Les mots anciens me reviennent
Pourtant je ne les reconnais plus
C'est leur encre qui se fit tienne
C'est la couleur dont ils sont vêtus
Celle qui brasille dans tes yeux
Tout hésitante entre bleu et vert
Celle qui me ranime à son feu
Et me rafraîchit comme une eau claire
Que tu existes et que tu sois là
Et d'en voir la terre qui chavire
Non je n'en reviens toujours pas
Et je ne veux pas en revenir
Merci d'avoir su me rappeler
Le goût d'aimer à en perdre haleine
Que tout peut tenir en un baiser
Que la mort est encore lointaine
Et à quel point la mer est profonde
Comme cette brume inattendue
Qui me cache la laideur du monde
Et m'offre l'idée d'un ciel nu
Ce pays brûlant entre tes bras
Où le meilleur se passe du pire
Non je n'en reviens toujours pas
Et je ne veux pas en revenir
Je voudrais entrelacer nos vers
Comme nos lèvres et nos pensées
Les dire avec toi partout sur Terre
En toute langue écrite ou parlée
Nous raconterons la geste née
De ces tâtonnements incertains
Par lesquels nous nous sommes trouvés
Dans la pénombre d'un souterrain
Cette planète errante où nos pas
S'entrecroisèrent à n'en plus finir
Non je n'en reviens toujours pas
Et je ne veux pas en revenir
Ton souffle disperse aux quatre vents
Ce que je croyais inexorable
Car tu portes en tous tes mouvements
La grâce ardente d'un vent de sable
S'envolent avec quelques mots de toi
Mes angoisses aux allures de cage
Car tu tiens au creux de ta voix
La beauté d'une nuit d'orage
Cet astre inconnu où se fera
La lente moisson de nos désirs
Non je n'en reviens toujours pas
Et je ne veux pas en revenir
Je saurai toujours te retrouver
Mais oui : puisque la Terre est ronde
Laisse-moi quand même me cacher
Au creux de ta chevelure blonde
Je sais qu'il est pour nous accueillir
Tant de jours clairs et de nuits douces
Laisse-moi quand même me blottir
Au creux de ta chevelure rousse
Car ici le temps n'existe pas
Dans ce pays né de ton sourire
Dont je ne reviens toujours pas
Et dont je ne veux pas revenir
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