséquences concrètes des actions individuelles inspirées par ces qualités. C'est un code moral "égocentrique" voire "autiste" dans son refus de prendreen compte la dimension sociale et collective d'un code moral, né en principe de la nécessité de vivre ensemble.


Contrairement à ce qu'on peut parfois entendre de ci de là, l'honneur n'est pas en défaveur en cette aube du XXIème siècle. Quoiqu'étant un référentiel moral particulièrement archaïque puisque fondé sur la valeur individuelle sans point de vue collectif et social, l'honneur est très en vogue, mais sous une forme nouvelle.


La société ayant évolué on  verra en effet assez peu souvent quelqu'un prêt à mettre sa vie en danger pour défendre le respect de la parole donnée, la tradition religieuse ou les liens du sang etc... hormis chez les nervis d'extrême-droite et fanatiques religieux. Mais une autre forme d'honneur, plus adaptée aux valeurs contemporaines, est apparue. Notre société exalte essentiellement deux valeurs : le spectacle et la consommation. Or on peut voir en effet des mannequins prêtes à se laisser mourir de faim pour ces valeurs, ou des racailles de banlieues prêtes à mettre leur vie en danger (et celle des autres...) pour posséder les biens qui excitent la convoitise de tous et que leur situation socio-économique place hors d'atteinte par des moyens légaux.


De clanique et familial, notre honneur est devenu spectaculaire et consumériste, mais il est toujours présent. Il sert encore de référentiel moral extrêmement simple où l'individu n'a qu'à suivre une certaine idée de la vertu individuelle sans jamais avoir à s'interroger sur la complexité de la société et des relations entre les hommes. On parle d'ailleurs souvent de "code d'honneur", comme si les questionnements moraux pouvaient être résolus à la manière d'un code de lois figées une bonne fois pour toutes, qu'on se doive d'appliquer à la lettre sans jamais remettre en cause l'esprit qui les anime. 


L'honneur n'est finalement rien d'autre qu'un substitut de morale à l'intention de ceux qui souhaitent précisément fuir la réflexion morale. On peut être fier de n'avoir pas d'honneur, car cela  signifie qu'on a le courage de me poser au quotidien les vraies questions morales, auxquelles aucune réponse automatique ne saurait convenir. L'honneur sert d'ailleurs en général à justifier des actions souvent profondément immorales. Le fait qu'on en parle beaucoup en temps  de guerre ou que le terme "crime d'honneur" existe est à cet égard particulièrement révélateur, de même que l'usage de ce terme par les mafias. Il faut en finir avec cet archaïsme pour pouvoir entamer une réflexion morale qui puisse être à la fois individuelle et collective.

lundi 4 juin 2012

la Reine-Termite

J'ai utilisé encre et crayon pour créer cet effet "fantomatique" en arrière-plan.

mercredi 30 mai 2012

Ειδήσεις από την Κρήτη (Nouvelles de Crète)

Les oiseaux de mauvais augure et les Cassandres amères avaient donc raison : la crise économique a en effet transformé la Grèce en un vaste champ de ruines où seules quelques vieilles pierres témoignent encore d'un passé prospère.


Ô vision d'apocalypse! Ô terreur ineffable! Ô lyrisme logorrhique!


Dès les premiers instants j'aurais dû savoir que tout était perdu et que mon désir de revoir la patrie de mon arrière-grand-père, plus précisément la Crète, terre de l'écrivain Nikos Kazantzakis, en honneur duquel je fus appelé Nikos au demeurant, Nikos Yannis Dimitri de tous mes prénoms, histoire de bien mettre les points sur les iotas même si on ne met pas de point sur les iotas alors disons les esprits pour les philhellènes parmi vous, mais même ça ils ne les mettent plus non plus depuis la réforme orthographique...enfin bref... que ce désir donc n'était inspiré que par le chant des sirènes de la nostalgie enfantine qui allaient m'entraîner vers les impitoyables remoux d'une mer furieuse!


Dès le début, vous dis-je, les mauvais présages ne faisaient que s'accumuler! Ainsi, ayant malencontreusement oublié notre trousse de toilette nous décidâmes de faire l'achat de quelques babioles dans la salle d'embarquement de l'aéroport, telles que de la crème solaire ou une brosse à dents. Nous n'avions que quelques instants devant nous car les agents de sécurité avaient pris beaucoup de temps pour nous délester des couteaux que nous portions cachés dans les talons de nos chaussures et des bâtons de dynamite que nous portions entre les jambes (sans allusion grivoise merci). Las! Devant nous un transsexuel aux pomettes et lèvres refaites telles un succédané des Frères Bogdanov faisait lui-même quelques emplettes. Nous obervions avec angoisse la vendeuse enregistrer avec une lenteur (calculée certainement!) une farandole de ces magazines dits "féminins" (j'ai pourtant essayé de les faire se reproduire avec des magazines dits "masculins" mais ça n'a rien donné, mais peut-être que ça ne marche pas en captivité), fanradole qui n'en finissait pas... Vogue la galère, Marie-Germaine, Foufoune actuelle, Fenêtres et doubles vitrages... Bon c'est fini là, elle va payer et... Ah non : Décoration et jardinage, Cuisine moderne... Cette fois ça ira non? Toujours pas! Caniches et yorkshires... Et les derniers passagers embarquent... Une vision de cauchemar conclut ce sinistre augure : je m'attendais à voir une pomme d'Adam sur la gorge de la créature, et quelle ne fut point
ma stupeur en constatant qu'il n'y en avait point! Comment diantre? Pouvait-il s'agir d'une véritable femme, qui n'aurait point eu l'excuse de la transsexualité pour se muer en une telle caricature? Terrifiante perspective qui aurait dû m'acculer à une fuite aussi prompte que précipitée. La peste soit de ma nature insouciante et optimiste!


Ô terre ravagée où souffle le vent de la damnation financière! Ô malédiction de l'ire des Titans Bruxellois! Ô fin de l'Âge d'Or!


Que reste-t-il de l'altière civilisation minoïenne qui régna sur cette île, commerçant avec l'Égypte et les Celtes, et dont les femmes allaient fièrement vêtues de robes laissant voir leurs seins nus? D'où viennent donc ces bandes de barbares adolescents si étrangement semblables à ceux qui hantent en groupes hagards et bruyants les lieux maléfiques de nos contrées tels que le centre commercial de Vélizy?
Seules les coiffures gélifiées en ressemblance grotesque d'une iroquoise mal assumée sont une hideuse innovation que j'espère ne jamais avoir à croiser dans les ruelles de ma lointaine banlieue, car mes pulsions meurtrières soumettent déjà ce qui me reste de raison chancelante
à des assauts continuels, et je ne sais si je supporterai cet ultime affront à mon sens esthétique.


Que reste-il de ces jeunes gens aux longs cheveux noirs parés de vêtements aux couleurs vives que l'on peut voir sur les fresques du palais de Cnossos
ou dans les salles du musée d'Héraklion en réfection depuis 2006 et dont nous ne pûmes voir qu'une petite partie de la collection dans deux locaux mal éclairées qui ressemblaient plus à des parkings souterrains qu'à des salles de musée et que d'abord c'est pas juste c'est vrai quoi à la fin?


Que reste-t-il des Curètes, qui protégèrent jadis Zeus encore enfant du courroux meurtrier de son père Cronos? Que reste-t-il des chants et des danses par lesquelles ils couvraient les cris du divin nourrison en entrechoquant leurs lances et leurs boucliers? Où donc Amalthée allaita le fils de Rhéa promis au destin grandiose de régner sur l'Olympe et de trousser nymphes et mortelles sous forme de cygne, de taureau ou de pluie d'or? Faut-il chercher dans ces métamorphoses successives le signe d'un profond malaise psychologique engendré par le rejet de son père et dans ces conquêtes systématiques une fuite en avant à la recherche d'une impossible virilité?


Ô questions sans réponse! Ô testicules de Cronos qui jadis engendrèrent Aphrodite en tombant dans la Mer Égée! Que de grandeur et de misère furent à l'origine de ces roubignolles titanesques retournant à Gaïa!


Les remparts que les Vénitiens bâtirent naguère autour d'Héraklion ne suffisent-ils donc plus? Pour quelle guerre future prépare-t-on ces fortifications de béton le long des côtes crétoises découpées comme une dentelle aride de rochers multicolores face à une mer d'un bleu trop doux et trop profond pour ne pas dissimuler quelque menace indicible?
 Pour quel mystérieux adversaire a-t-on recruté ces armées de mercenaires étrangers, souvent issus de loitaines peuplades germaniques et anglo-saxons connues pour leur férocité guerrière, reconnaissables à leur uniforme composé de shorts et de sandales, qui habitent ces forts dans l'attente d'on ne sait quel raz-de-marée?


Quels secrets inavouables cachent ces collines recouvertes d'orangers et d'oliviers? Quelle guerilla motagnarde invisible a piégé ces routes en lacets aux interminables méandres en les truffant de nids-de-poule? Quel avertissement funèbre recèlent les chapelles votives qui poussent sur le bas-côté comme autant de demeures pour des saints décidément de fort petite taille, ou les statues des Capetans qui jadis affrontèrent l'occupant turc? Et qui dressa à l'attaque ces chèvres-kamikazes qui paissent en apparence en liberté à peu près n'importe où? Faut-il lire un sursis dans leur regard caprin lorsqu'elles se contentent  de vous regarder passer sous le blindage dérisoire d'une voiture de location?


Ô cruel souvenir des petites souvlaki, ces minuscules brochettes qui jadis se vendaient partout! Ô retrouvailles avec les pots de yaourt de brebis de mon enfance, sans doute piège de plus pour endormir ma vigilance!


Entraîné malgré moi par le vent de panique qui souffle sur ces terres maudites je cédai à l'impulsion de transformer quelques-uns desultimes euros qui sans doute auront cours avant que les paquets de cigarettes, les tiropitas au fromage et les pots de miel s'imposent comme nouvelle monnaie, en métaux précieux sous forme d'une bague qui orne désormais la main de Sandy. Sage investissement en un pays où la chevelure blonde vénitienne de ma celtique compagne nous assura maintes ristournes et plats gratuits.
Jadis c'était le gamin blond que j'étais (si, si, j'ai des photos pour le prouver) qui permettait à mes parents de manger à l'œil à peu près partout. La boucle (blonde) est donc bouclée. D'ailleurs les Hellènes adorent manifestement les enfants toujours autant.


Ô retour de cette si brève escapade! Ô temps fugace! Ô reprise du taf!

mercredi 2 mai 2012

En finir avec la critique constructive

On entend souvent dans le contexte professionnel voire politique affirmer qu'on est ouvert à la critique, mais uniquement à la "critique constructive". Ceux qui refusent la critique "non-constructive" refusent tout simplement la critique, puisqu'ils la cantonnent dans le respect du système qu'ils ont imposé. Or il est parfois nécessaire de remettre en cause les fondements de tout système et cela doit être possible en permanence. La "critique destructive" est donc parfois nécessaire à la dialectique, qui est au jour d'aujourd'hui le seul outil de progrès qui nous soit connu.


Si l'on peut espérer que de l'affrontement de points de vue opposés peut naître la vérité ou du moins une approximation utile de celle-ci, on sait en revanche que le refus d'entendre la contradiction n'engendre que l'appauvrissement intellectuel et l'échec de tout système à plus ou moins long terme. Il faut donc en finir avec cet outil dogmatique - ou du moins à usage du dogmatisme - qu'est la notion de "critique constructive".

jeudi 26 avril 2012

Fabliau en langue presque morte

 (écrit avec Sandy Cazé, Vidéo prise au bar la Cantada du 26 avril 2012)


Elle était tombée d'un vieux chêne gaulois
Fragile petite fée aux ailes rompues
Je l'ai tout doucement saisie entre mes doigts
Elle était comme la vérité : toute nue

"M'entendant comme la mer dans les coquillages
Tous mes chants jadis transparaissaient dans les mots
Exprimant si bien les joies et les orages
De tous vos sentiments je me faisais l'écho"

Sa voix au timbre sourd m'était familière
Et il me revint que cette ombre aux contours libres
Avait un temps régné sur l'Europe entière
Entendu parler l'Oracle et bu l'eau du Tibre

"Je suis née et je me suis façonnée
Au gré des guerres aux caprices de l'histoire
Mais pourtant c'est par moi que vous avez chanté
Ecrit, soupiré, moi le fruit du hasard"

Alors je reconnus cette fille du temps
Mordante et fantasque comme un précoce hiver
Toute hésitante sur les lèvres des enfants
Mais audacieuse au creux d'un livre ouvert

"Je suis un ressenti fugace, mouvant
Lové au fond de vos ventres et de vos rires
Je me suis parfumée de tous vos accents
Changée pour mieux incarner vos souvenirs"

J'ai senti peu à peu la vie s'éteindre en elle
Grande sœur et fille à la fois de la pensée
Elle qui ne vit que là où l'on pense à elle
J'aurais tant préféré ne pas la voir crever

"Je me meurs peu à peu, muette et oubliée
Vous me parlez mal et vous ne m'écrivez plus
Moi qui compte plusieurs centaines d'années
Et je succombe seule au cœur d'un arbre chenu"

dimanche 1 avril 2012

En finir avec la tribu

(un autre texte non-littéraire, je pense cela deviendra une habitude pour le premier message du mois)


Le groupe est naturel à l'être humain. Dans le contexte d'un groupe formé pour répondre à une menace extérieure ou pour permettre l'accomplissement d'un ouvrage précis, il est naturel que se constitue une éthique de groupe. Une éthique de groupe définit des attitudes à ne pas adopter, éventuellement une hiérarchie reposant par exemple (on peut toujours rêver) sur la compétence et l'expérience, car l'efficacité du groupe en dépend.


Le besoin d'une éthique de groupe est donc aussi naturel que celui du groupe. L'individu doit s'y conformer pour faire partie du groupe. Ce désir est naturel, mais doit être circonscrit à une éthique objective. Dans le cadre d'une randonnée en montagne, il est nécessaire que l'éthique de groupe permette d'assurer la sécurité de chaque membre du groupe. Il y a alors une éthique objective qui peut se dégager de ce groupe. Toute société de manière générale ne peut exister sans une éthique minimale. L'éthique de groupe la plus minimaliste est celle qui sera ontologiquement associée à la vie en société : la morale.


Dans le cas d'un groupe formé pour accomplir une tâche précise, l'éthique de groupe sera alors modifiée et en général enrichie de règles supplémentaires. L'armée est une illustration de ce fonctionnement, notamment à travers le fait que les lois militaires changent selon que l'armée est en situation de combat ou non. Plus le groupe est affecté à une tâche précise et complexe, plus l'éthique de groupe s'enrichira à partir de l'éthique minimale de la société, qui sera l'équivalent moral d'un plus grand commun diviseur de toutes les autres éthiques existantes.


Mais où se situent les bornes de ce plus grand commun diviseur, soit de ce consensus social minimal? Certaines sont objectives et évidentes. Éviter de poignarder son collègue sous l'impulsion de la colère (en dépit des tentations contraires) semble nécessaire à moins de vouloir vivre dans un coupe-gorge. D'autres sont subjectives et parfois même très ésotériques : les vêtements, la coiffure, l'alimentation, l'orientation sexuelle, l'aspect physique, le mode de vie, l'accent, les goûts en matière de décoration...


Des normes sociales étrangement rigides s'imposent bien au-delà de ce qui relève du consensus objectivement nécessaire à la survie de la société. Dans nos sociétés européennes considérées comme de mœurs libérales, nombre de ces normes sociales ne sont pas imposées par la loi, mais par une pression sociale qui s'exprime à travers les individus et les médias. Elles n'en sont cependant pas moins efficaces. Aucune loi ne serait par exemple jamais parvenue à imposer l'uniformité d'apparence et d'habillement que le simple jeu commercial de la société de consommation a engendré sous l'appellation de mode. Si l'école publique jacobine n'a jamais réussi à éradiquer les patois régionaux, la télévision en revanche y est parvenue au-delà de toutes les espérances. Les normes sociales implicites reposant sur la définition d'un statut social considéré comme enviable et d'un sentiment d'appartenance sont finalement les plus puissantes.


On a beaucoup dit que dans notre société désertique et indifférente, le désir d'appartenir à une communauté d'individus était d'autant plus fort, alimenté par la solitude et l'anonymat générés par l'abandon du mode de vie rural. Le désir d'intégrer cette communauté à la société dans son ensemble en arguant du "droit à la différence" se traduit alors par une revendication des plus surprenantes : que la norme sociale intègre cette communauté comme faisant partie de la diversité autorisée. Au lieu de faire reculer la norme sociale en lui imposant d'avoir des bornes moins strictes, on l'enrichit d'un modèle comportemental supplémentaire.


La revendication du "droit à la différence" se réduit alors à une recherche d'appartenance. Une revendication axée sur qu'on a appelé le "droit à l'indifférence" - c'est-à-dire le droit à être hors des normes sociales injustifiées - serait sans doute plus ardue à mener mais plus efficace à long terme puisqu'elle conduirait à une remise en question du rôle de la norme sociale et de ses limites, simplifiant de ce fait le travail pour les prochaines communautés marginales qui plaideront pour leur acceptation. Là encore apparaît toute la force de la norme sociale puisque parmi ceux-là même qui souffrent de ses abus nombre d'entre eux ne souhaitent pas la remettre en cause dans son fonctionnement.


Il s'agit là d'un réflexe préhistorique. Jadis la cohésion de la tribu était la seule chance de survie de l'individu face à l'ours qui a élu domicile dans la même caverne. Les méthodes utilisées dans les armées, les équipes sportives et plus récemment les entreprises pour créer une cohésion de groupe face à une tâche précise reposent précisément sur le fait de tisser des liens entre les membres de ce groupe à travers des activités tout-à-fait différentes de la tâche que doit accomplir le groupe. Les sorties ou voyages d'entreprise ou encore les activités culturelles sont une illustration parfaite de cette approche. Une équipe sportive qui aura partagé repas et couchage sera indubitablement plus soudée. Le rôle de l'uniforme dans le contexte sportif ou militaire permet également de créer une cohésion ne serait-ce que visuelle, au-delà de son intérêt purement tactique.


Ainsi la cohésion d'un groupe repose sur des liens personnels et des symboles d'appartenance. La nature exacte de ces liens et de ces symboles est secondaire, leur existence ne l'est en revanche pas du tout. Chez nous qui sommes à peine sortis de la préhistoire, l'appartenance à une tribu est un impératif vital, et la création de symboles d'appartenance à travers des règles arbitraires permet de tisser des liens qui, s'ils sont en pratique artificiels, nous rassurent : nous ne sommes pas isolés, nous ne sommes pas seuls dans la jungle des villes. Nous pourrions nous satisfaire de la société humaine dans son ensemble et de son éthique minimale : la morale. Mais la société est un groupe bien trop délétère et impalpable pour satisfaire notre instinct préhistorique. L'obéissance à un éthique de groupe d'autant plus puissante qu'elle est imprécise et informelle crée un substitut d'appartenance tribale, par un ensemble de totems et de tabous non moins irrationnels et capricieux que ceux des civilisations tribales. C'est la racine du conformisme.


Le conformisme n'est donc finalement que la déviance de la nécessité d'un consensus social minimal. Il représente l'instinct grégaire de l'être humain, mais coupé de toute raison objective. Jadis, notre survie a certainement reposé sur des instincts de ce genre. Dans le contexte de notre société moderne, ces instincts grégaires doivent être ramenés à leur juste valeur et être soumis à une réflexion cherchant à déterminer leur intérêt objectif. Il faut en finir avec cette mentalité archaïque qui nous pousse à créer des normes sociales inutiles. Il faut en finir avec le désir d'une harmonie céleste qu'expriment les plus anciennes religions telles que la religion égyptienne ou le védisme et qu'on retrouve à tous les niveaux de notre culture décidément bien peu moderne.

jeudi 1 mars 2012

En finir avec la spiritualité


(Exceptionnellement je consacre un message à un texte non-littéraire)

Le refrain des complaintes sur le caractère prétendûment matérialiste de notre société au détriment de sa spiritualité est particulièrement agaçant dans la mesure où il cache deux erreurs.

La première est très simple : on confond matérialisme et consumérisme. Le matérialisme est un courant philosophique affirmant grossièrement que tout provient de la matière, et s'oppose au courant idéaliste qui affirme à l'inverse que la pensée mène le monde. Le matérialisme est seulement le refus d'affirmer la prééxistence d'une pensée à la matière. Contrairement à ce qu'affirme la Génèse, l'Existence précède le Verbe pour un matérialiste. Pourtant ce qu'on désigne couramment de "matérialisme" est en réalité un comportement tout simplement consumériste.

L'ironie particulière de cette erreur de terminologie est qu'en réalité le consumérisme ne relève absolument pas d'une école de pensée matérialiste. Au contraire le consumérisme, bien loin de s'opposer aux valeurs spirituelles, affirme leur prédominance, et finalement se rattache plus au courant idéaliste de ce point de vue.

La plupart des arguments de vente utilisés par la publicité ne reposent pas sur une présentation des qualités objectives et matérielles du produit, mais sur l'évocation d'une image spirituellement satisfaisante et confortable: de la petite famille idyllique à la blonde à forte poitrine. Les comportements des consommateurs sont essentiellement guidés par le souci d'une satisfaction spirituelle et non matérielle : être à la mode, avoir les mêmes gadgets que ses amis, ressembler à untel...


Il ne s'agit pas ici du virtuel, mais bien du spirituel, d'une sorte de métaphysique quotidienne à l'usage de nos esprits si peu pragmatiques.

Le terme virtuel désigne à l'origine quelque chose qui est en puissance, c'est-à-dire encore du domaine de l'intangible mais pouvant conduire à une réalisation tangible. Une maquette par exemple annonce virtuellement l'arrivée de l'objet fini. Aujourd'hui on parle de réseaux sociaux virtuels pour désigner les divers remèdes à l'oppressante solitude de notre civilisation urbaine que sont les outils de vitrine personnelle que procure internet. Mais ces réseaux n'ont rien de virtuel dans la mesure où ils n'annoncent pas nécessairement une réalisation tangible. Ils sont au contraire la plupart du temps purement spirituels, ou purement cérébraux si le terme offense moins.

La satisfaction spirituelle (ou cérébrale) que confère le sentiment d'appartenance résultant de l'adoption de symboles sociaux comme les vêtements ou accessoires à la mode, prendra le pas sur la recherche d'avantages matériels concrets et indéniables. Cette forme de spiritualité orientée vers un confort intellectuel rassurant est tout droit héritée de notre tradition religieuse. Car s'il est une chose que l'homme recherche plus intensément que le plaisir ou le bonheur c'est le confort intellectuel. Nous sommes finalement des êtres profondément cérébraux, et bien peu animaux.

C'est ce qui nous amène à la seconde erreur : bien loin de souffrir d'un manque de spiritualité au profit d'un froid pragmatisme égoïste, nous souffrons d'un excès de spiritualité. Les grandes traditions religieuses affirment toutes la nécessité d'un renoncement au confort matériel au profit d'une élévation spirituelle, et enseignent tous que le monde ira mieux si chacun s'efforce de suivre la Voie de la Vertu. C'est ce que le Taoïsme exprime de manière à la fois fort candide et directe en affirmant que l'homme qui suit le Tao sera magiquement à l'abri de tous les maux : même les fauves ne le dévoreront pas, ce qu'on retrouve dans le mythe biblique de Daniel dans la fosse aux lions.

Le salut du monde passerait donc par un effort strictement individuel vers la vertu de chacun, et non sur une réflexion sociale. La théologie universelle qui se dégage comme un dénominateur commun des différentes traditions religieuses actuelles dominantes (judaïsme, chistianisme, islam, bouddhisme, hindouisme) refuse de considérer que la société engendre ses propres maux, et soit qualitativement différente de la somme des individus qui la composent.

Il est d'ailleurs cocasse de voir la même ineptie derrière le discours lénifiant des mouvements écologistes actuels : le monde va mal parce que nous ne nous sacrifions pas assez. On nous demande d'agir individuellement pour protéger l'environnement, alors que la solution est essentiellement collective et sociale. Le protocole de Kyôtô par exemple relève de ce genre de crétinisme: on exige des pays riches qu'ils réduisent leurs émissions de dioxyde de carbone, ce que nombre d'entre eux ont fait en délocalisant tout simplement leurs activités émettrices dans les pays en voie de développement. La pollution étant par essence globale, ce genre de mesure est tout simplement inutile. Les opinions publiques des pays riches ont eu la sensation de se racheter un peu de leurs péchés par ce traité, aussi ont-elles meilleure conscience. Le protocole de Kyôtô est la pénitence du monde occidental. L'écologie n'est pas seulement envisagée sous cet angle spiritualiste au niveau individuel: on retrouve ce genre d'ineptie au plus haut niveau politique.

La spiritualité apparaît en fait triomphante dans notre société mondialisée si peu rationnelle et pragmatique, ou plutôt la recherche d'une sorte de satisfaction spirituelle à travers un sacrifice aussi symbolique que celui du bourgeois faisant l'aumône pour se dédouaner de la culpabilité que sa richesse peut susciter en lui, et éviter d'envisager la recherche d'une solution pragmatique et concrète à la pauvreté. Le confort intellectuel qu'apporte l'idée d'une vertu individuelle anihile la réflexion sociale pourtant indispensable au progrès. La spiritualité est finalement un piège pour l'intelligence individuelle dont les conséquences politiques et humaines sont désastreuses.

lundi 13 février 2012

lundi 6 février 2012

Être solitaire / Être seul et se taire



Ne crois pas cet hiver trop rude
Car c'est de là que je viens
Ne parle pas de solitude
Car tu n'en sais vraiment rien

On ne la rencontre vraiment
Qu'auprès de ses amis d'enfance
Chez ces adultes de six ans
Où elle s'invite en silence


Crois-moi tu ne la connais pas
Sur ta langue elle sonne faux
Car cet apprentissage-là
Se fait à partir du berceau


Moi j'ai vécu sous son regard
Au cours de mes années fragiles
Passées entre ses doigts avares
Quand je parlais aux toits des villes


Tu pleures quand elle s'approche
Mais c'est son ombre que tu vois
Tes yeux seront devenus roche
Quand elle viendra à toi


Celle qui peut te rendre aveugle
Mieux que l'alcool de bois
Celle qui te fait parler tout seul
Puis te fait perdre la voix


Pour pouvoir bien parler d'elle
Il faut qu'elle t'ait relâché
Et qu'on t'ait rendu le goût du sel
Sur les lèvres de l'être aimé