Pour ceux qui ne sont rien et qui ont peur
Tu as tracé les contours du bonheur.
Tu as donné au Temps son point final
Au loup à l'agonie son dernier râle.
Sans savoir comment, j'ai perdu la guerre,
Me suis réveillé matière première.
Sujets aveugles du Roi des Moustiques,
Nous sommes tous seuls et tous identiques.
Tu marches sans croiser un seul sourire
Dans ta prison où, loin de s'endormir
Le mauvais temps s'échappe avec fracas
Et le sol se dérobe sous tes pas.
Le Soleil dégueule et le ciel titube
La Révolution bosse dans la pub
Les roses marchent sur leurs épines
Même l'air se venge et nous assassine.
Bien loin de nous faire plus dociles,
L'ignorance nous a rendus futiles.
Aujourd'hui, tu contemples sans comprendre
La raison morte et la Cité en cendres.
Mais n'est-ce pas toi qui gueules si fort
Qu'on ne peut penser ou même avoir tort?
Tu avales chaque rue et ruelle :
Par quels détours s'enfuit l'âme rebelle?
Elle échoue aux rives des Mauvais Juges
Aux pieds des anciens Faiseurs de Déluge.
Ô Statue! Souris, si tu croises un soir
Le regard nu de ta propre victoire.
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