lundi 14 octobre 2024

Sur la langue du Dragon : résumé de la partie du 24/09/24 (Terre Seconde)

 


      Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 24 septembre dernier, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table. 


Darius de Stelelor contemplait sans comprendre les cartes étalées devant lui. Lorsque Minhéa la Vile lui avait donné cet exemplaire des Noji, ces lames de tarot provenant des tréfonds du Monde Chtonien, elle lui avait longuement expliqué comment analyser les prédictions qu'elles donneraient. Il savait que c'était un objet créé par un peuple deux fois damné, au pouvoir immense mais capricieux et retors...

Mais même en tenant compte de cela, quel sens donner à ce galimatias silencieux, porté par des cartes muettes, dispersées sur la table de bois à laquelle il était assis, leurs figures grimaçant étrangement à la lumière de l'âtre? Le bois craquait comme si un démon y battait ses enfants... et il avait beau être seul, il ne pouvait se départir de la sensation d'être observé par ces cartes comme lui-même les observait.

-Reprenons, dit-il pour lui-même. Les pécores du village m'ont tous parlé des voyageurs arrivés ce matin. Ce sont certainement ces fous qui espèrent échapper à la Maladie du Roi Ixiom que Mère cherche à tous prix. S'ils ont marché toute la nuit en quittant Mare Frigă, ils se sont forcément arrêtés ici. Mais où?

Pour toute réponse, le tarot lui proposait la Dame des Chiffres,
la Dame des Silences et l'Infâme des Larmes. 










Ils étaient donc dans un lieu où se trouvaient la réponse à leurs questions sous forme écrite et couraient en ce moment vers la réalisation de leur souhait qui était également pour eux un piège.

-Si je comprends bien, ils ont dû trouver refuge dans la Maison aux Tilleuls et y trouver l'avertissement qui pourra peut-être les sauver du piège qui les attend à la Cathédrale St-Vladimir marmonna Darius en regarda la Lune par la fenêtre, qui se découpait entre les tours de la forteresse où il s'était arrêté. Si toutefois ils arrivent à Predeal un jour...

Sa mère Ovidia semblait le redouter, puisqu'elle lui avait ordonné de les intercepter à tout prix! En tous cas, la Maison aux Tilleuls, ancienne demeure des Prostia et origine de la Maladie du Roi Ixiom, était pour la Garde de Fer un lieu sacré et inviolable. 

C'était peut-être ce qui les avait incités à y trouver refuge. Peut-être sans le savoir ou tout simplement vaguement guidés par le Voievod, ils étaient arrivés dans l'unique endroit où étaient écrites les deux règles qui avaient permis au peintre Liviu, créateur du Retable de St-Vladimir, de guérir de la Maladie du Roi Ixiom sans finir dévoré par le Dragon.

"Dracul este Iadul şi Iadul este Dracul" comme disait le peuple. Le Dragon est l'Enfer et l'Enfer est le Dragon. La gueule du Dragon... ou du Diable, comme disaient les chrétiens, n'est autre que cet Enfer souterrain qui parfois apparaît aux Daces, depuis la malédiction du pays.

-Avez-vous maintenant compris que Iadul est l'essence du Dragon et que votre maladie est un cycle par lequel il se nourrit d'âmes mortes, à la fois prisonnier et tout-puissant? dit-il à haute voix, comme s'il s'adressait aux aventuriers damnés.

Il s'était demandé ce qu'ils faisaient dans cette demeure en ce moment... et la réponse était particulièrement étrange : le Vampire, la Sorcière et la Curée.





 

 

L'un d'entre eux s'était transformé en dévorant un peu de l'essence d'un autre... un gobelin, apparement? Il pensa aux Darask, ces répugnants petits gobelins  verdâtres. Était-il devenu vert à son tour, le malheureux? La Maison aux Tilleuls recelait bien des maléfices nés des âmes tourmentées des spectres qui y sont prisonniers.

Il y avait plus important, sans doute :
l'Écuyer des Chaînes, le Roi des Silences et l'Infâme des Silences.





L'un d'entre eux ou plutôt l'une d'entre eux - une sorcière élémentaliste apparemment? - avait revêtu des habits qui volés dans la demeure. Ceux de Luminiţa Prostia sans doute? Elle avait ouvert Iadul et s'était noyée dans la salive du Dragon... Il imagina une eau noire et glacée engourdissant la petite sorcière, sans doute hydromancienne. 

 Mais s'il fallait en croire les cartes, cette jeune femme a fait avec jubilation ce pas supplémentaire vers sa propre damnation. Plus proche encore que les autres damnés du Dragon, elle peut désormais faire appel à sa sorcellerie, grâce aux âmes prisonnières d'autres sorciers hydromanciens comme elle.  


-Croit-elle pouvoir se rapprocher du Dragon sans être dévorée? se demanda Darius en tirant trois dernière cartes.

 


La Maternelle des Épées, l'Archiviste et la Voyageuse de Sang : cela annonçait un bouleversement radical, quelque chose qui allait s'opposer à cette eau ténébreuse dans laquelle la petite sorcière semblait se noyer avec bonheur... le feu! 

Allaient-ils donc incendier la Maison aux Tilleuls? Ce faisant ils renonceraient à une aide... une complicité locale sans doute, de la part d'un villageois horrifié par leur acte?


C'était inouï et pourtant il ne put s'empêcher d'aller à la fenêtre pour vérifier. Cette lueur rouge aux pieds des Muntii Singurii, était-ce...?

-Domnia voastră! s'écria l'un des Chevaliers-Vampires qui l'avaient accompagné à Chipul Mamei en entrant en trombe dans la salle. La... La Maison aux Tilleuls!

-Eh bien quoi, la Maison aux Tilleuls? s'impatienta brusquement l'aristocrate, chez qui ce nom ne pouvait que résonner particulièrement fort en cet instant.

-Elle... Elle brûle! dit finalement le Vampire, qui pourtant ne pouvait pas être essouflé, comme saisi par une réminiscence des terreurs qui jadis donnaient la chamade à son coeur de mortel.

Darius de Stelelor reporta son attention sur les lames déposées devant lui sans répondre. Ainsi le feu s'était bien réalisé?

-En selle! ordonna le revenant en se levant. Je veux la Maison cernée! Ceux qui ont bouté le feu ne doivent pas pouvoir en ressortir!

En partant, il repensa à l'Archiviste, seule carte restée incomprise. Elle représentait un démon chtonien vénéré par le peupel qui avait créé le tarot : l'Ombrageuse Enfant. Quel rapport ici? Quel lien obscur avec le Dragon?

jeudi 12 septembre 2024

Pas une seule larme, pas un seul cri : résumé des parties des 3 et 10/09/24 (Terre Seconde)


      Le texte qui suit est un court résumé des parties du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) des 3 et 10 de ce mois, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.

Extrait du journal de Minhéa la Vile du 27 mai de l'an 634 de la Chute


    Les voilà enfin sur la terre du Pays Maudit... mais jamais je n'eusse imaginé qu'un Seigneur des Abysses se montrerait un jour dans ma boule de cristal! Voir apparaître Rezets s'adressant aux compagnons de son rejeton fut à la fois terrible et presque anodin, tant son apparence native - celle d'une petite paysanne délurée - semble éloignée de sa vraie nature, toute entière de maléfices et d'infamie.

    Ainsi c'est lui... ou plutôt ça qui engendra Sisyphe et lui conféra cette affinité avec le peuple muride. À cela s'ajouta une révélation peut-être plus étrange encore : Mélichéra, sa mère morte à sa naissance et déchiquetée par les rats, n'était pas humaine mais sélénite, qui plus est de sang divin

    Hybride de divinité sélénite et de démon? Voilà qui défie toute probabilité! Ajouter foi aux propos d'un Seigneur des Abysses peut sembler inepte, mais une chose est certaine : Rezets a demandé aux compagnons de Sisyphe de protéger son rejeton, en dépit de toutes les tentations contraires.  

    Bon an, mal an, les voilà arrivés à Chipul Mamei, avec la Garde de Fer sur les talons, menée par le cruel Darius de Stelelor, ce chasseur d'âmes, ce veneur des infamies. 

    Ils ont vu le visage de la mère sculpté par la pluie et le vent sur la roche sacrée de la fontaine, le calice d'or incrusté de pierres précieuses qui rend magique l'eau qu'on y boit, les deux croix sur lesquelles sèchent deux peaux humaines écorchées... "Sa Seigneurie Darius de Stelelor hait les voleurs plus que tout", comme leur a expliqué Bogdan, un berger du coin. En effet, le vampire - de son vivant fils du Voievod Dinu de Stelelor - a ordonné qu'on supplicie le marchand avec le voleur qui lui avait subtilisé sa bourse, afin de châtier de sa cupidité  l'infortuné commerçant, à qui Darius lui avait rendu plus d'or qu'il ne lui avait été dérobé et qui avait omis de le signaler. Quoi qu'il en soit, Bogdan les a accuilli dans sa modeste ferme, qui jouxte la fameuse Maison des Tilleuls, petit manoir abandonné où vivait jadis la famille de Sorin Prostia, l'orfèvre et surtout "seul lieu que la Garde de Fer n'ose visiter".

    Les Munții Singuri s'élevent au sud du village comme une forteresse inexpugnable et c'est là que les montagnards narguent l'autorité du Roi Raluc en pratiquant toujours l'ancienne foi. C'est là que les sept aventuriers espèrent trouver de l'aide, car Roxanna de Stelelor, la fille rebelle du Voievod, y aurait trouvé refuge. J'ignore si c'est vrai... nous verrons bien!

    Danaë semble avoir séduit Costinel, l'un des deux fils de Bogdan. Malgré les réticences de Costin, son frère jumeau, il s'est fait fort de les guider dans les Munții Singuri à la rencontre des insoumis qui y vivent. L'arrivée de la Garde de Fer qui fouillait méthodiquement les maisons les a forcés à remettre cette idylle à plus tard : Costin les a incités à fuir dans les jardins de la Maison aux Tilleuls tout en leur donnant rendez-vous à l'aube suivante, afin de les conduire dans les montagnes. 

    À minuit est apparue Luminița Prostia, ou plutôt son fantôme, avec la clef d'argent autour du cou... ses yeux et ses lèvres cousues par son père.


     Ses propos ont dû paraître fort énigmatiques à mes intrépides voyageurs, mais j'ai tant appris grâce à eux! 
 
    C'est donc en cette demeure que mourut Liviu, le fameux peintre d'icônes rendu misérable par la cécité. S'ils savaient que parmi les ossements que Morgon et Neïa ont touchés il y avait ceux du peintre du fameux retable de la Reine Étérina!
 
    À ma connaissance, Liviu est l'un des tous premiers à avoir contracté la maladie du Roi Ixiom et fut peut-être le seul à avoir vaincu la malédiction à sa manière... pour prix de ses yeux et sa langue, toutefois. 
 
    Cruel destin, pour un si grand artiste, ayant côtoyé le Roi Ixiom et la Reine Étérina de leur vivant, de fnir sur les routes comme un vulgaire cheminot, avant d'être assassiné par Sorin et l'épouse de celui-ci, lesquels convoitaient la dague et la clef d'argent qu'il portait... 
 
    Ce meurtre ne leur a manifestement pas porté chance. S'il faut en croire les manifestations ectoplasmiques de leur demeure, Sorin est devenu fou après le suicide de son épouse. C'est lui qui cousit les lèvres et les paupières de sa malheureuse fille, afin de lui faire respecter deux mystérieux commandements : Pas une larme, pas un cri. 
 
    Savait-il, l'imbécile, que ces deux règles ne leur seraient d'aucun usage, car elles s'adressaient aux victimes de la maladie du Roi Ixiom, tels que Liviu? Sans doute le spectre de Liviu hante-t-il encore la Maison aux Tilleuls. Cette soudaine démence tortionnaire de Sorin Prostia ne fut sans aucun doute qu'une vengeance posthume du peintre. 

    Étrangement, l'un des trois Prostia défunts a laissé une trace de cet avertissement en le gravant sous une forme menaçante sur la pierre de l'âtre sous laquelle le corps de Liviu et ses trésors avaient été enterrés :  


Pas une seule larme
Pas un seul cri
Ou le Dragon te dévorera
Ou l'Enfer t'emportera
 
    Je me demande si mes sept aventuriers sans scrupules saisiront toute la portée de cette étrange objurgation?

   


mardi 3 septembre 2024

伊藤潤二先生に捧ぐ


 

Hommage à Junji Ito, mon mangaka préféré. 

C'est aussi une illustration

pour le jeu de rôle Terre Seconde

www.terreseconde.fr 

jeudi 22 août 2024

Huit à l'entrée, sept à la sortie : résumé de la partie du 19/08/24 (Terre Seconde)


      Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 19 août dernier, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table. 


    Livides et puants encore des remugles glanés malgré eux dans leur pérégrination souterraine, les compagnons avaient les yeux baissés. Assis au bord du fossé où se déversaient les eaux sales de Mare Frigă, ils reprenaient leur souffle et luttaient contre une irrépressible envie de vomir.

    L'aurore éclairait à peine le chemin devant eux. Ramona avait été claire : poursuivre vers l'est, face au Soleil qui se levait paresseusement.

    -Chez moi, on dit que le Soleil est l’œil de Dieu, murmura Neïa, son visage baigné de larmes qui creusaient des sillons clairs sur sa peau noircie par la crasse des égouts.

    -Si seulement c'était vrai, nous pourrions espérer qu'Il n'ait rien vu de ce qui s'est passé, rétorqua Danaë d'une voix sombre.

    Neïa se mit à sangloter, blâmant sa propre faiblesse : contrairement à Médard, elle avait accepté l'aide du démon pour sauver sa vie... sa pauvre vie, déjà menacée par cette malédiction que le Voievod Dinu avait appelé boala regelui Ixiom ou "la maladie du Roi Ixiom". Danaë la Capitaine, si droite et si courageuse d'ordinaire, avait elle aussi accepté cette hideuse compromission avec les forces des ténèbres. Seul l'écornifleur, le truand, le tricheur avait sauvé son âme en opposant au démon un refus catégorique, condamnant ainsi son existence terrestre.

    -Neïa, arrête de te battre la coulpe, intervint Tertius, posant une main maladroite sur l'épaule de la jeune sorcière. Ce n'était pas un démon ordinaire, tu sais. Xollol nous a dit que c'était un... un...

    -Un Knïaz, dit le mage. Un Seigneur des Abysses, si vous préférez.

    -Voilà! Chez les démons c'est une sorte de prince, vois-tu... Nous ne pouvions pas lutter.

    -D'ailleurs, n'ayez crainte, reprit Xollol. Aucun pacte n'a été noué. Accepter l'aide d'un démon ne lie pas en soi vos âmes à lui, même si c'est un Knïaz. J'imagine que nous n'en avons pas fini avec ça, mais nos âmes ne sont pas damnées pour autant.

    -Pas par ça, en tous cas, dit Kim dans un souffle.

    -Et puis, pense à l'Ange que nous avons vu emporter l'âme du voleur! dit Arulo.  Si un roublard tel que lui peut être sauvé, alors vous aussi, non?

    Cette idée parut calmer Danaë et Neïa, les deux seuls âmes chrétiennes du groupe, à présent que Médard n'était plus. Xollol n'osa pas ajouter qu'en réalité, cette vision d'un ange n'était qu'un ultime artifice de l'illusionniste. Aucun être céleste n'était venu prendre l'âme du voleur par la main pour la conduire au paradis des justes. Son corps déchiqueté par la créature tentaculaire qui avait bien failli emporter Tertius était la dernière véritable image que laissait derrière lui ce pauvre Médard.

    -Et l'autre qui ronfle toujours! reprit la Capitaine, en donnant un coup de pied au corps de Sisyphe, étendu dans l'herbe.

    -Je n'arrive pas à croire que tu l'aies si profondément endormi, dit Neïa à Xollol en séchant ses larmes.

    -Il est plus supportable comme ça, en tous cas, ajouta Kim en nettoyant la lame de sa hache fétiche.

    -On voit que ce n'est pas toi qui a dû le porter! grogna Danaë en s'étirant.

    -Plutôt crever! répliqua Kim. Les Gryzn voulaient le dévorer, je leur aurai bien volontiers laissé le morceau!

    -Et raté la tête qu'il va faire? demanda Arulo.

    Kim interrogea le gobelin du regard. Sisyphe, quant à lui, commençait à reprendre peu à peu conscience.

    -Je veux dire... murmura Arulo, quand il saura qui nous avons rencontré, pendant qu'il dormait.

    Kim eut un sourire en y songeant, mais proposa :

    -Mais est-ce une bonne idée de lui en parler?

    -En partie, au moins, dit Tertius.

    -Rien ne nous oblige à lui révéler ce que nous savons maintenant sur sa mère et ses origines, ajouta Arulo.

    -S'il savait
que lui et moi avons maintenant quelque chose en commun! ricana Kim.

    -Savoir lui fera peut-être encore plus de mal, dit Xollol, d'une voix gourmande.