jeudi 22 août 2024

Huit à l'entrée, sept à la sortie : résumé de la partie du 19/08/24 (Terre Seconde)


      Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 19 août dernier, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table. 


    Livides et puants encore des remugles glanés malgré eux dans leur pérégrination souterraine, les compagnons avaient les yeux baissés. Assis au bord du fossé où se déversaient les eaux sales de Mare Frigă, ils reprenaient leur souffle et luttaient contre une irrépressible envie de vomir.

    L'aurore éclairait à peine le chemin devant eux. Ramona avait été claire : poursuivre vers l'est, face au Soleil qui se levait paresseusement.

    -Chez moi, on dit que le Soleil est l’œil de Dieu, murmura Neïa, son visage baigné de larmes qui creusaient des sillons clairs sur sa peau noircie par la crasse des égouts.

    -Si seulement c'était vrai, nous pourrions espérer qu'Il n'ait rien vu de ce qui s'est passé, rétorqua Danaë d'une voix sombre.

    Neïa se mit à sangloter, blâmant sa propre faiblesse : contrairement à Médard, elle avait accepté l'aide du démon pour sauver sa vie... sa pauvre vie, déjà menacée par cette malédiction que le Voievod Dinu avait appelé boala regelui Ixiom ou "la maladie du Roi Ixiom". Danaë la Capitaine, si droite et si courageuse d'ordinaire, avait elle aussi accepté cette hideuse compromission avec les forces des ténèbres. Seul l'écornifleur, le truand, le tricheur avait sauvé son âme en opposant au démon un refus catégorique, condamnant ainsi son existence terrestre.

    -Neïa, arrête de te battre la coulpe, intervint Tertius, posant une main maladroite sur l'épaule de la jeune sorcière. Ce n'était pas un démon ordinaire, tu sais. Xollol nous a dit que c'était un... un...

    -Un Knïaz, dit le mage. Un Seigneur des Abysses, si vous préférez.

    -Voilà! Chez les démons c'est une sorte de prince, vois-tu... Nous ne pouvions pas lutter.

    -D'ailleurs, n'ayez crainte, reprit Xollol. Aucun pacte n'a été noué. Accepter l'aide d'un démon ne lie pas en soi vos âmes à lui, même si c'est un Knïaz. J'imagine que nous n'en avons pas fini avec ça, mais nos âmes ne sont pas damnées pour autant.

    -Pas par ça, en tous cas, dit Kim dans un souffle.

    -Et puis, pense à l'Ange que nous avons vu emporter l'âme du voleur! dit Arulo.  Si un roublard tel que lui peut être sauvé, alors vous aussi, non?

    Cette idée parut calmer Danaë et Neïa, les deux seuls âmes chrétiennes du groupe, à présent que Médard n'était plus. Xollol n'osa pas ajouter qu'en réalité, cette vision d'un ange n'était qu'un ultime artifice de l'illusionniste. Aucun être céleste n'était venu prendre l'âme du voleur par la main pour la conduire au paradis des justes. Son corps déchiqueté par la créature tentaculaire qui avait bien failli emporter Tertius était la dernière véritable image que laissait derrière lui ce pauvre Médard.

    -Et l'autre qui ronfle toujours! reprit la Capitaine, en donnant un coup de pied au corps de Sisyphe, étendu dans l'herbe.

    -Je n'arrive pas à croire que tu l'aies si profondément endormi, dit Neïa à Xollol en séchant ses larmes.

    -Il est plus supportable comme ça, en tous cas, ajouta Kim en nettoyant la lame de sa hache fétiche.

    -On voit que ce n'est pas toi qui a dû le porter! grogna Danaë en s'étirant.

    -Plutôt crever! répliqua Kim. Les Gryzn voulaient le dévorer, je leur aurai bien volontiers laissé le morceau!

    -Et raté la tête qu'il va faire? demanda Arulo.

    Kim interrogea le gobelin du regard. Sisyphe, quant à lui, commençait à reprendre peu à peu conscience.

    -Je veux dire... murmura Arulo, quand il saura qui nous avons rencontré, pendant qu'il dormait.

    Kim eut un sourire en y songeant, mais proposa :

    -Mais est-ce une bonne idée de lui en parler?

    -En partie, au moins, dit Tertius.

    -Rien ne nous oblige à lui révéler ce que nous savons maintenant sur sa mère et ses origines, ajouta Arulo.

    -S'il savait
que lui et moi avons maintenant quelque chose en commun! ricana Kim.

    -Savoir lui fera peut-être encore plus de mal, dit Xollol, d'une voix gourmande.




mardi 20 août 2024

Quatrième de couverture


 

Première de couverture


 C'est la couverture du petit livre 

que nous destinons à notre fils adoptif, 

racontant l'histoire d'un hibou et d'un renard

qui adoptent un écureuil :

"Quelle famille!"

jeudi 1 août 2024

Cina Finală : résumé de la partie du 30/07/24 (Terre Seconde)

 

      Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 30 juillet dernier, dans le cadre de la campagne "Les damnés du roi-vampire". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table. 


    La noce était enfin terminée. Dehors, les Strigoï de la Garde de Fer achevaient les agapes à leur manière... L'aube allait bientôt se lever mais Ovidia de Stelelor ne voulut pas tout de suite retrouver la torpeur qui imitait si bien le sommeil, moins les songes.

    La veille, son époux le Voievod Dinu de Stelelor avait accompli le rite des épousailles pour unir la fille de Domnul Puscas à son promis, avant de s'éclipser, sans doute pour aller implorer le pardon du dieu crucifié, comme si son âme à tout jamais damnée était encore à portée du salut divin.

    Lors de l'Ultime Souper, Ovidia avait bu comme lui au calice tendu par Sa Majesté, mais elle l'avait fait sans y être contrainte. Elle était entrée bravement dans la nouvelle ère et la chapelle du château n'était plus pour elle qu'un lieu quelconque, encombré des symboles absurdes de l'ancienne foi.

    Mais pour Dinu, c'était une sorte de boudoir triste, consacré à l'auto-flagellation où il pleurait devant les icônes, versant d'inutiles larmes de sang devant l'image ce celui qu'il considérait encore comme le Sauveur. Elle avait souvent menacé mettre le feu à cette chapelle, sans jamais oser le faire.

    Il était là, évidemment, torse nu et couvert de son propre sang, à genoux et les bras en croix devant une icône de la Vierge. Il se releva en reconnaissant son pas. Elle brandit sous ses eux les deux dagues en argent que les bouffons de la veille lui avaient remises :

    -Regarde! Ce sont les dagues d'Igord.

    Mais Dinu ne montra aucun étonnement, et pour cause :

    -Je sais, ils m'en ont montré deux autres hier soir, quand tu perdais ton temps dans ces noces turpides, parodie macabre d'un sacrement.

    Ovidia ne lui ferait pas le plaisir d'avoir l'air décontenancée, aussi reprit-elle aussitôt :

    -Ils m'ont servi un conte absurde au sujet de je ne sais quel complot... Mais ces dagues sont bien celles d'Igord de Câmpie!

    Parmi les Voievods du Pays Maudit, Igord de Câmpie était connu pour son amour des poisons et ses dons d'alchimiste. Ses dagues en argent liées au Dracul faisaient sa fierté et étaient connues de tous... et n'imaginait pas cette meute de branquignoles capable de les lui dérober!

    -Je sais, poursuivit Dinu. Ils ont dit avoir reçu ces dagues dans leur sommeil, en même temps que la
Maladie du Roi Ixiom.

    -Ils en sont porteurs?

    -Quatre d'entre eux, en tous cas. Assez proches de muter, d'ailleurs. J'ai entamé la peau de l'un d'entre eux d'une simple estafilade et l'oeil rouge du parasite est aussitôt apparu sous la peau. Leur salut serait dans le retable de la Basilique Saint-Vladimir.

    Ovidia et Dinu échangèrent un regard exprimant pour une fois la même émotion : ce retable indestructible, qui réapparaissait toujours dans la Basilique en ruines, lieu où jadis les Rois de la Dacia Felix se faisaient couronner, avant la malédiction, malgré tous les efforts des uns et des autres pour le détruire ou le déplacer, était pour tous les Voievods et même pour le Roi une terrifiante énigme. Imbu de la magie du dieu crucifié, il semblait être l'indestructible souvenir de l'ancienne foi et pourtant,  il était aussi indissolublement lié au Dracul.

     -Je les envoie demain sous bonne garde à Aghast, reprit Ovidia. Ils m'ont demandé d'eux-mêmes une escorte, les imbéciles! Je ne me suis guère fait prier.
 
     -Oh non, répliqua Dinu. Ils sont partis cette nuit, par les égoûts. Ils doivent être loin, maintenant.
 
     Voilà pourquoi il n'avait montré aucune surprise! Ovidia maîtrisa l'envie qui lui venait de coller le visage de son époux contre les icônes qu'il chérissait tant mais dont le contact le consumait. Dinu la considérait avec cette triste indifférence, ce qui était son humeur quasi-permanente depuis plus d'un siècle maintenant.
 
     -Tu les as mis en garde contre moi, j'imagine? Et c'est la petite Ramona qui leur a indiqué comment sortir de Mare Frigă  par les égoûts?
 
     -Elle leur a même donné une lanterne, acquiesça Dinu, pourtant sans la moindre nuance de défi dans la voix.

    -J'imagine aussi que tu leur as aussi parlé du Dracul et de son lien à ces dagues? soupira Ovidia.

    -Bien entendu, répondit Dinu. Je leur ai parlé du Dracul ou de l'Hôte ou de l'Ancêtre... peu importe le nom qu'on lui donne, du dragon mystérieux que Raluc est parti chercher dans l'archipel des Vermili et dont nous fûmes condamnés à boire le sang. Je leur ai même dit qu'il était alors guidé par la noble intention de protéger son royaume sans avoir à faire couler le sang des vivants. Je leur ai même révélé le nom de l'Hôte : Suryavarman.

    Ovidia ne put masquer un rictus en entendant ce nom qui en parler-dragon signifiait "protégé du Soleil", mais poursuivit d'un ton anodin :

    -Bah, cela devait leur être familier, non? Ils sont vermiliens d'après leurs dires. Ils connaissent forcément l'Île impériale infestée de revenants et la nécropole de Douaït, l'ancienne cité de la dynastie des Draco qui régna sur leur pays. Ils devaient seulement ignorer que l'Hôte n'est plus dans la nécropole et que son pouvoir a été transporté jusqu'ici par Sa Majesté...

    -Dieu seul sait comment, conclut Dinu avec un sourire narquois.

     Ovidia ne répondit rien mais sur ce point son époux avait raison : nul ne savait comment le jeune Prince Raluc Scarabaë, alors fringuant jeune homme au seuil de la vie, avait... rapporté - faute d'un meilleur terme - avec lui des Vermili l'Hôte et son pouvoir, pour initier son règne, long maintenant de plus d'un siècle.
 Mais nul ne pouvait contester la présence de l'Hôte dans la terre du Pays Maudit.
 
     Partout et parfois même au-delà des frontières du Pays Maudit s'ouvraient ces passages souterrains vers ce monde intermédiaire entre le monde des morts et des vivants. Le peuple l'appelait Iadul, c'est-à-dire  "l'Enfer". On murmurait que descendre ces escaliers qui apparaissaient n'importe quand et n'importe où, souvent sous les maisons du Pays Maudit mais parfois en pleine forêt, c'était en fait marcher sur le corps de l'Hôte. "Iadul este Dracul şi Dracul este Iadul" disait-on: "l'Enfer est le Dragon et le Dragon est l'Enfer".
 
     Ovidia tourna les talons, décidée à envoyer la Garde de Fer aux trousses de ces mauvais drôles que son époux semblait vouloir aider. Il fallait faire vite, avant qu'ils atteignent les Munţii Capuşeni, où les bergers réfractaires à l'autorité seigneuriale et surtout cette maudite Roxana, sa propre fille, avait trouvé refuge, car elle se doutait que Dinu lui avait envoyé ses nouveaux protégés. Eh bien elle enverrait leur fils, Darius, à leur poursuite, puisque lui au moins tenait d'elle plutôt que de son couard de mari!
 
    Laissé à sa solitude mélancolique, Dinu songea à ce que ces visiteurs inattendus lui avaient demandé : comment libérer le Pays Maudit? Comment détruire Suryavarman, le dragon mort? Il les avait appelés "enfants du dragon mort", car ceux d'entre eux qui portaient la maladie du Roi Ixiom se transformeraient bientôt et transmettraient à leur tour la malédiction, faisant ample moisson d'âmes pour le dragon mort.

    Détruire le dragon mort : folle espérance! S'ils parvenaient à échapper à la maladie, ce serait déjà un exploit unique en son genre. 

    Détruire le dragon  mort... détruire Suryavarman... ou au contraire lui rendre sa raison d'être initiale. Dinu était en effet persuadé que ce nom "protégé du Soleil" faisait écho à Amon-Râ, le dieu solaire des Rame n'Khoume. Suryavarman devait être tout autre chose à l'origine : un rêve devenu cauchemar, un espoir devenu maléfice.  

    Mais après tout ils étaient vermiliens et les Rame n'Khoume avaient fondé une cité libre sur l'archipel des Vermili : An-Akhbou. S'il ressortaient vivants du Pays Maudit, peut-être trouveraient-ils là-bas, auprès des prêtres d'Amon-Râ, réponse à cette question.