(écrit avec Sandy Cazé)
J’ai vu dans vos mains des lames brûlantes,
avides d’un sang neuf
J’ai vu s’éloigner les étoiles,
et les enfants ramper dans les mines
Partout j’ai vu le feu,
et les mains affamées qui en sortaient
J’ai vu le ravage de l’incendie à l’aube tuméfiée
J’ai vu aussi des pousses poindre dans la cendre
Comme après l’éruption revient l’herbe tendre
Et la lune a paru plus grande dans le ciel déserté.
J’ai vu une muraille surgir des mers,
pour nous voler la courbe de l’horizon
J’ai vu la chouette à nouveau clouée sur nos portes,
et dans son œil d’or brillait encore l’éclat de nos passions oubliées
Surtout j’ai vu du sang,
et je sais ce qui nous attend
J’ai vu des racines et des branches fissurer le mur
Il s’est orné de dessins sur l’horizon et la mer
Des doigts errants commencent d’arracher les pierres
Des mains courageuses le couvrent d’écriture
J’ai vu les dieux quitter leur tombe,
et venir s’asseoir à notre table
J’ai vu des prêtres masqués leur livrer des corps d’enfants
pour incarner leurs désirs infâmes et leur soif de vengeance
Ils prétendent défendre la vie et la Terre,
mais servent les antiques ténèbres
J’ai vu ces seigneurs vaciller de leur piédestal
Quand les prières des fidèles s’achèvent
Disparaître dans un nuage d’encens et de santal
Car les humbles de la Terre se relèvent
J’ai vu brûler une fois encore la bibliothèque d’Alexandrie,
et les flammes riaient comme des enfants ignorants
J’ai vu des croix fichées dans le sol brûlant de nos déserts,
et leurs bras grands ouverts pour de nouveaux esclaves
Et je sais que nous marcherons courbés,
sous le sourire suffisant des géants de bronze
J’ai vu les pages rescapées s’envoler comme des hirondelles
Des mots recueil lis comme des fleurs aux pétales fragiles
Des imprimeries de fortune aux encres malhabiles
Aux couvertures grossières, au papier léger comme une aile.
J’ai vu que nos machines en savaient plus que nous,
car elles ne craignaient pas d’apprendre
J’ai vu sur les murs de nos écoles en ruines une vigne folle,
pour nos ivresses envenimées par le regret
Et je sais que nos enfants ne sauront pas lire ces lignes,
ni même compter les maigres deniers de leur labeur
J’ai vu sur les murs de vieilles cartes de géographie
Aux îles englouties, aux continents disparus
Un monde amnésique redécouvert par des nouveaux venus
Des enfants qui arrachent un peu de savoir à l’oubli.
J’ai vu l’ange de la Pestilence étendre à nouveau ses ailes couleur de cendres,
et sa lame lui avait été rendue par les Princes-Marchands
J’ai vu sourire les poisons nourris du terreau de l’absence,
car plus personne ne savait recoudre nos plaies ouvertes
Et sous un air trop lourd nous attendions l’orage,
impatients d’en finir et amoureux transis des guerres à venir
J’ai vu des miraculés qui ont survécu
A la maladie au cheval vert de gris
Utiliser l’averse pour laver le sang, la lame comme bistouri
Et soigner les vainqueurs comme les vaincus
J’ai vu les mercenaires dévorer Carthage,
et ils cueillaient des fruits de sel sur des arbres en verre
J’ai vu le temps se tordre sur lui-même,
comme un serpent éventré
Et les mots restaient en nous comme une maladie honteuse,
parce que nous ne savions plus que la langue du vainqueur
J’ai vu des mots se réinventer des légendes se redécouvrir
Et les hommes boire de nouveau aux sources
L’eau du temps chasse le sel et redevient douce
Pour ceux qu’aucune défaite n’empêche de réfléchir.
Mais je n’ai rien vu après.
J’ai vu l’Ouroboros.
J’ai vu dans vos mains des lames brûlantes,
avides d’un sang neuf
J’ai vu s’éloigner les étoiles,
et les enfants ramper dans les mines
Partout j’ai vu le feu,
et les mains affamées qui en sortaient
J’ai vu le ravage de l’incendie à l’aube tuméfiée
J’ai vu aussi des pousses poindre dans la cendre
Comme après l’éruption revient l’herbe tendre
Et la lune a paru plus grande dans le ciel déserté.
J’ai vu une muraille surgir des mers,
pour nous voler la courbe de l’horizon
J’ai vu la chouette à nouveau clouée sur nos portes,
et dans son œil d’or brillait encore l’éclat de nos passions oubliées
Surtout j’ai vu du sang,
et je sais ce qui nous attend
J’ai vu des racines et des branches fissurer le mur
Il s’est orné de dessins sur l’horizon et la mer
Des doigts errants commencent d’arracher les pierres
Des mains courageuses le couvrent d’écriture
J’ai vu les dieux quitter leur tombe,
et venir s’asseoir à notre table
J’ai vu des prêtres masqués leur livrer des corps d’enfants
pour incarner leurs désirs infâmes et leur soif de vengeance
Ils prétendent défendre la vie et la Terre,
mais servent les antiques ténèbres
J’ai vu ces seigneurs vaciller de leur piédestal
Quand les prières des fidèles s’achèvent
Disparaître dans un nuage d’encens et de santal
Car les humbles de la Terre se relèvent
J’ai vu brûler une fois encore la bibliothèque d’Alexandrie,
et les flammes riaient comme des enfants ignorants
J’ai vu des croix fichées dans le sol brûlant de nos déserts,
et leurs bras grands ouverts pour de nouveaux esclaves
Et je sais que nous marcherons courbés,
sous le sourire suffisant des géants de bronze
J’ai vu les pages rescapées s’envoler comme des hirondelles
Des mots recueil lis comme des fleurs aux pétales fragiles
Des imprimeries de fortune aux encres malhabiles
Aux couvertures grossières, au papier léger comme une aile.
J’ai vu que nos machines en savaient plus que nous,
car elles ne craignaient pas d’apprendre
J’ai vu sur les murs de nos écoles en ruines une vigne folle,
pour nos ivresses envenimées par le regret
Et je sais que nos enfants ne sauront pas lire ces lignes,
ni même compter les maigres deniers de leur labeur
J’ai vu sur les murs de vieilles cartes de géographie
Aux îles englouties, aux continents disparus
Un monde amnésique redécouvert par des nouveaux venus
Des enfants qui arrachent un peu de savoir à l’oubli.
J’ai vu l’ange de la Pestilence étendre à nouveau ses ailes couleur de cendres,
et sa lame lui avait été rendue par les Princes-Marchands
J’ai vu sourire les poisons nourris du terreau de l’absence,
car plus personne ne savait recoudre nos plaies ouvertes
Et sous un air trop lourd nous attendions l’orage,
impatients d’en finir et amoureux transis des guerres à venir
J’ai vu des miraculés qui ont survécu
A la maladie au cheval vert de gris
Utiliser l’averse pour laver le sang, la lame comme bistouri
Et soigner les vainqueurs comme les vaincus
J’ai vu les mercenaires dévorer Carthage,
et ils cueillaient des fruits de sel sur des arbres en verre
J’ai vu le temps se tordre sur lui-même,
comme un serpent éventré
Et les mots restaient en nous comme une maladie honteuse,
parce que nous ne savions plus que la langue du vainqueur
J’ai vu des mots se réinventer des légendes se redécouvrir
Et les hommes boire de nouveau aux sources
L’eau du temps chasse le sel et redevient douce
Pour ceux qu’aucune défaite n’empêche de réfléchir.
Mais je n’ai rien vu après.
J’ai vu l’Ouroboros.
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