lundi 26 décembre 2016

Exposition

Une fois n'est pas coutume mais le salon de tatouage/piercing/bijou suivant : 


L'Encre de Cthulhu     
6, rue Dugommier 
75012 Paris     
07.82.55.71.98    

exposera 9 de mes dessins durant tout le mois de janvier et il y a un vernissage le samedi 7 janvier de 18h à 21h. Alors ne me laissez pas seul avec mes bols d'olives vertes, mes tranches de siflard et mon punch au fruits et venez vous faire tatouer une panthère noire ou vous faire percer une narine ou un téton... ou juste boire un verre pour la nouvelle année ;-) 


mercredi 9 novembre 2016

En l'honneur de Cthulhu, après onze ans de ronrons et loyaux services...


Mes jolies petites pattes noires,
Je ne pourrai plus jamais vous voir 

Ni vous sentir peser sur mon dos 
Ou mes jambes croisées en berceau.

Quel étrange silence, qui reste
Après qui ne parlait que par gestes. 

Est-ce que ma main prendra de l’âge 
Sans la caresse de ton pelage ?

Le chat s’en va tout seul, sans un mot, 
Toi qui gardais sous tes yeux mi-clos 
Un secret qui rendait le sourire,
Que tu n’as jamais voulu me dire.


Silhouette qui manque à nos murs, 
Passager clandestin en fourrure, 
Qui si souvent soulageas ma peine... 
Je te devais d’achever la tienne.

Même à l’issue de l’ultime alerte, 
Tes paupières sont restées ouvertes. 
Mon chat encore qui se prélasse... 
Mais tu regardais la Mort en face. 



dimanche 6 novembre 2016

Ouzon


Il suffit d’une vie pour céder.
Je le sais : mon âpre solitude 
M’était une sinistre habitude. 
J’avais déjà à toi renoncé.

Il suffit d’une année pour guérir.
Je le sais : je t’ai vue relevée
D’entre les presque-morts, sur tes pieds, 

D’un blanc matin où j’ai cru au pire.

Il suffit d’une nuit pour aimer. 
Je le sais : elle était ravissante 
Cette demoiselle sautillante
Qui a pris ma taille pour danser.


Il suffit d’une heure pour haïr.
Je le sais : ma colère en lambeaux 

Distingue pour moi le vrai du faux. 
Y renoncer serait m’avilir.

Il suffit d’un instant pour mourir. 
Je le sais : je n’ai pas oublié
Ta main juste au-dessus du muret 

Que jamais je ne pourrai saisir.

Mais cinq années ne suffisent pas 
Pour seulement me lasser de toi. 

lundi 19 septembre 2016

dimanche 4 septembre 2016

Indifférence inespérée


Ces sourires en forme de pièges 
S’ouvrent sur vos âmes en vertige, 
Comme un abîme couvert de neige 
Ou une fleur privée de sa tige.

Vous penchant alors sur mon oreille, 
Vous donnez votre avis éclairé. 
Jamais je n’ai demandé conseil, 
Mais ma candeur vous fait pitié.

Comme les loups, j’ai faim de Soleil. 
Vous tissez pour moi comme pour eux 
Des liens étroits de soie vermeille,
Car vous savez tant, et moi si peu.


Vous savez voir au-delà du voile 
Et ce à quoi je peux aspirer. 
Vous savez la hauteur des étoiles 
Et ce à quoi je dois renoncer.

Et vos paroles envenimées
S’enroulent comme des nœuds coulants. 

Et vos langues, de sel parsemées, 
Dévorent la terre de mes champs.

Car si je vous avais écoutés
La plaine fût restée en sommeil 

Et jonchée de cadavres morts-nés, 
Si j’avais suivi vos conseils.

Car il n’est de pire violence
Que la vôtre, sournoise infection... 

Vous qui masquez votre malveillance 
D’importunes recommandations.

J’ai vieilli et ne vous entends plus. 
Ai-je gagné votre indifférence ? 
Sans doute m’estimez-vous perdu...

Moi

Je me régale de votre silence. 

lundi 22 août 2016

Koyometl


Koyometl est un mot nahuatl qui signifie "métis". Ici je l'emploie pour désigner un être hybride, entre l'humain et autre chose, en hommage aux masques des fêtes traditionnelles de la culture nahuatl, qui mélangent une tradition chrétienne avec le patrimoine du Mexique pré-colombien.

jeudi 23 juin 2016

Topologie policière

En tant que Terrien accoutumé à vivre dans un monde dont la topologie a certaines règles, j'ai appris dès mon plus jeune âge à considérer qu'un ensemble dispose d'un intérieur et d'un extérieur. N'étant ni autiste ni schizophrène, j'ai une assez bonne perception de moi en tant qu'ensemble, ce qui me permet notamment de distinguer ce qui est intérieur à moi de ce qui est extérieur à moi, et par exemple de ne pas confondre le Centre Pompidou avec mon intestin.  

Aujourd'hui de fringants représentants de l'ordre m'ont amené à remettre en cause cette vision du monde, tels des physiciens théoriques repoussant les bornes de la perception humaine. 

Pour me rendre à la manifestation parisienne contre la loi travail et participer à la promenade en rond autour du Bassin de l'Arsenal, il m'a fallu traverser trois barrages de ces admirables chevaliers en armure, prêts à défendre la civilisation contre les hordes barbares, tels Charles Martel arrêtant les Arabes à Poitiers ou le Comte Eudes les Normands aux portes de Paris. 

Au premier barrage donc, l'on m'entraîne à part, après avoir pris ma carte d'identité. Motif : un casque d'équitation (veillez bien à ne pas dire "bombe"!) que je portais à la main. J'explique qu'ayant été fâcheusement impressionné par des crânes ensanglantés lors d'une précédente manifestation, je souhaite me protéger contre les projectiles (me gardant bien de mentionner l'angoisse virginale que suscitent en moi les tonfas dopés au viagra que les chevaliers des temps modernes portent à la ceinture). 

Lors donc, les chevaliers m'expliquent qu'un arrêté préfectoral interdit le port d'un casque ou de lunettes de protection. Me voilà donc avec une dizaine de clampins, en plein cagnard, attendant que l'on décide de mon destin. Mes compagnons d'infortune étaient eux aussi munis de casques, lunettes... ou d'un ensemble de deux pancartes tenues par des ficelles (type homme-sandwich). 

Une demi-heure plus tard, nous serons relâchés dans la nature, les objets du délit ayant été dûment confisqués, notamment la ficelle reliant les deux pancartes... Je ne m'attarderai pas sur ce phénomène mystérieux et paranormal, car j'ai beau me triturer les méninges, je ne comprends pas la raison d'avoir ainsi désolidarisé deux pancartes, avant de les restituer à son propriétaire... Mais baste! Revenons à la véritable révélation de cette grandiose après-midi.

Accoutumé à réduire au maximum mes échanges verbaux avec notre glorieuse police, car je sais que ces intrépides défenseurs de la loi et de la justice ont mieux à faire que discuter avec moi, tant est lourde leur responsabilité de nous protéger contre la barbarie, je me tiens coi, attendant paisiblement l'insolation sans bouger. 

L'un de mes voisins de plage engage néanmoins la conversation, s'interrogeant sur la pertinence d'interdire ainsi le port d'un outil de protection. Très vite, la discussion s'anime, jusqu'à ce que le preux chevalier s'indigne de l'inconséquence de son interlocuteur : 

-Il n'y a pas eu assez de blessés comme ça, Monsieur!?

Puis, lorsque l'inconscient lui fait remarquer que sa matraque est plus susceptible de causer des blessures qu'une paire de lunettes de protection :

-La matraque ce n'est pas pour vous taper dessus, Monsieur! C'est pour votre protection!

J'ai failli faire remarquer que c'était précisément pour éviter les blessures que le port d'un casque me paraissait indiqué, afin justement de leur faciliter cette noble mission de protection qui leur incombe. 

Mais je comprends à présent que j'avais tout faux : la matraque me protège, et le casque me met en danger! 

Moi qui croyais que je constituais un ensemble clos, avec un intérieur de mon crâne, qu'un casque pouvait protéger, je comprends que mon intérieur n'est protégé que par la matraque que tient le preux croisé, qui n'appartient point à l'extérieur de mon être mais apparemment à l'intérieur, puisque la matraque entre ses mains est le plus sûr gage que je n'aurai pas le crâne fendu! 

De même le casque ne peut qu'engendrer des blessures au lieu de les empêcher, puisqu'en protégeant ce que je pensais être mon intérieur, il est en fait déjà en lui-même une blessure, un corps étranger entre moi et moi!

Tout est clair à présent : lors de la prochaine manifestation, je viendrai tout nu, et veillerai à donner des matraques flambant neuves à mes protecteurs! Enfin, je me sentirai en parfaite sécurité!



lundi 20 juin 2016

Kylliki



Kylliki est un personnage du Kalevala, un recueil de récits légendaires finnois (dont Tolkien s'est inspiré sans vergogne pour le Seigneur des Anneaux d'ailleurs). Elle apprend la mort de son époux, parti pour conquérir une autre femme, lorsque son peigne se couvre de sang. J'ai voulu rendre dans son expression une sorte d'ambiguïté : est-elle triste, résignée ou heureuse de savoir son mari volage châtié?

mardi 17 mai 2016

La plus brève exposition du monde...



... ou "le Bidule, qu'est-ce que c'est que ce truc?"



Récit palpitant en plusieurs rebondissements d'une équipée cocasse, qui s'achève par une plongée dans les tréfonds de l'incompétence et de la psyché dégradée d'individus défaillants côté savoir-vivre le plus élémentaire (mais vraiment élémentaire, niveau jardin d'enfants... le stade sadico-anal n'a pas dû être dépassé).



Le Bidule et le Truc sont deux cafés voisins, situés à Montreuil, dans la rue piétonne du Capitaine Dreyfus. Nous les avons connus par hasard, à l'occasion d'un spectacle de flamenco, au cours de l'été 2015. Nous remarquons qu'il y a des tableaux aux murs : prise de contact sympathique avec une responsable, qui nous explique que les deux cafés appartiennent à la même personne. Deux ambiances, deux espaces utilisés pour des expos temporaires. Rendez-vous avec le patron pour en discuter.



Jusqu'ici tout va bien.



Le jour du rendez-vous, le patron se pointe avec une bonne heure de retard. Nous l'avons attendu à coup de : "il arrive dans 10 minutes..." Première erreur de notre part. Mais vu que nous venions du fin fonds du 92, repartir aussitôt ça pique un peu. M. Patron arrive, il voit notre travail, et paraît enthousiaste. Il propose d'exposer les tableaux de ma compagne au Bidule, et mes dessins au Truc. Nous sommes censés avoir de ses nouvelles la semaine suivante... Finalement, que dalle.



Jusqu'ici, tout va encore bien : nous avons perdu une matinée, mais ça arrive. Pas de quoi fouetter un chat ou un raton-laveur.



Fin 2015, alors que nous avions complètement oublié cette histoire, nous sommes recontactés par une nouvelle personne, responsable des activités culturelles du Bidule et du Truc. Rebelote, que je t'envoie les books, que je reprends contact... Apparemment ces gens ont autant de talent pour l'organisation qu'un Pharaon pour le patinage artistique. Bon, cahin-caha, nous parvenons à nous mettre d'accord sur un mois d'exposition, dont voici l'affiche ci-jointe, qui devait commencer le 9 mai.






Nous commençons à comprendre que nous avons affaire à des gens exceptionnels à plus d'un titre lorsque la responsable culturelle nous appelle deux semaines avant l'expo pour nous dire que le Truc était vendu, et qu'aucune expo ne pourrait y avoir lieu. Elle nous prend vraiment pour des cons, en nous disant que la vente s'est décidée "très vite". C'est bien connu qu'un bar se vend en trois jours. Seconde erreur de notre part : nous eussions dû retirer nos billes à ce moment. Un instinct très sûr nous avait fortement incités à ne faire aucune communication sur le sujet tant que l'expo n'était pas en route.



Hélas... Nous n'écoutons pas suffisamment notre instinct. Parmi les deux personnalités qui s'affrontent quotidiennement en moi : le connard misanthrope et le philosophe humaniste, j'écoute décidément encore trop l'humaniste. Nous voilà à partager, ma compagne et moi-même, l'espace du Bidule. Il y avait la place pour une vingtaine de tableaux, donc soit, poursuivons.



À ce stade de cette palpitante et picaresque aventure, les gommeux du Bidule-Truc-maintenant-Bidule-tout-seul avaient eu trois fois nos books en main.



Le 9 mai, nous venons avec tableaux et dessins pour tout accrocher, ayant chacun pris un congé à cet effet. 15h nous y sommes. 15h30 tout est en place. Pendant l'accrochage, dans le bar,  une sorte de racaille mal dégrossie était en train de s'embrouiller avec quelqu'un pour une histoire de vol de matériel, à grands renforts de : "T'es un putain d'enculé toi, je vais te défoncer..." Ambiance baston imminente, mais en fin de compte beaucoup de bruit et fureur pour rien. Les deux duellistes se donnent rendez-vous pour en reparler "avec des copains" et se quittent à grands renforts de virilité démonstrative. Lors, nous découvrons avec stupeur que la racaille mal dégrossie est en fait M. Patron, que nous n'avions pas reconnu, vu que nous l'avions vu une seule fois, presque un an plus tôt.



Et là... tout bascule... (musique dramatique)



M. Patron commence à refuser une partie des tableaux proposés. Tableaux qui pourtant étaient sur les books. Books que nous leur avions fait feuilleter et envoyer trois fois par mail, sans que JAMAIS, au grand jamais, LA MOINDRE SÉLECTION N'AIT ÉTÉ FAITE OU PRÉFÉRENCE EXPRIMÉE pour telle ou telle oeuvre. Mais subitement, M. Patron fait une sélection... le jour même! Apparemment, mon épouse et moi-même sommes devenus représentants de commerce, ou vendeurs porte-à-porte, avec une valise d'échantillons...



Bref, certaines oeuvres ne sont point au niveau des standards de cet établissement classieux. Conciliants et désireux d'en finir, nous enlevons donc les croûtes indignes des murs prestigieux de ce temple de l'art content pour rien, tout en demandant si les autres en revanche conviennent : "Oui, oui, oui, le reste ça va..."  Nous repartons donc pour rejoindre nos pénates clamartoises, encore ahuris de ce comportement, dans l'atmosphère bucolique des embouteillages parisiens de fin d'après-midi, de banlieue à banlieue... Ô joie!



Las! Ce n'est pas fini!



En arrivant à Clamart, une heure plus tard, M. Patron nous rappelle, pour nous dire, en son langage sophistiqué et soutenu : "Ça va pas le faire". M. Patron s'exprime par un mélange de grognements, de phrases incomplètes... puis passe le téléphone à sa collaboratrice, la responsable culturelle, car développer un propos construit est décidément au-dessus de ses forces - voire qui sait! - de ses capacités intellectuelles. Sans doute devrions-nous nous estimer heureux de n'avoir pas eu droit à quelque chose comme : "Vas-y ça va pas le faire, bande d'enculés!". L'éloquence gaillarde de M. Patron n'excelle apparemment que dans l'insulte. Laconique et efficace (pour une fois), sa collaboratrice nous dit que les oeuvres ne sont "pas en accord avec le lieu"...



Ces mêmes oeuvres dont ils avaient eu un an pour décider si elles étaient ou non en accord avec le lieu, qu'ils avaient vues sur les books, voire même en vrai, puisque nous en avions apportées lors de notre premier rendez-vous foireux...



Ces mêmes oeuvres dont, une heure auparavant, ils avaient dit qu'elles convenaient...



La sidération le dispute encore à ce vertige qui saisit nos âmes candides, face à ce gouffre abyssal d'incompétence et d'irrespect. À 19h, nous voilà revenus avec l'intégralité de nos tableaux, après avoir fait deux fois l'aller-retour et consacré une après-midi à la psychothérapie agressive de gens incroyablement lunatiques ou titanesquement incompétents... quoique, comme dirait Casanova : "pourquoi choisir?



Mais bon, ça arrive, quand on est VRP.

lundi 9 mai 2016

Abax, la muse du jeu de rôle


Le jeu de rôle avec des amis, des dés et du papier hein... pas en ligne ou avec des costumes de chat... Je l'ai appelée Abax parce que ça signifie "table de jeu" en grec.

jeudi 21 avril 2016

Expo



Deux de mes dessins et 5 peintures de mon épouse seront exposés durant un mois au Péri (14 rue Radiguey à Montrouge), lieu grandiose où le café est à 1 euro 30 et le chocolat vrai (Van Houten et tout!!).

lundi 4 avril 2016

Harpie en train de se poser


C'est l'un des très rares dessins que j'aurai fini en une journée... histoire de passer le temps au salon du livre de Brétigny-sur-Orge. Merci au passage à Sophie Vuillemin et Jean-Claude Texier, mes deux voisins, pour leurs encouragements!

jeudi 17 mars 2016

De guerre lasse

Tous vos morts attachés à mon manteau
Maculé d'ordure, de boue, de terre,
Je fais moisson de toutes les colères
Et j'avance sans trêve ni repos

Je marche jusqu'à l'épuisement
Jamais le mien, non! Mais toujours le vôtre.
Et d'une génération sur l'autre
Je renais, toujours plus lasse du sang.

Pareille à Dieu, je m'engendre moi-même
Parce que le vaincu attend son tour
Je vous reviens sous de nouveaux atours
Mais n'ayez crainte : je reste la même

Nul n'est victime pour l'éternité
Et même les larmes des innocents
Ont déjà pour moi le reflet du sang
Ainsi je venge ceux que j'ai tués

Si vous saviez comme j'aimerais dormir
M'étendre quelque part entre vos morts
Ceux qui ont raison et ceux qui ont tort
Et cesser d'être enfin, cesser de nuire

Hélas! L'Histoire des hommes n'a pas
Assez de siècles pour mon sommeil
Alors je continue. Je vous surveille
J'avance parmi l'ombre et le fracas

jeudi 3 mars 2016

Disney n'a décidément rien inventé

Comme en témoigne ce texte de l'auteur grec Lucien, où il se met en scène comme disciple d'un "scribe sacré de Memphis", nommé Pancratès : 

"Quand nous arrivions à une hôtellerie, mon homme prenait la barre de la porte, ou le balai, ou le pilon, le recouvrait d'habits, et, prononçant sur lui une formule magique, il le faisait marcher, et tout le monde le prenait pour un homme; et l'objet s'en allait puiser de l'eau, faisait nos provisions, les accommodait, nous servait en tout avec adresse et faisait nos commissions. Ensuite, lorsque le mage n'avait plus besoin de ses services, il refaisait du balai un balai, du pilon un pilon, en prononçant sur lui une autre formule d'incantation. 

(...) un jour, m'étant secrètement placé dans un coin assez obscur, j'entendis l'enchantement sans qu'il s'en aperçût. C'était un mot de trois syllabes. (...) Le lendemain, ce mage étant allé à la place pour traiter quelque affaire, je pris le pilon, l'habillai comme le faisait l'Égyptien, prononçai les trois syllabes et lui ordonnai d'apporter de l'eau. 

Quand il eut rempli l'amphore et me l'eut apportée : 

-C'est assez, lui dis-je, n'apporte plus d'eau et redeviens pilon. 

Mais sans vouloir m'obéir, il en apportait toujours, tant et si bien qu'à force d'en puiser, il en eut inondé notre maison. J'étais fort embarrassé, car je craignais fort que Pancratès, à son retour, ne se fâchât contre moi, ce qui arriva en effet. Je prends alors une hache, et je coupe le pilon en deux, mais chacun des deux morceaux prenant des amphores va chercher de l'eau, et au lieu d'un porteur j'en eus deux. À ce moment, Pancratès survient; il comprit ce qui s'était passé et refit de ces porteurs d'eau des morceaux de bois tels qu'ils étaient avant l'enchantement."

vendredi 22 janvier 2016

En finir avec le projet professionnel

-À la lecture de votre CV, je vois qu'entre votre doctorat de neurobiologie et votre contrat de recherche de cinq ans au Forschungsinstitut Trukemberg für Neurobiologie, vous avez été vendeur chez Quick pendant six mois. Pourriez-vous m'expliquer comment cela s'insère dans votre projet professionnel?

-Eh bien, c'était une manière pour moi de développer mon relationnel dans un contexte que j'ai volontairement choisi très éloigné de mon milieu socio-professionnel, afin d'acquérir une vision transverse et de relever de nouveaux défis...

La réponse honnête serait évidemment : "Ça ne s'insère pas, un peu comme la réalité des choses dans ta cervelle atrophiée. Faut bien croûter et payer son loyer, virgule connard/connasse". Naturellement, tout conseiller Pôle Emploi hurlerait d'horreur face à un CV ainsi rédigé, et recommanderait de remplacer ces six mois par un pipeau quelconque, une formation, une grossesse... voire par rien du tout.

Pourquoi? Parce que non seulement on attend de vous que vous ayez un projet professionnel, mais aussi et surtout que chaque étape de votre carrière soit une manière de réaliser ledit projet. Vous n'avez donc pas le droit à l'erreur ni à la malchance. Vous devez impérativement apparaître comme un individu dont le parcours est un sans faute. En bref, vous devez pouvoir affirmer ce qui sera un mensonge dans la plupart des cas : "À chaque moment de ma vie, j'étais exactement là où je voulais être."

Ce dégradant exercice en hypocrisie ne serait qu'un des nombreux avatars du déficit permanent d'emplois qui fait de moult d'entre nous de serviles et abjects quémandeurs, s'il ne déteignait sur la vie courante, par exemple de la manière suivante :

-Que fais-tu dans la vie?

-Je m'occupe de la comptabilité d'une entreprise d'import-export en trombones et agrafeuses... C'est passionnant!

Remarquez que la première personne n'a pas demandé si c'était passionnant, et croyez-moi, la réponse est rarement sarcastique.

-Je suis célibataire en ce moment. Ça fait du bien de temps en temps!

... vous dit la personne qui chasse désespérément sur Mythique, et là encore, vous n'avez point demandé si cet état était ou non plaisant, mais en l'affirmant, la personne se convainc de la réalité de cette assertion. Bref, même hors du contexte professionnel, les gens vont vous présenter chaque élément de leur existence comme le résultat d'une évolution choisie et assumée, qui ne devra rien au hasard ou à la volonté d'autrui. Là encore, vous vous devez d'apparaître comme une personne qui réussit tout ce qu'elle entreprend et n'est jamais victime d'injustice ou de malchance. Là encore, vous devez dire : "Je suis exactement là où je veux être. Ma vie est une réussite sans faille."

Est-ce à dire qu'il faille gérer sa vie personnelle comme sa vie professionnelle? Avec la même dose d'hypocrisie et de soumission à des rituels ineptes? Un divorce ressemblant déjà fort à un licenciement, faudra-t-il s'armer d'un CV "romantique" pour rencontrer l'âme soeur, avec un volet "compétences" et un autre "expérience"? Faudra-t-il choisir ses passe-temps et passions en fonction de leur impact sur autrui? Faire de la moto, de la photographie ou de la guitare est sans doute plus "vendeur" que la philatélie.

À l'instar du dépressif qui ne cesse de rabâcher ses erreurs et ses malchances comme s'il était engagé dans un perpétuel procès de lui-même, voilà l'oppressif, qui vous impose sa vision fantasmée d'une vie parfaite. Faites-lui plaisir : expliquez à quel point votre propre vie n'est qu'une succession d'échecs lamentables. C'est en quelque sorte son antidépresseur.

jeudi 21 janvier 2016

République et capitalisme


Citons Jaurès : "Je n'ai jamais séparé la République de l'idée de justice sociale."
Si ma Marianne est rousse c'est parce qu'elle incarne la République Sociale ;-)

mercredi 6 janvier 2016

C'est l'un des personnages du roman que je suis en train d'écrire.