jeudi 26 avril 2012

Fabliau en langue presque morte

 (écrit avec Sandy Cazé, Vidéo prise au bar la Cantada du 26 avril 2012)


Elle était tombée d'un vieux chêne gaulois
Fragile petite fée aux ailes rompues
Je l'ai tout doucement saisie entre mes doigts
Elle était comme la vérité : toute nue

"M'entendant comme la mer dans les coquillages
Tous mes chants jadis transparaissaient dans les mots
Exprimant si bien les joies et les orages
De tous vos sentiments je me faisais l'écho"

Sa voix au timbre sourd m'était familière
Et il me revint que cette ombre aux contours libres
Avait un temps régné sur l'Europe entière
Entendu parler l'Oracle et bu l'eau du Tibre

"Je suis née et je me suis façonnée
Au gré des guerres aux caprices de l'histoire
Mais pourtant c'est par moi que vous avez chanté
Ecrit, soupiré, moi le fruit du hasard"

Alors je reconnus cette fille du temps
Mordante et fantasque comme un précoce hiver
Toute hésitante sur les lèvres des enfants
Mais audacieuse au creux d'un livre ouvert

"Je suis un ressenti fugace, mouvant
Lové au fond de vos ventres et de vos rires
Je me suis parfumée de tous vos accents
Changée pour mieux incarner vos souvenirs"

J'ai senti peu à peu la vie s'éteindre en elle
Grande sœur et fille à la fois de la pensée
Elle qui ne vit que là où l'on pense à elle
J'aurais tant préféré ne pas la voir crever

"Je me meurs peu à peu, muette et oubliée
Vous me parlez mal et vous ne m'écrivez plus
Moi qui compte plusieurs centaines d'années
Et je succombe seule au cœur d'un arbre chenu"

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