vendredi 28 février 2025

Falgasten : résumé de la partie du 23/02/25 (Terre Seconde)

 Le texte qui suit est un court résumé de la partie du jeu de rôle Terre Seconde (www.terreseconde.fr) du 23 février dernier, dans le cadre de la campagne "Face au crépuscule des Dieux". Il s'adresse essentiellement aux joueurs de la table.


Depuis qu'il avait quitté son village natal en Arlidh pour venir à Valrouge, Edern ne se laissait pas d'observer les mille étrangetés quotidiennes de ce petit village. Valrouge avait beau n'être qu'une forteresse perdue dans les montagnes aux confins du Norrenwelt, avec quelques fermes et champs à l'entour, il s'y déroulait quotidiennement des événements qu'il fallait bien appeler fabuleux, dignes des chants des bardes glorifiant les héros du passé.

-Edern! s'écria Erell en arrivant vers lui d'un pas rapide sur le chemin de ronde. Qu'est-ce que tu fais sur les remparts?

La cheffe des mercenaires celtes employés par le Jarl, originaire d'Arlidh comme lui, avait tendance à considérer Edern comme un enfant perdu du pays. Mais Edern ne regrettait pas son pays natal, où il n'était guère plus que l'idiot du village. Ici, il était considéré par Hamadryos comme un être élu, presque sacré, de par son don de prescience, auquel le Jarl faisait régulièrement appel.

-Regarde, dit-il pour toute réponse, en montrant la direction du sud.

Malgré elle, Erell ne put s'empêcher de scruter l'horizon nocturne. À leurs pieds s'étendait la vallée, le village, les champs, la forêt... plus loin, souligné par la lumière de la Lune, le contour dentelé de la Soufrière, cette ligne de roches escarpées regorgeant de soufre, que les gens du coi disaient être le cadavre d'un dragon du feu, le ruban sinueux de la Hase, la rivière formant la frontière méridionale du Kristalldrachenland et du Royaume, et enfin les forêts épaisses des Terres Sauvages, qu'elle avait tendance à imaginer grouillant de Gobs.

-Regarde plus loin, insista Edern, comme s'il lisait sa perplexité sur son visage, jusqu'à Männwig.

-Männwig?! Tu plaisantes? C'est la ville de la Jarlna Annalilla Thorgest, non? Au Niederardei? Comment veux-tu que je voie jusque-là?

-Ils sont là-bas en ce moment, poursuivit Edern, ignorant superbement la remarque d'Erell.

-Qui çà?

-Le Roi, le Gardien de l'arc-en-ciel, l'écolière d'Elvidnir, le fils du Soleil et le Druide-Prince.

Erell était accoutumée au charabia du jeune devin, qui évoquait les contes abscons des bardes de son pays. Accompagnés par une harpe et portés par un chant mélodieux, ces mots eussent éveillé en elle une indéniable nostalgie, mais au beau milieu de son quart de garde en pleine nuit et sur les lèvres d'un benêt, cela ne suscitait qu'un fort sentiment d'impatience.

-Le Roi? répliqua pourtant la mercenaire. Le Norrenwelt n'a plus de Roi... ou alors parles-tu d'Örn, le fils du défunt Roi Karl?

-Non, je parle du Jarl Hamadryos.

-Qu'est-ce que tu racontes?

-Demain, l'Althing proclamera par cinq voix contre quatre la déchéance de la dynastie des Gerlach et désignera comme nouveau Roi du Norrenwelt Hamadryos Pythonien, Jarl du Kristalldrachenland. Outre lui-même, voteront en sa faveur les Jarls Ingemar, Annalilla Thorgest, Dynhaÿl Düsterflug et Eÿggil.

-Eÿggil? s'étonna Erell. Le fils du Jarl Sigurd du Harz? Tu divagues, décidément : il est mort comme son père!

-Un étrange prêtre chrétien du nom de Colme l'a ramené à la vie. Dorénavant, il se montre avec une croix d'or autour du coup et proclame à qui veut bien l'entendre sa dévotion nouvelle pour le Dieu Crucifié.  

Erell songea que si elle devait une seconde chance au Dieu Crucifié, elle se montrerait sans doute tout aussi reconnaissante à son égard. Mais si ce Dieu ressuscitait tous les païens pour les convertir... quelle pagaille en perspective! Elle hésita un instant à rabrouer le jeune idiot, d'abord parce qu'il était le protégé du Jarl sélénite, mais aussi parce qu'il disait parfois vrai, le bougre. Mais quelque chose la tracassait  toujours :

-Nous verrons bien demain si tu as raison, mais en tous cas le Roi... enfin le Jarl ne peut y être déjà! Il s'y rendra demain et dort en ce moment dans sa cellule ici-même.

-C'est vrai, admit gravement Edern. Leurs êtres d'aujourd'hui sont ici mais leurs êtres de demain matin seront transportés une demi-journée en arrière jusqu'à maintenant.

-Allons bon... gémit Erell, passant une main sur ses yeux.

-Ils croiront que le Soleil se couche à l'est mais ils ne verront qu'une aurore inversée, à cause Okayan Svarogitch Gordel, un magiocrate de Mouchkine, la cité aux quatre cigognes -

-Hein?

-Quelque part en Orgia.

-Ah, d'accord. Mais seuls les sorciers peuvent voyager dans le temps Edern. Comment un simple mage en serait-il capable?    

-Lui non! Mais il a un Falgasten sur lui.

-Un quoi?

-Une pierre du mauvais temps.

-Un truc pour faire pleuvoir?

Mais Edern agita les mains en signe de dénégation, avant de reprendre, sur le ton d'un conteur s'adressant à une enfant :

-Jadis les prêtres du dieu mort Delling, l'ancien dieu du Temps des Mondalben, les premiers Sélénites, celui qui leur offrit le don de l'immortalité en les laissant boire l'eau de la source Mimir, parcouraient souvent les innombrables et tortueux méandres du Temps. Mais même leur esprit rompu à tous les paradoxes se perdait parfois dans ces pérégrinations insensées. Alors ils se trouvaient piégés dans le Falga : un temps circulaire engendrés par eux dont ils ne savaient plus s'extraire. Pour en sortir ou plus simplement pour échapper à toute divergence intempestive, ils créèrent ces objets sacrés, utilisables par la seule volonté, pour revenir en des points spécifiques du temps et de l'espace, auprès d'une personne de leur choix. Le Falgasten porte l'image de la personne en question et...

-Laisse-moi deviner, le Falgasten de cet Okayan était à l'effigie du Jarl?

-Tout juste. Okayan cherchait comme lui le Manihus, le temple lunaire enfoui de l'archipel Cadutto... et tombeau de Delling.

-Bon, tu recommences à divaguer, bonhomme. Allez viens, je te raccompagne.

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