dimanche 6 novembre 2016

Ouzon


Il suffit d’une vie pour céder.
Je le sais : mon âpre solitude 
M’était une sinistre habitude. 
J’avais déjà à toi renoncé.

Il suffit d’une année pour guérir.
Je le sais : je t’ai vue relevée
D’entre les presque-morts, sur tes pieds, 

D’un blanc matin où j’ai cru au pire.

Il suffit d’une nuit pour aimer. 
Je le sais : elle était ravissante 
Cette demoiselle sautillante
Qui a pris ma taille pour danser.


Il suffit d’une heure pour haïr.
Je le sais : ma colère en lambeaux 

Distingue pour moi le vrai du faux. 
Y renoncer serait m’avilir.

Il suffit d’un instant pour mourir. 
Je le sais : je n’ai pas oublié
Ta main juste au-dessus du muret 

Que jamais je ne pourrai saisir.

Mais cinq années ne suffisent pas 
Pour seulement me lasser de toi. 

2 commentaires:

  1. Beau et tellement émouvant. Particulièrement les deux derniers quatrains qui expriment si bien, simples et limpides des pensées complexes presqu’indicibles (particulièrement le dernier quatrain).

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